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Face aux vociférations de l’Iran, l’Europe doit montrer son courage
Par Pierre Besnainou, président du Congrès juif européen.
Article mis en ligne le 16 décembre 2006

« Israël va bientôt disparaître. » Telle est donc la dernière menace de Mahmoud Ahmadinejad. Il ne se passe plus un jour sans que le président iranien ne s’attaque au peuple juif, à sa mémoire, ou à son État. Il y a peu, il orchestrait un concours d’humour sur la Shoah. Chacun appréciera. À ce propos, l’humour français fait fureur au pays des mollahs qui vient de décerner le second prix de cette funeste compétition à l’un de nos concitoyens...

Rappelons simplement ce que chacun sait : le président iranien est tout sauf un marginal, il est à la tête d’une nation de 70 millions d’habitants sur le point de disposer de l’arme nucléaire. Son ambition a le mérite d’être claire : nettoyer la Terre de l’État juif, comme Hitler souhaitait nettoyer la Terre des Juifs.

Pour mener à bien cette mission, l’Iran a essaimé au Proche-Orient de nombreuses filiales où la haine le dispute à la sauvagerie. Formé à la même école que son compère persan, Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, a ainsi pu affirmer : « Si tous les Juifs se rassemblaient en Israël, cela nous épargnerait d’avoir à les chercher partout dans le monde. » (Daily Star, Beyrouth, 23 octobre 2002).

Que l’on ne nous dise pas que ces propos ne doivent pas être pris au sérieux, qu’il s’agit de provocations, que leurs auteurs sont des fous. Pas à nous. Pas sur notre Vieux Continent qui porte encore en lui les stigmates de la haine. L’Europe a connu la guerre, la tragédie et la barbarie et elle sait, aujourd’hui plus qu’hier, à quelles horreurs mènent des discours comme ceux du président iranien et de ses affidés, et avec quelle bonne conscience ceux qui prononcent de telles paroles aujourd’hui se mettront à tuer des Juifs demain. Le devoir des chefs d’État européens est de porter haut et fort cette mémoire, en faisant barrage, sans silence, sans faiblesse et sans lâcheté, à ceux qui menacent l’avenir de l’humanité. Et de dénoncer ces propos pour ce qu’ils sont : une incitation au génocide sanctionnée par la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1951 (article 3).

Il serait grand temps que le Conseil européen, qui se réunit jeudi et vendredi, dénonce dans les termes les plus forts le comportement innommable des dirigeants iraniens, et qu’il adopte les sanctions les plus vigoureuses à leur égard.

Oui, la civilisation perse a été une grande civilisation. Oui, tous les Iraniens ne soutiennent pas les errements de leur président. Et c’est justement par respect pour cette histoire prestigieuse et par solidarité avec les dissidents que la communauté internationale doit faire preuve d’une fermeté sans faille. Aussi, tant que le régime iranien maintient la même orientation, la dignité et l’honneur commandent que l’on ne discute pas avec lui. Ou qu’au moins, puisque, paraît-il, « on doit » parler avec tout le monde, on ait la décence de le faire à l’abri des caméras et avec le secret qu’exigent les missions infâmes.

Au lieu de cela, l’été dernier, le ministre français des Affaires étrangères avait jugé opportun de souligner « le rôle stabilisateur » de la République islamique d’Iran, lors d’une rencontre l’immortalisant aux côtés de son homologue iranien, Manouchehr Mottaki. Ce dernier comparait, il y a quelques jours, le sionisme au nazisme en ouverture de la conférence internationale sur l’Holocauste réunissant à Téhéran l’ensemble de la communauté négationniste. Cette initiative est effroyable, elle doit se lire à la lumière des déclarations appelant à la destruction de l’État hébreu. Le XXe siècle n’aurait donc été pour le peuple juif qu’une page blanche...

Quand décidera-t-on que le temps de la diplomatie est passé ? Jusqu’à quand l’Europe se prêtera-t-elle au jeu du régime iranien ? Ce dernier a beau piétiner la mémoire de l’humanité, proférer des discours de haine proprement inouïs, narguer la communauté internationale, il ne suscite que de vagues condamnations de principe. La résignation paraît donc l’avoir emporté sur l’indignation. On connaît la suite : la résignation mène à l’indifférence, et l’indifférence à la passivité. Voilà pourquoi, dans le cas présent, la résignation est impossible et l’indifférence coupable : coupable à l’endroit d’Israël et du peuple juif, coupable pour la stabilité régionale et la paix mondiale, coupable, enfin, à l’égard des générations futures.

Fermons les yeux l’espace d’un instant et plaçons-nous en 1938 à la veille de la tragédie. Supposons que nous connaissions les événements tragiques qui allaient se dérouler dans le monde, quelle énergie et quels efforts n’aurions-nous pas déployés pour les éviter ?

À présent, il est temps d’ouvrir les yeux.



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