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A propos du désarroi des Palestiniens
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 31 mai 2007

Dans le numéro daté du 31 mai, Le Monde publie une étude de son ancien correspondant permanent en Israël, Gilles Paris, sur « Le désarroi des Palestiniens ». Si nous comprenons parfaitement et - admettons - le titre, en revanche, le contenu de cet article est plus que contestable, ce qui ne surprendra pas ceux qui se souviennent des analyses peu objectives que ce journaliste publia du temps où il était en poste à Jérusalem.

Pour en revenir à ce dernier texte, on ne partagera guère que la formule selon laquelle, en assurant la victoire électorale du Hamas, en 2006, le peuple palestinien manifesta un « ressentiment vis-à -vis de la très improprement dénommée Autorité palestinienne » (souligné par nous).

Pour notre part, nous ne manquons jamais d’accoler l’adverbe « sic », entre parenthèses, toutes les fois que nous citons cette institution afin - pour reprendre la définition du Petit Robert, de « souligner qu’on cite textuellement, si étranges que paraissent les termes (ou pour attirer l’attention sur cette étrangeté ».

Mais à part cela - et on n’en sera pas surpris - Gilles Paris « Ã©crit la chanson et la chante ».

Le journaliste affirme, dès les premières lignes de son article, que la « guerre civile larvée » entre le Fatah et le Hamas serait le « produit paradoxal » de la deuxième Intifada et de l’échec du mouvement national organisé par Yasser Arafat, incapable de parvenir à son « objectif de création négociée d’un Etat palestinien ».

Indépendamment du fait qu’on est en droit de douter, à en juger par de nombreuses déclarations faites par le leader palestinien, au lendemain des accords d’Oslo, sur ses intentions véritables de faire la paix avec Israël, nous ne voyons, en tout cas, aucun rapport entre la situation actuelle et la seconde Intifada.

Il est vrai que dans son souci de « réécrire » l’histoire, Gilles Paris n’hésite pas à situer les « ressorts profonds » du soulèvement de 2000 « tout autant dans une politique israélienne de plus en plus coercitive (les bouclages) et de plus en plus dévoreuse de terres (l’extension des colonies) que dans des institutions palestiniennes jugées corrompues, inefficaces et impuissantes ».

Si cette dernière constatation est bien le reflet de la réalité, il n’en demeure pas moins que l’on ne voit pas en quoi elle a pu servir de ressort à la seconde Intifada, lorsque l’on sait que celle-ci a été encouragée, pour ne pas dire préparée par Yasser Arafat.

Pas davantage, on ne peut rattacher ce soulèvement à la politique israélienne, alors qu’il est établi, par de nombreuses déclarations faites, en ce sens, du côté palestinien que ce qui constitua le ferment de ce soulèvement ce fut le retrait israélien du Liban, considéré comme une victoire sur Israël.

Considérant que les attaques menées par le Hezbollah avaient conduit au retrait des troupes israéliennes - alors qu’en réalité Israël ne pouvait, en territoire étranger, mener une guerre totale contre l’ennemi terroriste, camouflé parmi les civils libanais - les Palestiniens en vinrent à imaginer que des attaques de plus en plus nombreuses et meurtrières menées contre les Israéliens conduiraient au retrait des troupes israéliennes des Territoires.

Pour le journaliste du Monde , l’affrontement entre les deux factions palestiniennes était « Ã©crit ».

Rien n’est moins sûr si ce n’est que l’on peut toujours trouver plus extrémiste.

Et Gilles Paris d’ajouter que cet affrontement était « même souhaité par les Etats-Unis et Israël, qui veulent l’écrasement pourtant improbable, des islamistes.

Il est évident qu’Israël - et pratiquement son seul allié, les Etats-Unis - considèrent le Fatah (à condition de pouvoir dissocier la branche politique de sa branche armée - pour ne pas dire terroriste - des « Brigades des martyrs d’Al Aqsa », comme un moindre mal par rapport au Hamas, et sa branche armée des « Brigades Ezzedine al-Qassam ».

Mais échaudé par plusieurs expériences précédentes où des armes qu’Israël a laissé parvenir à l’Autorité (sic) palestinienne ont été retournées contre des militaires israéliens (on a vu à de nombreuses reprises des « policiers » palestiniens faire le coup de feu avec des « civils », qualifiés, complaisamment, de « militants » ou d’activistes »).

Bien évidemment, Gilles Paris reproche à Ariel Sharon son unilatéralisme, alors qu’on ne répètera jamais assez qu’aucune négociation n’était nécessaire pour qu’Israël décide, souverainement, d’évacuer ses ressortissants civils et militaires d’espaces ne relevant pas de son territoire.

De même, il est mal venu de reprocher les « errements des Etats-Unis et de l’Union européenne, prompts par exemple à affaiblir la fonction présidentielle occupée par un Yasser Arafat tombé en disgrâce ».

Que vouliez qu’ils fissent ?

Continuer à voir les impôts versés par les citoyens européens remplir les caisses d’Arafat lui-même et de ses acolytes ?

Il nous paraît particulièrement malséant de parler de « bricolages financiers » mis en place par les Européens pour contourner les islamistes, alors que dans le souci, légitime d’aider le peuple palestinien, les Européens cherchent à éviter que les subventions européennes soient détournées de leur finalité humanitaire.

On ne fera croire à personne que le premier souci du gouvernement palestinien - toujours dirigé par un représentant du Hamas - serait d’assurer les besoins élémentaires de la population, plutôt que de chercher à se procurer des armes, pouvant servir à la fois contre les rivaux du Fatah et contre l’ennemi israélien.

La place nous manque pour démonter, pièce par pièce, l’acte d’accusation contre Israël et le plaidoyer pro-Hamas que développe Gilles Paris..

Nous nous contenterons de souligner la naïveté (sic) du journaliste lorsque pour illustrer ce que nous appellerons les « bonnes manières » du Hamas, il relève « l’entrée des islamistes dans les institutions héritées des accords honnis d’Oslo, leur participation à un gouvernement d’union avec le Fatah et enfin leur acceptation de l’initiative de la Ligue arabe... ».

De quelles institutions s’agit-il ?

La participation effective de principe du Hamas à un gouvernement d’union bute toujours sur l’acceptation des trois conditions posées par le Quatuor (renonciation à la violence, reconnaissance d’Israël et respect des accords déjà conclus ».

Quant à l’acceptation de l’initiative de la Ligue arabe, nous avons déjà indiqué, ici-même, à plusieurs reprises, qu’il ne s’agit que d’une tentative de donner vie à un mort-né, dès lors que l’une des conditions essentielles de ce plan réside dans l’acceptation du droit de retour « physique » des réfugiés.

En tout état de cause, même s’il est vrai que le Hamas serait prêt à accepter l’ouverture de négociations ce ne serait que pour différer et non pour renoncer à la destruction d’Israël.

Jusqu’à présent, au mieux, les dirigeants du Hamas n’ont accepté que l’idée d’une trêve de longue durée (sic).

Et pour terminer nous ne pouvons nous empêcher de relever une dernière contre-vérité assénée par Gilles Paris, qui constate que « quarante ans après la défaite arabe de 1967, qui avait permis, au contraire, aux Palestiniens de prendre en main pour la première fois leur destin, ce dernier leur échappe ».

En réalité, c’est Yasser Arafat qui a tenté de confisquer à son seul profit (et au profit des siens) l’avenir qui s’ouvrait au peuple palestinien.

Qui a dit que « les Français ont la mémoire courte » ?



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