Les votes onusiens de la France : l’incohérence

Hélène Keller-Lind

dimanche 6 novembre 2011, par Desinfos

La France déclare officiellement aujourd’hui par la voix du Quai d’Orsay qu’elle s’abstiendra lors du vote du Conseil de Sécurité sur la demande d’admission de la soi-disant « Palestine  » àl’ONU. Changera-t-elle d’avis àla dernière minute ? Cela reste àvoir. Ce qui est certain c’est que les raisons qu’elle donne pour avoir voté en faveur de l’entrée de cette « Palestine  » mi-Autorité Palestinienne, mi-Hamas àl’UNESCO relèvent du grotesque. L e Chef de l’Etat est-il désinformé, n’a-t-il aucun pouvoir sur le Quai d’Orsay ou se moque-t-il du monde ?


La France annonce qu’elle s’abstiendra de voter en faveur de l’admission d’une soi-disant « Palestine  » qui ne parvient pas às’unir àl’ONU. Oui, mais...

Ministère des Affaires étrangères : POINT DE PRESSE DU 4 NOVEMBRE 2011 Extraits et commentaires

ADMISSION DE LA PALESTINE À L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES - POSITION DE LA FRANCE

Extrait : « Alors que la région connaît des bouleversements, la légitimité de l’aspiration palestinienne àun État est indiscutable. La demande palestinienne n’a cependant aucune chance d’aboutir au Conseil de sécurité en raison notamment de l’opposition déclarée des États-Unis. La France, par la voix du président de la République devant l’Assemblée générale des Nations unies, le 21 septembre, a mis en garde la communauté internationale contre les risques de confrontation et de blocage qu’une telle démarche pourrait engendrer.
C’est pourquoi hier, au cours d’une réunion du comité d’admission, le représentant permanent de la France aux Nations unies a indiqué que la France n’aurait pas d’autre choix que de s’abstenir au Conseil de sécurité.  »
Commentaire : La démarche est incohérente. Même si Alain Juppé affirmait que la France a une politique cohérente dans ce domaine sur les ondes d’Europe1 où il était reçu le 6 novembre . En effet, si refuser l’admission demandée aboutit àde tels risques, comment justifier alors une abstention ?Il est ànoter également qu’Israë l a dit et redit accepter la création d’un État palestinien dans le cadre de négociations et pourvu que la sécurité d’Israë l soit véritablement garantie. On n’a guère entendu la même chose côté palestinien
Extrait : Dans ce contexte, la France réitère sa proposition consistant àenvisager, àce stade, pour la Palestine le statut d’État non-membre observateur àtravers une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, qui serait une étape supplémentaire vers l’admission.
Commentaire : Cette proposition n’est pas àl’ordre du jour et a été refusée par l’Autorité palestinienne. La réitérer ne sert donc àrien.
Extrait : La France réaffirme son attachement àune solution de paix globale, juste et durable. Nous appelons de nouveau les deux parties àfaire tous les compromis nécessaires àune reprise sans délai des négociations directes, seul moyen de parvenir àla création effective d’un État de Palestine souverain et viable, vivant aux côtés d’Israë l en paix et en sécurité sur la base des lignes de 1967 avec des échanges agréés de territoires. Un tel État aura naturellement vocation àdevenir immédiatement membre des Nations unies.
Commentaire : Paroles, paroles : « les lignes de 1967  » ne pouvant pas apporter la sécurité àIsraë l et donc pas la paix pour qui que ce soit. Si Benyamin Netanyahou accepte cette base, avec échanges de territoires, ce n’est que dans le cadre de négociations directes auxquelles se refuse l’Autorité palestinienne. Et, bien évidemment le Hamas qui, jusqu’àpreuve du contraire, non seulement refuse l’existence d’Israë l et continue àavoir recours au terrorisme...Alain Juppé, dans ce même entretien sur Europe1 le 6 novembre le reconnaissait d’ailleurs..Ces lignes modifiées sont d’ailleurs loin d’être suffisantes. Benyamin Netanyahou et son gouvernement estiment, en effet, que ce nouvel État palestinien devait être impérativement démilitarisé et également qu’Israë l devrait garder le contrôle de la Vallée du Jourdain pour que ce nouvel État ne devienne pas une base terroriste àl’instar de la Bande de Gaza après le retrait israélien. Ce que refuse l’Autorité palestinienne Comme vient de le redire son « ministre des Affaires étrangères  » De cela la France ne dit mot, alors qu’il s’agit de conditions sine qua non.
De plus l’Autorité palestinienne n’accepte pas ces « lignes de 67  » dans la réalité et mène campagne pour les récuser, considérant que toute la « Palestine  » est occupée – voir plus bas -
Extrait : « Enfin, la France poursuivra également son engagement aux côtés de l’Autorité palestinienne pour construire sur le terrain les bases économiques et institutionnelles du futur État de Palestine.  »
Commentaire : Ce qui signifie en clair que la France va continuer àverser des sommes considérables sans que leur utilisation ne soit contrôlée alors que sur le plan interne on nous annonce des mesures de rigueur drastiques...A titre d’exemple, ce sont plus de 200 millions d’Euros qui ont été versés par la France pour construire une zone industrielle franco-palestinienne àBethléem dont l’ouverture pour avril dernier avait été annoncée àgrand bruit mais dont on ne parle plus. S’ajoutait àcette somme le salaire et les frais d’un Représentante spéciale dont la mission « de paix  » n’a rien fait avancer et a été terminée. Le contribuable français a donc versé des millions d’€ pour rien. Ou plutôt pour contribuer àune corruption endémique palestinienne . Car ces millions sont bien passés quelque part... Et l’Autorité palestinienne qui avait admis l’étendue de la corruption et annoncé une opération propreté et des procès n’en parle plus depuis fin septembre....

