Par Ari Shavit (Haaretz, 15/09/2005) - Adaptation française de Simon Pilczer
jeudi 15 septembre 2005
L’obscurcissement palestinien nécessite de clarifier le problème :
Les Palestiniens n’ont jamais auparavant dirigé leur propre morceau de territoire.
Jamais auparavant, ils n’ont pas vécu sous occupation.
Ainsi désormais, suivant la fin du désengagement, ils ont obtenu ce qu’ils n’ont jamais eu auparavant.
Après des centaines d’années de servilité sous la férule étrangère turque, la loi britannique et égyptiennee et jordannienne, et sous la loi étrangère israélienne, quelques 1,5 millions de Palestiniens ont finalement gagné leur propre gouvernement.
Après des centaines d’années d’oppression, quelques 1,5 millions de palestiniens vivent maintenant, pour la première fois, sans blocs de contrôles routiers, sans prisons, sans implantations, et sans gouvernemet d’occupation.
Ironiquement, ce fut Sharon qui a donné à tant d’entre eux ce que Hadj amin al-Husseini et Gamal Abdel Nasser et Yasser Arafat ne leur ont pas donné : la liberté.
Ainsi, ces jours de septembre 2005 sont des moments fondateurs de l’histoire du Peuple palestinien.
C’est vrai, la bande de Gaza est étroite et dure.
C’est vrai, le territoire libéré dans le nord de la rive occidentale n’est pas contigu avec la zone A.
Mais avec le désengagement achevé, une portion significative de la population palestinienne vit désormais sans la peur de l’occupation israélienne. L’horizon est largement ouvert.
Quelques 1,5 millions de Palestiniens sont libres de construire leur propre futur -
de réhabiliter la société palestinienne, et de bâtir l’économie palestinienne
pour établir graduellement un état palestinien libre.
Personne ne demande aux Palestiniens de renoncer à leur exigence de libération de toute la rive occidentale.
Personne n’attend d’eux qu’ils abandonnent leur exigence d’une pleine souveraineté et d’une fin complète de l’occupation.
Mais précisément si les Palestiniens veulent vraiment avancer vers de nouveaux retraits israéliens, ils doivent très vite changer de disquette. Changer leur philopsophie.
Passer du grondement à une activité constructive. De l’exigence à la construction,
mettre leur sentiments d’éternelles victimes derrière eux, et commencer d’agir en tant qu’entité politique mature.
La liberté crèe des obligations - même quand elle est seulement partielle.
Maintenant, alors que les Palestiniens ont reçu une liberté telle qu’ils ne l’ont jamais connue avant,ils portent aussi une responsabilité telle qu’ils n’en ont jamais connue auparavant.
Leur relation avec Israël change. Ce n’est plus celle d’un occupant et d’un occupé.
Ce n’est plus celle d’un maître et d’un serviteur.
C’est pourquoi le projecteur de l’histoire est désormais braqué sur ces Palestiniens qui ont commencé d’être maîtres de leur propre destin.
C’est pourquoi tous les yeux sont maintenant fixés sur Gaza libérée.
Parce que maintenant, la question décisive est quel sera le choix des Palestiniens.
S’ils choisissent la vie, l’ordre et le bon voisinage - il n’y aura pas de limites.
S’ils choisissent la mort, le chaos, et l’état de victimes - la route de l’enfer est brève.
Mais quelle que soit la voie, cette fois-ci, les Palestiniens ne pourront pas blâmer quelqu’un d’autre.
Le choix est entre leurs mains. Après le désengagement, ce sont les Palestiniens qui portent la responsabilité de leur propre destin, de leur propre futur, et de leurs actions.