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L’antisémitisme : un piège tendu aux Noirs contre eux-mêmes. Lettre ouverte aux communautes noires
Article mis en ligne le 15 octobre 2004

Du « Collectif de vigilance pour la restauration du peuple Noir » (CO.V.RE.N.) E.mail : cliquer ici
Mr. Dieudonné incarne tristement cette logique. Il tient en effet d’étranges propos, qui insultent la mémoire et la dignité de nos aïeux, victimes d’un crime contre l’humanité d’une ampleur effroyable : la Traite et l’Esclavage négriers. Insultant par là même notre mémoire collective, à nous victimes indirectes mais non moins réelles de cette catastrophe.

Car il prive notre peuple de l’identification nécessaire de ses bourreaux effectifs - de tout un pan d’entre eux ! - pour leur en substituer de fantasmatiques. Il occulte en effet l’énorme responsabilité des Arabo-musulmans dans cette tragédie et attribue aux nombre insignifiant de Juifs qui ont pu y être mêlés une représentativité délirante, complétement mensongère au regard de la vérité historique. Empreintant en cela les traces exactes de la propagande antisémite promue dans le monde Arabo-musulman, qui propage le mythe du Juif comme figure de l’esclavagiste

Nous voulons préciser à propos de la Traite et de l’Esclavage négriers, au nom du respect des victimes passées comme contemporaines du monde entier et de la spécificité de leurs histoires respectives, que nous sommes en présence d’un crime contre l’humanité qui a pour nom... « Traite et Esclavage négriers », non pas « génocide ». Qu’est-ce qui les différencie ? Eh bien l’intention. Pour la « Traite et l’Esclavage négriers », l’intention fondatrice fut l’asservissement, comme force de travail gratuite - avec une brutalité et une inhumanité extrêmes - de nos aïeux déportés, spoliés au continent-mère. Pour un génocide - comme dans le cas de la Shoa - l’intention fondatrice est l’extermination - la disparition pure et simple - selon un plan concerté, de tout ou partie d’un groupe humain sur le simple critère de sa nature ethnique, nationale, religieuse ou autre

Reconnaître la spécificité qui s’attache à chacune de ces deux catastrophes n’est en rien minimiser l’ampleur ou la profondeur de l’une ou de l’autre, ni de l’une au détriment de l’autre. C’est au contraire honorer leurs dimensions exactes respectives. Evitant ainsi des comparaisons impropres

Car toutes les souffrances - chacune d’entre elles - sont dignes, au même titre, de la reconnaissance et du respect. Et ce ne sont pas Raphaël Gluksman, David Hazan, et Pierre Mezerette, qui viennent de réaliser un documentaire remarquable de pédagogie, de sérieux et de courage sur le génocide des Tutsis au Rwanda*(1), qui nous contrediront. Ni eux, ni tant d’autres Juifs, parmi lesquels les pionniers de la plupart des mouvements anti-racistes en France, pour ne parler que de ce pays !..

Mettre en concurrence - comme certains le font - les souffrances de ces deux catastrophes sert-il les victimes que nous sommes, en définitive ?

Nos énergies doivent-elles être mises au service de cette compétition macabre - ou doivent-elles être mises, plutôt, au service de la volonté de rapprochement de nos deux communautés, pour une solidarité bénéfique pour tous ?

Ceux des nôtres qui voudraient voir dans un tel rapprochement solidaire avec les Juifs un nouveau rapport de subordination sont encore prisonniers de leurs ignorances, qui riment souvent avec préjugés - nous le disons avec tristesse. Cependant, à eux la responsabilité de s’en libérer : ils ne sont pas les enfants irresponsables que la rhétorique esclavagiste prétendait.

Nous ne pouvons pour notre part que leur livrer notre analyse, en espérant qu’elle les pousse à une introspection honnête. Mais pour peu qu’ils soient victimes , en plus, d’une propagande très généralement et complaisamment relayée par les médias occidentaux en une désinformation qui diabolise dans le même temps Israël, Juifs et sionistes à propos, notamment, du conflit israëlo-palestinien, nous craignons que le spectre d’un l’antisémitisme Noir - « prémicé » par Dieudonné, ses disciplines et ses clones anonymes - étende son ombre sur des rapports entre nos deux communautés déjà affectés, encore une fois, par l’ignorance et les préjugés. Ignorance de ce que sont réellement le peuple Juif, le sionisme, l’état d’Israël, la nature du conflit avec les « palestiniens », etc..

Mais nous, descendants d’esclaves - dont un Nègre éclairci à l’extrême dans sa chair par des générations de métissage - refusons de rentrer dans cette logique de concurrence.