Extrait : « Le 21 septembre dernier, devant l’Assemblée générale des Nations unies, le président de la République a présenté la vision de la France pour avancer sur le chemin de la paix au Proche-Orient. La France a pris ses responsabilités en proposant une solution réaliste permettant àla Palestine de voir son statut rehaussé àcelui d’État non membre observateur des Nations unies, afin de faire progresser l’existence internationale de la Palestine dans la perspective d’une solution àdeux États. C’est pourquoi la France a soutenu la demande palestinienne d’adhérer àl’UNESCO.  »
Commentaire : La proposition n’a rien de « réaliste  » puisqu’elle n’a pas été acceptée par les Palestiniens. Mais on comprend mal en quoi cela peut en rien justifier le soutien par la France de
« la demande palestinienne d’adhérer àl’UNESCO.  » Une tentative d’explication plus détaillée mais tout aussi injustifiée était donnée dans un communiqué officiel précédent consacré àce sujet dans le quel on pouvait lire :

Extrait : « sur le fond la France dit oui, la Palestine a le droit de devenir membre de l’UNESCO, cette organisation dont la vocation est d’œuvrer àla généralisation d’une culture de la paix au sein de la communauté internationale. Une telle adhésion entre pleinement dans la logique de la démarche àl’AGNU proposée par le Président de la République.
La France a toujours été, est aujourd’hui et restera demain dans le camp de la paix. Elle soutient les responsables palestiniens, au premier rang desquels le Président de l’Autorité palestinienne, dans leurs efforts pour l’édification d’un État palestinien vivant côte-à-côte, en paix et en sécurité avec l’État d’Israë l.
Commentaire : Le Président de la République, responsable, après tout de la politique de la France, extérieure y compris, serait-il désinformé ? L’Autorité palestinienne, avec àsa tête Mahmoud Abbas, le champion du double langage, ne fait strictement rien pour promouvoir la paix et encore moins la sécurité d’Israë l dans le cadre de deux États. Bien au contraire. Ce qu’il dit et fait en arabe au quotidien le démontre encore et encore Notamment par le biais de ses médias officiels placés sous la houlette de ce même Mahmoud Abbas, soutenu par la France. Palestinian Media Watch nous en donne un florilège édifiant pour ces derniers mois. Septembre et octobre y compris. Quelques exemples récents :
29 septembre, Al-Hayat Al-Jadida – journal officiel palestinien - : définition de la Ligne Verte – ligne de 1967 - : « c’est une ligne imaginaire qui sépare les territoires occupés en 1948 de ceux qui ont été occupés en juin 1967."
17 septembre Télévision officielle du Fatah de Mahmoud Abbas, programme pour enfants : le nord d’Israë l, c’est la Palestine. Vidéo
Al-Hayat Al-Jadida du 2 octobre 2011 : Plus récemment et édifiant quant au double langage de la France - dont nous avons déjàdénoncé l’influence néfaste exercé par le biais de ses Centres culturels dans les Territoires – le 2 octobre 2011, dans ce Centre culturel franco-allemand de Ramallah qui n’en rate pas une pour mettre du feu sur l’huile du conflit israélo-palestinien, était reçu Omar Barghouti venu faire la pub de son livre en faveur de la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions publiée en français. - la campagne de BDS est illégale en France. Le Président du CRIF le précisait, condamnant cet Omar Barghouti, justement pour son action dans ce domaine, dans un éditorial publié voici un an – parlait, lui aussi de « territoires occupés en 1948  » - lire Israë l -. Pour justifier cette campagne il accusait Israë l d’être coupable de « occupation, discrimination raciale et refus du retour des réfugiés.  » Il appelait au boycott de tous les produits israéliens mais aussi et surtout le boycott des universitaires israéliens et des institutions culturelles israéliennes. -* au rang desquels ces boycotteurs placent le Technion....ce qui démontre leur irresponsabilité, leur haine et leur imbécillité -.
Par ailleurs, en guise de progrès vers la paix, forte de cette admission la « Palestine  » a d’ores et déjàannoncé qu’elle entreprendrait des actions diverses contre Israë l pour contrer tout ce qui s’apparente àla présence de la culture juive dans la région. Elle entend agir notamment en matière de fouilles archéologiques Et des « ministres  » ou anciens ministres palestiniens se sont déjàexprimés sans détours sur ce plan. «  Maintenant que nous avons rejoint l’UNESCO, nous allons traîner Israë l en justice pour la destruction systématique de la culture arabe et islamique de Jérusalem," a déclaré Hatem Abdel Qader, ancien ministre palestinien des affaires de Jérusalem - au journal arabe londonien Al-Qods Al-Arabi-. Nous cherchons également àdéposer plainte contre Israë l devant les tribunaux et organes internationaux compétents pour avoir volé des antiquités arabes et islamiques et agressé des lieux saints islamiques et chrétiens.  »
Ce qui ira sans doute dans le sens de ce qu’a d’ores et déjàentrepris l’UNESCO
Comme encouragement àla paix, Nicolas Sarkozy aura fait et vu mieux...


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