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L’Egypte et la Jordanie craignent un effondrement de l’Autorite palestinienne
par Marc Perelman - The Forward
Article mis en ligne le 8 février 2004

http://www.forward.com/
Traduction CID

Les pays arabes modérés sont de plus en plus inquiêts d’un possible effondre-ment de l’Autorité palestinienne, selon des diplomates et des observateurs. Des pays tels que l’Egypte et la Jordanie s’inquiètent ouvertement de ce que l’agonie de l’Autorité Palestinienne, combinée à un désengagement américain tangible pendant cette année électorale et à des préparatifs du gouvernement israélien de mesures unilatérales dans les territoires, puissent ouvrir la voie à une prise du pouvoir par le Hamas.

« L’Autorité Palestinienne a atteint un niveau de délabrement sans précédent »,dit Edward Abbington, lobbyiste de l’Autorité Palestinienne à Washington. « Ils sont proches de l’effondrement et les Etats arabes comme l’Egypte et la Jordanie sont inquiêts des conséquences à long terme, en particulier de la montée du Hamas... Ils sont frustrés de l’inaction de l’Autorité Palestinienne ».

Cette idée commence à préoccuper aussi les Palestiniens.

Le général Aharon Zeevi Farkash,chef des renseignements militaires israéliens, a rapporté au conseil des ministres cette semaine qu’Arafat se rendait compte que la situation actuelle affaiblissait son parti du Fatah au profit du Hamas.

Pour réaffirmer son autorité, affirme Zeevi, Arafat a récemment donné l’ordre
aux officiers de police de l’Autorité Palestinienne de retourner dans les rues des villes palestiniennes. Mais cette action a été immédiatement hypothéquée par le fait que l’auteur de l’attentat suicide qui a tué 11 civils dans un bus de Jérusalem la semaine dernière était un policier de l’Autorité Palestinienne de Bethléèm.

De plus, des officiels palestiniens ont exprimé leur amertume qu’Israel ait accepté de libérer des prisonniers palestiniens dans le cadre d’un accord avec le Hezbollah, après l’avoir refusé il y a quelques mois au Premier ministre palestinien d’alors, Abou Mazen, qui l’avait reclamé. Un observateur affirme que cela a été perçu par la rue palestinienne comme un coup porté à lAutorité Palestinienne.

Plusieurs intellectuels et conseillers politiques palestiniens ont récemment
publié des articles blamant l’Autorité Palestinienne pour son apathie.

Dans un article paru dans le journal londonnien de langue arabe Al-Sharq al-Awsat, un ancien conseiller d’Arafat, Imad Shakur, s’en est violemment pris au président de l’Autorité Palestinienne pour son manque de leadership et a exigé que ce dernier prennent des mesures immédiates et radicales pour rétablir la loi et l’ordre dans les territoires palestiniens.

Ces dernières semaines, Arafat a été sommé par des officiels égyptiens de lutter contre l’anarchie rampante qui règne dans les territoires. En effet ces dernières semaines,le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Maher et le chef des renseignements égyptiens Omar Suleiman se sont rendus plusieurs fois à Ramallah et à Jérusalem, et ont sermonné Arafat qui, d’apres eux, n’af-firme pas assez son autorité, selon ce que rapporte Alex Fishman, spécialiste des problèmes de sécurité au journal israélien Yediot Aharonot.

Le Caire a parrainé et accueilli pendant plusieurs mois des pourparlers inter-palestiniens, dans l’espoir de parvenir à un cessez-le-feu, sans grand succès.

La Jordanie craint particulièrement qu’un effondrement de l’Autorité Palestinienne et que la construction de la clôture de sécurité ne provoque un exode massif de Palestiniens vers le Royaume Hashémite. Ces craintes expliquent pourquoi Amman a été aux avant-postes de la bataille juridique pour porter le problème de la clôture devant la Cour Internationale de Justice de La Haye, provoquant ainsi la colère d’Ariel Sharon.

Amman pousse également les Etats arabes a rénouveller leur engagement pour l’initiative saoudienne, vieille de deux ans, à l’occasion d’une prochaine réunion de la Ligue arabe en Tunisie. Ce plan appelle à une reconnaissance complète d’Israel de la part du monde arabe en échange d’un retrait israélien complet des territoires occupés.

Il est question d’y introduire certaines modifications de vocabulaire afin de susciter une réaction plus positive de la part de Jérusalem, sur le problème des réfugiés, sur les garanties de sécurité ou sur une condamnation claire des attentats suicides.

Un diplomate occidental affirme qu’il y a eu des discussions entre des Etats clés européens et arabes en vue de trouver un moyen de s’assurer qu’il y aura un interlocuteur crédible du côté palestinien.

Des observateurs affirment que les signes clairs d’un déclin de l’engagement arabes pour l’Autorité Palestinienne sont perceptibles dans la diminution des promesses financières

« Il y a cette impression d’une absence d’autorité », révèle un officiel des Nations Unies.« Les financements internationaux de l’Autorité Palestinienne se reduisent comme peau de chagrin, et cela pourrait signifier la fin de l’Autorité Palestinienne ».

Par exemple, les Etats arabes ont montré une réticence croissante à répondre aux appels de fonds d’urgence émanant de l’agence des Nations Unies en charge des réfugiés palestiniens.

Le Premier ministre palestinien, Abou Ala, semble d’ailleurs préparer une tournée de récolte de fonds en Europe, selon un observateur.

Des colombes expriment leur inquiétude de ce possible démantèlement de l’Autorité Palestinienne.

« Après trois ans et demi d’intifada, la capacité de l’Autorité Palestinienne à gouverner est extrê-mement limitée », dit Lewis Roth, vice-president d’Americans for Peace Now, qui cite comme principaux facteurs les opérations israéliennes et les constantes dénonciations de l’Autorité Palestinienne, la lassitude des bailleurs de fonds et l’incompétence traditionnelle de l’Autorité Palestinienne.

Les officiels israéliens rejettent l’idée qu’ils seraient les principaux responsables du declin de l’Autorité Palestinienne, affirmant qu’Arafat avait commis une erreur stratégique en ne rejettant pas le terrorisme et en sappant les efforts de réforme de l’Autorité Palestinienne.

Lewis Roth affirme que la situation redevient celle qui prévalait avant Oslo, quand il n’existait aucune « adresse centrale palestinienne, et quand les arrangements de sécurité se prenaient directement à un niveau local ».

Un officiel israélien reconnaît l’existence d’une vacance du pouvoir, et la possibilité que ce vide soit rempli par le Hamas.

« Pas besoin d’être un génie politique pour comprendre que, lorsque l’institution centrale au pouvoir décide de ne plus gouverner, il y aura quelqu’un d’autre pour remplir ce vide », dit cet officiel, en ajoutant que les Palestiniens ont atteint une situation où le Hamas constitue aujourd’hui une « menace directe contre l’Autorité Palestinienne ».

Cet officiel confirme les craintes jordaniennes de voir émerger un Etat palestinien profondément instable, qui mettrait en danger ses deux voisins.

« Le problème, évidemment, va au-delà du fait que la Palestine émergeante donne tous les signes d’un Etat en faillite, qui ferait ressembler ce voisin plus à la Somalie qu’à la Jordanie, »déclare-t-il. « Et ce serait pire que la Somalie, à cause de l’instabilité perpétuelle inhérente à la région - à savoir, le combat interminable pour les frontières définitives de l’ancien Mandat britannique ».



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