Le Premier ministre François Fillon a déclaré lundi que la France n’accepterait pas qu’Israël soit « stigmatisé » lors de la conférence de l’ONU dite « Durban II » contre le racisme, qui se tient en avril à Genève, et que si cela se produisait, elle n’hésiterait pas à s’en retirer. M. Fillon s’exprimait à Paris lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
« Je sais que l’événement vous inspire des inquiétudes légitimes », a déclaré M. Fillon aux responsables du Crif à propos de « Durban II ».
« Je veux vous assurer que si la France participe à ses préparatifs, elle le fait aussi dans l’esprit le plus exigeant. Notre détermination à combattre l’antisémitisme en France se double d’une extrême vigilance vis-à -vis de ses manifestations à l’étranger », a dit le Premier ministre.
« Si la lutte contre le racisme est impérative, elle ne saurait être le prétexte aux mêmes amalgames et aux mêmes hypocrisies qu’en 2001 », a-t-il déclaré, dans une allusion à la première conférence de ce type à Durban (Afrique du Sud), qui avait donné lieu à de prises de position violemment anti-israéliennes et antisémites.
« Nous n’accepterons pas que l’État d’Israë l soit stigmatisé, que sa politique soit calomniée, ni que la communauté juive, dans son ensemble, soit flétrie », a dit le chef du gouvernement français.
« Nous n’hésiterons pas, dans le cas contraire, en lien avec nos partenaires européens, à en tirer toutes les conséquences, et si nécessaire à nous retirer de cet exercice. Il est hors de question d’être spectateurs à Genève des dérives que nous combattons obstinément à Paris », a assuré M. Fillon.
Intervenant avant lui, Richard Prasquier, président du Crif, a souhaité que la France ne participe pas à cette conférence au cas où la réunion se transformerait en tribune antisémite, laissant « l’Iran, la Libye et Cuba définir ce que doivent être les droits de l’Homme ».
La conférence « Durban II » doit se dérouler du 20 au 24 avril au Palais des Nations à Genève. Elle doit assurer le suivi de celle qui s’était déroulée en 2001 dans la ville sud-africaine et qui s’était terminée dans la confusion et sur des accusations d’antisémitisme. Les Etats-Unis et Israë l avaient quitté la conférence en protestant contre le ton anti-israélien de la réunion.
Après avoir participé aux discussions préparatoires de « Durban II » pendant une semaine en février, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils ne participeraient pas à la conférence en raison de désaccords de fond avec le projet de déclaration.
Selon Washington, ce document « focalise la critique sur Israë l » et restreint « de façon inacceptable la liberté d’expression sous couvert de ’diffamation de la religion’ ».
Israë l et le Canada ont déjà annoncé qu’ils boycotteraient la conférence de Genève.