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Le Palestinien Barghouti récuse encore la justice israélienne
Article mis en ligne le 30 septembre 2003

Le dirigeant palestinien Marwan Barghouti a de nouveau récusé la justice israélienne en prononçant lundi son propre plaidoyer devant la cour criminelle civile qui le juge depuis avril pour avoir fomenté des attentats qui ont tué 26 Israéliens.

Le très populaire chef du Fatah de Yasser Arafat dans la Rive Occidentale, qui est âgé de 43 ans, est détenu par Israël, qui l’a capturé en avril 2002 à Ramallah, comme le chef d’orchestre clandestin des Brigades des martyrs d’Al Aksa, ce qu’il nie, tout en affirmant le droit de celles-ci à la résistance.

« Je suis contre le meurtre d’innocents. Mais nous devons combattre l’occupation dans les territoires. Nous voulons un Etat (...) Je suis fier de la résistance à l’occupation israélienne. Mourir est mieux que vivre sous occupation. »

Issues au début de la seconde intifada de la base du Fatah, les Brigades des martyrs d’Al Aksa ont d’abord ciblé leurs attaques contre les militaires et israéliens dans les territoires occupés avant de se convertir aux attentats-suicide lorsque leurs dirigeants ont été visés par Tsahal.

« L’intifada a été une réaction claire à l’occupation et aux implantations ainsi que l’expression de la frustration du peuple palestinien devant la non-application des accords d’Oslo », a déclaré Barghouti à la cour, dans un hébreu presque courant appris lors d’un précédent séjour dans les prisons israéliennes durant la première intifada.

Barghouti, qui a refusé d’être défendu par des avocats, a récusé de nouveau la justice israélienne, qu’il n’estime pas habilitée à le juger en tant qu’élu palestinien sous occupation. « La cour est l’auxiliaire de l’occupation israélienne et il ne peut y avoir de justice de la part du système judiciaire à l’égard du peuple palestinien », a-t-il affirmé.

L’avocat commis d’office par la cour, Me Ronit Robinson, a approuvé sa ligne de défense. « Je pense que l’acte d’accusation est vide et qu’il a eu raison de le récuser », a-t-elle confié aux journalistes.

Mais, reflétant l’opinion de nombreux Israéliens furieux que le prévenu ait utilisé la cour comme une tribune politique, le procureur, Devorah Chen, a déclaré : « M. Barghouti fait une erreur en ne se défendant pas des charges retenues contre lui. »

Lors de son intervention d’une heure, Barghouti, qui s’est laissé pousser la barbe en prison, s’est tourné à plusieurs reprises vers la caméra filmant l’audience à l’intention des journalistes regroupés dans une salle voisine de celle du tribunal.

Le dirigeant palestinien, qui est presque aussi populaire que Yasser Arafat auprès de ses compatriotes, s’est déclaré confiant que la seconde intifada fera comprendre à Israël que « le peuple palestinien ne peut être mis au pas par la force ».

« Nous sommes un peuple comme tous les autres peuples. Nous voulons la liberté et un Etat, tout comme les Israéliens. Israël doit choisir : ou bien il laisse un Etat s’ériger à côté de lui, où il se transforme en Etat pour deux peuples », a encore déclaré Barghouti.

« Nous ne sommes ni historiens, ni représentants du gouvernement », l’a coupé la présidente, Sarah Sirotta, au milieu de son discours politique d’une heure. « Si cela dépendait de nous, nous émettrions une injonction en faveur de la paix. »

La prenant au mot, Barghouti lui a répliqué, avec un sourire, et sous les acclamations des observateurs du Parlement européen présents dans la galerie du public : « Pourquoi ne vous levez-vous pas simplement en déclarant : »Je suis contre l’occupation ?"

Le verdict n’est pas attendu avant le 10 novembre. Barghouti encourt une peine de réclusion à perpétuité. Mais il aura droit de faire appel.

Au début du mois de septembre, un ancien chef du Mossad, Ephraïm Halevy, s’est déclaré favorable à l’élargissement de Barghouti afin que, dans l’intérêt d’Israël, il puisse faire partie d’une nouvelle direction palestinienne « pragmatique ».

Sa libération a d’ailleurs été présentée il y a une semaine par une source haut placée au sein des services de sécurité comme « fort possible » dans le cadre d’un vaste échange de prisonniers en cours de finalisation entre Israël et le Hezbollah libanais.

Mais, le lendemain, le ministre israélien de la Défense, Shaul Mofaz a catégoriquement démenti cet arrangement, affirmant : « Nous n’avons aucune intention de libérer Barghouti ».

Barghouti n’en a pas moins fait preuve d’optimisme en s’exclamant devant ses trois juges : « Je serai dehors bien assez tôt ! »



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