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Affaire Al-Durra : il n’est pas trop tard pour savoir
Richard Prasquier, Président du CRIF
Article mis en ligne le 11 avril 2008

Le président du CRIF, Richard Prasquier, publie cette semaine dans Actualité juive, une réflexion autour de l’affaire du petit Mohammed Al-Durra. Nous publions ci-dessous l’intégralité de son article. « C’était à Gaza au carrefour de Netzarim, le 30 septembre 2000, dans les premiers jours de l’Intifada...

Je me souviens des images terribles de cet enfant et de son père essayant de se protéger contre les balles, derrière l’abri d’un baril dérisoire. Puis à la suite d’une dernière rafale on nous montre l’enfant mort et le père gravement blessé.....
Je me souviens de mes sentiments mêlés d’incrédulité, de honte, d’effroi et de rage à l’idée que des soldats israéliens avaient pu faire « ça », comme l’annonçait péremptoirement le commentaire de cette séquence télévisée.

Je me souviens de l’explosion d’indignation et de haine qui a suivi ces images, distribuées dans le monde entier, reprises sans fin sur des affiches, des tracts et des timbres, installant dans le subconscient du public l’image de l’Israélien tueur d’enfants, justifiant a priori toutes les vengeances et toutes les horreurs. Ces images incrustées en arrière fond lors de l’assassinat de Daniel Pearl ou des clips de propagande de Ben Laden...

Aujourd’hui, je veux comprendre....Comment se fait-il que des blessures aussi nombreuses et aussi graves, sur le père et sur l’enfant, ne laissent pas de trace de sang visible sur les corps, sur le mur ou sur le sol ? Et que la seule tache rouge soit celle d’un chiffon déplacé par l’enfant sur son abdomen ? Comment se fait-il que l’enfant supposé mort bouge son bras dans un mouvement qui n’est pas un spasme d’agonie ?

Comment se fait-il que des tirs à l’arme automatique pendant 45 mn (témoignage du caméraman palestinien), ne laissent sur le mur que 7 ou 8 impacts de balles quand on s’attendrait à en trouver des centaines ? Comment se fait-il que ces impacts soient circulaires alors que les tirs israéliens, du fait de la localisation très oblique (35°) du fortin israélien par rapport au mur auraient dû provoquer des impacts elliptiques à grand axe horizontal ? Comment se fait-il que des balles soient tirées vers le mur, non situé entre les positions israélienne et palestinienne, qu’il ne peut donc pas y avoir de balle perdue dans cette direction, alors que la position palestinienne se trouve, elle, en face de l’adulte et de l’enfant ?

Autrement dit, puisque les balles ont été tirées de face, elles ne peuvent provenir que du côté palestinien, et comme on ne peut pas imaginer que les Palestiniens tiraient vers le mur pour tuer, la seule possibilité est celle d’une mise en scène...

C’est l’opinion que défend Philipe Karsenty contre un barrage de silence et de mépris d’une efficacité redoutable. J’ai été réticent à l’écouter. Plus que d’autres, du fait de mes années d’implication personnelle sur la Shoah, je me méfie d’une explication « conspirationniste » : les Juifs en furent d’ailleurs si souvent les victimes !

Mais les questions sont là et les réponses ne viennent pas...Alors je veux dire ici qu’il n’est que temps de faire analyser les documents par une commission neutre d’experts, de spécialistes en balistique, en médecine légale, en traumatologie et de spécialistes en images. Cette commission doit être française car France 2 est une chaîne publique française.

Il ne s’agit pas d’interférer avec un procès actuellement en cours. Ce procès, dont le jugement est attendu au mois de mai porte sur la qualification de diffamation vis-à-vis de propos portés par Philippe Karsenty contre la directrice de l’information, Arlette Chabot, et le correspondant Charles Enderlin. Quelle qu’en soit l’issue, elle ne mettra pas un point final à la polémique sur l’événement du carrefour de Netzarim. Or c’est bien celle-ci qui a vraiment de l’importance. L’affaire dépasse largement ses protagonistes.

Ne me dites pas qu’il s’agit de l’histoire ancienne qui n’intéresse plus personne. Nous savons tous l’influence de ces images, les vocations de terroristes qu’elles ont facilitées.

La plupart de ceux qui critiquent Philippe Karsenty, n’ont pas voulu analyser les documents qu’il a rassemblés. Ils ont -ou, pour certains, ils avaient- leur opinion a priori. Certains utilisent des arguments « ad hominem » ; ils lui font dire des choses qu’il n’a pas dites. Oui, il y a eu un enfant tué à Gaza ce jour-là ; on en a montré les images ; la question est de savoir si c’est bien l’enfant qui est représenté sur le film de France 2 ou non.

On n’a pas le droit sur des documents d’une telle gravité de dire, comme cela a été fait qu’ils représentent la « vérité du contexte ». Le journaliste n’est pas supposé présenter de la fiction, ni même de la docu-fiction lorsqu’il montre une bande d’actualités. Il y a une vérité des faits, alors que dans le conflit du Proche Orient, plus qu’ailleurs, les mises en scène sont fréquentes. Le public en est trop souvent la dupe. Si l’information mène le monde, cette information doit être indiscutable. Il nous faut la vérité sur l’Affaire Al-Durra ! »



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