Nous refusons tout aussi catégoriquement de tenir mensongèrement les Juifs pour responsables de la sous-information/désinformation médiatique, culturelle et éducative dans laquelle se tient la mémoire de la Traite et de l’Esclavage négriers. Car comme nous venons de l’évoquer plus haut, si nous devions parler des Juifs dans leur rapport avec nos luttes et notre aspiration légitime à la reconnaissance de notre histoire, l’honnêteté intellectuelle à elle seule nous obligerait à parler d’eux en termes élogieux.

Et à la France nous pourrons ajouter, entre autres, les U.S.A., où leur communauté fut la plus importante pourvoyeuse non-Noire de militants pour l’égalité des droits civiques auprès des nôtres et du regretté Martin Luther King Jr.. En 1998, de trois nations à l’initiative d’une proposition faite à l’O.N.U. pour la reconnaissance internationale de la Traite et de l’Esclavage négriers comme crime contre l’humanité et pour la réparation aux descendants victimes, Israël était la seule nation non-Noire

Du judaïsme, du christianisme et de l’islam, il n’est qu’au judaïsme que l’on ne puisse imputer de responsabilité au regard de la Traite et de l’Esclavage négriers, parce que le peuple porteur de cette foi a comme fondement essentiel et offre précisément à l’humanité toute entière comme message la Libération de l’Esclavage, dont il a éprouvé le feu en Egypte.

Les mondes occidentalo-chrétien et Arabo-musulman font quant à eux encore sérieusement défaut à la reconnaissance de leurs culpabilités au regard de ce crime, comme à celui de toutes les abjections qui en découlent en droite ligne. Et les Arabo-musulmans : par un véritable activisme. il fut en effet révélé très clairement à la conférence mondiale contre le racisme à Durban, en 2001, que les instances de propagande islamistes opèrent un intense travail d’intoxication sur le monde Noir.

Parce que rien ne sert plus la cause des bourreaux que des victimes dressées les unes contre les autres. Nous voulons en conséquence soustraire les réalités de notre histoire passée et contemporaine à l’occultation qu’ils entretiennent et au révisionnisme violemment antisémite dont ils se rendent coupables, pour les restituer à notre travail de mémoire et de guérison. Et nous refusons d’oublier que ce sont eux qui ont commencer à pratiquer la Traite et l’Esclavage négriers, puis y ont initié les occidentalo-chrétiens.

Nous ne pouvons pas davantage taire qu’au moins deux d’entre leurs états pratiquent, jusqu’à aujourd’hui, l’esclavage. Esclavage en Mauritanie - et traite, en plus de l’esclavage - au Soudan.

Et comment pourrions-nous passer sous silence la catastrophe humanitaire - véritable crime contre l’humanité - qui se joue en se moment même au Darfour, province de l’ouest soudanais, où, dans une campagne de terre brulée et de déplacement de population, les forces du gouvernement et les milices Arabes tuent, violent et pillent les civils des groupes ethniques Noirs, comme les Furs, les Masaalits et les Zaghawas ?

Mais nous ne sommes animés d’aucun esprit de vengeance. Ni envers les Arabo-musulmans, ni envers les occidentalo-chrétiens. Car notre espoir - fou ! mais nécessaire - est la réconciliation de nos peuples. Il faut briser la logique mortifère de la haine raciste, du mensonge de cette idéologie, de la double illusion que peut avoir un peuple de sa supériorité « raciale » et de son « droit » à disposer d’un autre. Car il n’y a pas plusieurs, mais une seule race : la race humaine. Une telle réconciliation s’articule en trois axes.

  • 1) : Il faut avant tout stopper le bras des bourreaux qui sont encore à l’ ?uvre.
  • - 2) : Est nécessaire la repentance, réelle, sincère, des « anciens » comme des actuels bourreaux. Mais à défaut et quoiqu’il en soit, pour ces derniers, il faut qu’ils soient traduits en justice... et que justice soit rendue !... C’est absolument indispensable pour que les victimes puissent - non pas oublier ! - mais commencer à guérir du traumatisme qui les frappe.
  • - Enfin, 3) : si la repentance est sincère, elle doit être corrélative de la mise en place de politiques de réparation, en concertation avec les parties victimes.

Le chantier est énorme, mais c’est nous le savons la seule voie pour parvenir, un jour, à une véritable - et donc pérenne ! - paix entre les peuples


*(1) Ce film documentaire est intitulé : « Tuez-les tous ! » Histoire d’un génocide « sans importance » "



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