La stratégie envers les Palestiniens est une dérision des modèles du Président pour la démocratie et le terrorisme.
Dans toute descente dans la folie, il y a un point de basculement. Avant que cela n'arrive, il existe une chance d'en inverser le cours et de prévenir le désastre ; Mais après que le moment crucial est arrivé, l'échec est inévitable, et la seule question est seulement de savoir comment les choses vont vraiment mal tourner.
Non, je ne parle pas de la politique en Irak de l'administration Bush, de ses efforts de rétablissement après l'ouragan ou des retombées du dossier de fuite de Valérie Plame. Plutôt, la faute vraiment grave que Washington s'apprête à commettre en est une qui n'a pas produit de scandale dans la presse, ni de préoccupations dans les résultats des sondages en baisse.
Ironie du sort, c'était lors des réunions de Bush avec le président de l'Autorité Palestinienne la semaine dernière - un événement qui apporta un répit de la part de la mauvaise presse - que la plus grosse bourde de l ‘administration est arrivée ce mois-ci : Bush a donné le feu vert à Abbas pour permettre aux terroristes du Hamas de garder leurs armes et de se présenter aux prochaines élections palestiniennes de janvier.
Non seulement cela contredit le propre défi de Bush au monde qui doit choisir entre le terrorisme et la démocratie ; cela fait aussi mentir la position de l'administration sur ce qui est acceptable dans ses efforts pour établir un gouvernement en Irak.
TERRORISME ET POLITIQUE NE SE MELANGENT PAS
Certains défenseurs de l'administration proclameront qu'exclure le Hamas ou tout autre mouvement islamiste saperait la démocratie.
Mais rien ne peut être plus éloigné de la vérité. Un parti politique dans une démocratie n'a pas besoin d'une armée, pas même d'une branche terroriste.
Exclure des gangs terroristes du statut de réels partis démocratiques est du simple bon sens. Comment, devons-nous demander à Bush, une élection peut-elle être considérée équitable quand les partis qui s'affrontent peuvent intimider les électeurs et les média à volonté ?
Bien sûr, serait-il juste d'exclure le Hamas en incluant le Fatah, qui a sa propre « branche armée » - les brigades des martyrs d'al Aqsa - qui ont assassiné 3 adolescents israéliens de sang froid le jour précédent la réunion à Washington.
Mais poser seulement ces questions, c'est réfléchir aux questions que l'administration ne veut pas voir en face. L'approche de l'équipe Bush du conflit israélo-arabe s'est réduite à une simple prière que Mahmoud Abbas pourrait de quelque façon transformer la politique et la culture palestiniennes depuis celles du terrorisme et de la guerre en celle de la paix.
Il n'est pas nécessaire de dire qu'ils rêvent tout bonnement.
Mais plutôt que de simplement gratter au sang l'administration et ses majorettes dans la presse sur le sujet (souvent le même groupe qui hurle pour la tête de Bush sur tous les autres sujets), il serait plus utile de demander pourquoi ils font cela, et qu'est-ce qu'on pourrait faire pour rectifier la situation.
Qu'est-ce qui a fait d'Abbas l'homme de Bush à Ramallah ?
Une partie de la réponse repose sur le fait qu'avec la guerre en Irak toujours dans la balance, le besoin de calmer le conflit entre Israël et les Palestiniens a masqué à l'administration la capacité de distinguer entre la fiction et la réalité au sujet d'Abbas. L'équipe de Bush a apparemment conclu qu'elle doit appuyer Abbas quoi qu'il fasse - ou ne fasse pas - pour préserver une chance de paix. Puisqu'ils voient le choix se situer entre Abbas et l'abîme, ils choisissent le premier.
Au crédit de Bush, il faut admettre que le gouvernement israélien en est arrivé dangereusement à la même position à certains moments. Puisqu'il perçoit qu'il doit avoir quelqu'un de l'autre côté avec qui parler, même si la paix est impossible, la conclusion a été : mieux vaut Abbas que tout autre.
