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Beaucoup de bruit pour rien
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 30 juillet 2007

Une initiative de la ministre israélienne de l’éducation, Yuli Tamir, provoque, à nouveau, des remous dans l’opinion publique israélienne, à tel point que le rédacteur en chef de Guysen Israël News a cru devoir lui consacrer son éditorial cette semaine, comme cela a été relevé, ici même, il y a quelques jours.

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Or, de notre point de vue, cette initiative ne prête pas plus à conséquence que celle qu’elle avait prise, à la fin de l’année dernière, en décidant de faire figurer dans tous les nouveaux ouvrages de géographie la « Ligne verte » de 1967.

En effet, comme nous l’avions fait remarquer, à l’époque, (www.desinfos.com/impression.php?id_article=6122), il n’y a aucune raison d’occulter un fait historique, en l’espèce, qu’à l’époque des armistices de 1949, au lendemain de la guerre d’indépendance, une ligne de cessez-le-feu avait été établie à l’est d’Israël.

Il y a lieu, toutefois, de bien prendre garde de restituer à cette Ligne sa vraie signification juridique, à savoir une ligne de séparation des forces armées en présence et, en aucun cas, de la considérer comme une frontière, ce qui suppose que telle eut été la volonté des négociateurs, ce qui, comme nous l’avons, à maintes fois rappelé, ici même, n’a jamais été le cas.

Or, de quoi, s’agit-il aujourd’hui ?

Yuli Tamir veut, selon la formule de Guy Senbel, « approuver la publication d’ouvrages scolaires en arabe qui feront désormais référence à la guerre d’indépendance de 1948 par l’expression palestinienne controversée de Naqba , qui signifie catastrophe ».

Là encore, il y a lieu de distinguer une « information » et sa présentation.

L’information c’est d’admettre - qu’à tort ou à raison - pour les Palestiniens, la création de l’Etat d’Israël a été une catastrophe, de la même façon, toutes choses égales par ailleurs, que les Allemands ont considéré, ainsi, le traité de paix de Versailles.

On peut difficilement imaginer que dans l’esprit de la ministre israélienne, la création de l’Etat d’Israël a, effectivement, été le résultat de la catastrophe, telle que l’ont ressentie, à l’époque, les habitants arabes de la Palestine.

S’il est vrai que, parfois, les hommes (et les femmes) politiques peuvent avoir des idées pour le moins farfelues, ce n’est certainement pas ce que ressent - du moins on l’espère - Yuli Tamir.

Il ne reste plus qu’à considérer que la ministre israélienne estime simplement qu’une présentation complète de l’histoire des Palestiniens doit conduire à faire place aux sentiments qui ont pu animer - à tort plus qu’à raison - la création de l’Etat d’Israël.

Nous pensons que, de la même façon, les manuels d’histoire allemands ne présentent pas le traité de Versailles comme une victoire du peuple allemand.

Le seul fait d’évoquer, dans des manuels à l’intention des jeunes Palestiniens, sous le terme de Naqba la perception qu’ont eue et ont, encore, les Palestiniens de l’événement que constitua la création de l’Etat d’Israël ne nous paraît, contrairement à ce que pense pouvoir écrire le rédacteur en chef de Guysen Israël News , « reconnaître qu’il est légitime de parler de catastrophe pour qualifier la naissance d’Israël ».

Et, à la différence du comportement de certains politiciens, voire intellectuels israéliens, nous ne pensons, donc, pas que la ministre israélienne puisse se voir accusée de « haine de soi ».

Autrement plus inquiétante nous paraît être l’attitude de certains députés arabes à la Knesset, tels Ahmed Tibi qui, toujours, selon Guysen Israël News, aurait déclaré que la ’’Palestine appartient à ses habitants arabes originels et non aux occupants juifs venus du monde entier avant de détruire les villages arabes et d’en chasser leurs habitants’’.

La déclaration du député arabe se situe, certes, dans le prolongement de l’initiative du ministre de l’éducation israélienne, puisqu’il estime qu’il faut enseigner la Naqba dans les écoles israéliennes ’’ pour que les élèves juifs sachent comment l’Etat a été créé’’ (souligné par nous).

Toutefois, nous noterons, au passage, qu’on ne voit pas pourquoi les élèves juifs auraient besoin d’étudier dans des ouvrages scolaires en arabe.

Mais, nous sommes effectivement scandalisés que, dans un article du journal Al Qods publié à l’est de Jérusalem, M. Tibi ait pu ajouter qu’Israël est devenu ’’une pépinière de racisme’’ et que ’’les racistes et les fumiers sont entrés à la Knesset et au gouvernement’’.

Tout en étant parfaitement au fait de la liberté d’expression dont doivent pouvoir bénéficier les parlementaires israéliens, comme tous les parlementaires dans un Etat démocratique, il nous paraît évident que de telles déclarations, qui constituent une incitation à la haine raciale, devraient faire l’objet de sanctions disciplinaires, voire de poursuites pénales.

Cette déclaration d’un parlementaire arabe témoigne, incontestablement, d’un état d’esprit inquiétant et c’est ce type de réaction qu’il faut stigmatiser et non l’effort louable d’un ministre de l’éducation, qui ne veut pas occulter un courant d’opinion qui, rappelons-le, ne doit pas nécessairement conduire à la délégitimation de l’Etat d’Israël.

Certes, les nazis ont considéré que le diktat du traité de Versailles justifiait une soif de revanche, mais après la seconde guerre mondiale, les Allemands ont parfaitement compris que la défaite de 14-18, confirmée, en quelque sorte, par celle de 39-45, devait les conduire à envisager, différemment, les rapports de l’Allemagne avec le reste du monde.

Aussi, pensons-nous que l’évocation de la Naqba , qui correspond à une perception réelle (même si elle est contestable) dans le monde arabe, devrait aller de pair avec l’accent à mettre sur la grave erreur politique commise par le monde arabe, qui a refusé, à l’époque, la création d’un Etat arabe, tel qu’il était proposé par les Nations Unies, parallèlement à la création d’un Etat juif.



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