Sdérot et l’Intifada des roquettes

Par Guy Senbel pour Guysen International News

vendredi 18 janvier 2008

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur les terribles violences qui frappent la ville israélienne de Sdérot et ses conséquences politiques, tant pour le gouvernement israélien que pour le processus de paix entre Israël et les Palestiniens.


Cette semaine, les habitants de Sdérot ont encore connu l’angoisse et la détresse. Jeudi 17 novembre, deux missiles tombent toutes les heures sur Sdérot et les kibboutz environnants. La panique est totale. Les enfants sont en état de choc. La mort rôde. Les candidats à l’exode sont de plus en plus nombreux. Aucun système d’interception performant des missiles n’a pu être mis au point. Le procédé de destruction par rayon laser des Qassams tirées depuis Gaza coûte cher, et il ne sera pas efficace avant cinq ans.

En six ans, près de 3500 missiles sont tombés sur le Néguev Occidental. En six ans, dix israéliens ont été tués par ces missiles. Depuis six ans, Sdérot est le symbole des difficultés d’Israël à répondre aux provocations et au terrorisme, instrument de conquête politique des extrémistes, que les modérés oublient souvent de condamner.

Pour tenter de réduire la menace permanente et grandissante, Tsahal a procédé cette semaine à des incursions dans la bande de Gaza afin d’éliminer les tireurs et détruire les ateliers de fabrication des missiles.
Le nombre de terroristes palestiniens armés à Gaza est aujourd’hui estimé à 20 000. Mardi 15 janvier, 17 d’entre eux ont été tués. La plupart appartenaient à des organisations terroristes.

Le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a qualifié l’incursion israélienne de « massacre ». Celui qui est censé incarner la voie de la modération condamne sans appel la politique israélienne d’élimination ciblée des terroristes, sans toutefois blâmer les responsables des tirs de Qassams. Rappelons qu’ils ne sont pas tous membres du Hamas. Des organisations terroristes prônent la destruction d’Israël, telles que la brigade Abou Rich, sont proches du Fatah ; elles sont chaque jour responsables de tirs de missiles sur le Néguev.

Face à « l’Intifada des roquettes », qui semble parfois rapprocher les Palestiniens plus qu’elle ne les sépare, Israël compte parmi ses options une intervention militaire massive, une solution parmi les plus efficaces selon nombre d’experts de l’armée, qui est écartée pour l’instant par le gouvernement. La pression internationale pour une paix qu’il faudrait signer avant la fin du mandat de George Bush exige la recherche d’une solution pacifique. En conséquence, la défense passive de Tsahal a été chargée de préparer l’évacuation des habitants de Sdérot. Le choix d’une politique de l’exode n’est donc plus improbable. Ce serait la première fois qu’Israël recule dans ses propres frontières.

C’est aussi dans ce contexte de tension extrême que le Ministre des affaires stratégiques Avigdor Libermann a décidé de quitter le gouvernement d’Ehoud Olmert. Cette démission révèle l’avancée réelle des discussions sur le transfert de territoires ou le partage de Jérusalem que le leader du parti russophone refuse de cautionner.

Si Sdérot est évacuée, les objectifs du Hamas seront atteints et sa stratégie confortée. Mercredi 16 janvier, Mahmoud Abbas a téléphoné à l’un des principaux responsables du Hamas à Gaza, Mahmoud Zahar, pour lui présenter ses condoléances à la suite de la mort de son fils, tué lors de l’incursion mardi 15 janvier...

Si Sdérot est évacuée, le gouvernement israélien paraîtra affaibli. Ehoud Olmert cependant ne peut prendre le risque de subir une nouvelle Intifada, que les Palestiniens de Gaza appellent déjà fièrement « l’Intifada des roquettes ».
Les risques que des tirs de missiles partent également de Judée et de Samarie est bien réel. A cette question, le gouvernement israélien n’a pas de réponse.

Le Hamas qui est responsable de la détention de Guilad Shalit conduit au Sud d’Israël une sorte de guerre larvée ; une guerre que le Hezbollah, qui détient deux soldats de Tsahal, a déjà conduit contre le Nord bien avant la Deuxième guerre du Liban. Bien avant la guerre contre le Hezbollah, des Katioushot tombaient sur Kiriat Shmoné.

Dès dimanche prochain, une équipe de Guysen TV sera installée de manière permanente à Sdérot. C’est à Sdérot que se joue l’avenir de la paix, et l’histoire d’Israël.

Alors que les rumeurs sur la mort d’Eldad Reguev et Ehoud Goldwasser persistent, tout Israël prie encore pour qu’ils rentrent chez eux, en vie.

Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, Eldad Reguev et Ehoud Goldwasser.


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