Mais ici aux Etats-Unis, cette approche de la ‘real politik' a été transformée en une véritable section d'acclamations pour Abbas parmi l'élite de la politique étrangère. On comprend que ceux dont les carrières ont été coulées par la croyance dans le désastre d'Oslo diraient cela ; mais au nom du ciel, que font la Secrétaire d'Etat Condoleezza Rice et son patron, qui sont présumés préservés de l'infection d'Oslo ?
La réponse est qu'ils sont lentement aspirés dans le même modèle qui a caractérisé la politique américaine pendant l'ère d'Oslo. L'administration Clinton était aussi convaincue qu'il fallait préserver Yasser Arafat comme partenaire de paix, qu'ils préféraient plutôt que de se tromper eux-mêmes et d'autres, de façon à éviter d'affronter la vérité à son sujet. La même chose se produit maintenant avec Abbas, dont l'entretien avec Bush la semaine dernière avait toutes les marques de l'idéalisation sans fin d'Arafat par Clinton.
Il est vrai, Abbas tient son rôle comme prétendu artisan de la paix beaucoup mieux que son précédent chef. Il s'habille convenablement, et adopte le ton juste de conciliation quand il est appelé à le faire.
Mais quand il utilise sa photo dans le Jardin Rose comme opération pour pousser à la libération des terroristes ayant du sang sur les mains - qu'il a eu la chutzpah [insolence en yiddish, ndt] d'appeler les prisonniers de la liberté - il est clair que c'est encore les chefs du terrorisme qui commandent les tirs, et pas de prétendus démocrates.
Abbas est après tout, un bureaucrate vétéran du terrorisme palestinien. Ce ne serait pas crucial s'il avait vraiment changé sa position - et celle de son gouvernement - mais il ne l'a pas fait.
Peu importe combien d'argent américain et européen il obtient (et n'avons-nous pas déjà vu ce film vu avant ?), Abbas ne peut pas plus demander au Hamas de cesser de tuer des Juifs qu'il ne pourrait demander à ses propres partisans de le faire. Pas plus qu'il ne peut mettre fin à l'incitation à la violence et à la haine d'Israël qui est la routine au sein des média palestiniens, sans saper sa propre légitimité.
Tant que ça pour les vertus de ”modération”.
L'administration Bush a raison de dire que la démocratie doit s'appliquer à tous, y compris aux Arabes. Mais si la politique palestinienne est prêchée sur le terrorisme, alors nous devons demander quelle valeur a la compétition démocratique entre des groupes armés.
Et c'est la boite dans laquelle l'administration de plus en plus infortunée va se trouver en elle-même.
Ayant endurci Ariel Sharon contre le Hamas, et signalé à Abbas qu'il n'est pas sous pression pour désarmer, Bush se dirige vers un épisode où il sera obligé de faire un choix désespéré entre deux alternatives inacceptables : lorsque l'électorat palestinien se sera prononcé, Bush devra reconnaître un gouvernement de coalition Fatah - Hamas, et ainsi faire mentir sa stratégie anti-terrorisme. Ou bien il peut déclarer au Palestiniens qu'à ce stade, les relations avec les terroristes sont impossibles et sapent son projet de démocratie au Moyen-Orient par ailleurs exemplaire.
PAYER POUR LA FOLIE
Dans les deux cas, la scène sera en place pour une intifada renouvelée, à la date où les Palestiniens décideront que la violence leur rapportera encore davantage que de parler. On peut espérer que Bush réagira convenablement et soutiendra de nouveau Israël., mais alors il sera trop tard pour prévenir le dommage. Israël paiera cette folie au prix du sang. Les Etats Unis paieront en crédibilité entamée qui affectera l'effort de guerre en Irak.
Bush aurait pu mettre cela sur la table avec Abbas au sujet du Hamas et de ses propres tueurs. Mais croire que ce Palestinien en particulier est indispensable semble avoir surmonté tout sens du danger.
Le point de basculement approche vite. Mais il semble que peu de membres de l'administration réalisent qu'avec Abbas, ils ont déjà conclu un marché avec le diable.
Contributeur à la JWR, Jonathan Tobin est rédacteur en chef au Philadelphia Jewish Exponent