Hélène Keller-Lind
vendredi 7 juin 2013, par Desinfos
Alors que le Secrétaire d’État américain déploie tous ses efforts pour relancer les négociations de paix entre les Palestiniens et Israël et que Benyamin Netanyahou leur tend la main, Mahmoud Abbas et consorts n’int de cesse de multiplier conditions préalables absurdes et déclarations destinées à monter le monde arabo-musulman contre l’État hébreu en instrumentalisant Jérusalem dont Abbas dit, entre autres, qu’« occupée, en pleurs, elle appelle à l’aide ». Instrumentalisation aussi de la mosquée Al-Aksa, qui serait menacée d’effondrement à cause d’excavations israéliennes imaginaires.
Le Secrétaire d’État John Kerry déploie des efforts considérables pour tenter de relancer les négociations de paix entre les Palestiniens et Israël. Ainsi s’est-il rendu au Proche-Orient trois fois depuis sa nomination en février dernier et il va s’y rendre à nouveau. Il annonçait par ailleurs lors du récent Forum Économique Mondial sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, un don de quatre milliards de dollars à une Autorité palestinienne en déficit constant en dépit des millions mensuels qui lui sont versés, notamment par les pays occidentaux. Ainsi, l’UE lui versait en mai « 20 millions d ’€ pour payer près de 75.000 fonctionnaires et retraités en Cisjordanie et à Gaza », alors qu’il y a une crise financière partout en Europe.
Ce don, américain en grande partie, est sans précédent et peut « faire une énorme différence dans une zone relativement petite et une population de quatre millions », soulignait John Kerry. En faisant baisser considérablement un chômage qui est de 21% actuellement, et augmenter de 50 % le PIB, sur trois ans
Offre bien accueillie par tous, entre autres Shimon Peres et Mahmoud Abbas y compris. En apparence tout au moins, concernant ce dernier. Mais offre rejetée ou assortie de conditions par divers responsables palestiniens . Ainsi, le conseiller économique de Mahmoud Abbas, Mohamed Mustafa,avertissait qu’il n’y aurait pas de concessions politiques « en échange de bénéfices économiques ». Il ajoutait : « Nous n’accepteront pas que l’économie soit l’élément principal ou le seul. Nous souhaitons que cela s’inscrive sans un cadre politique qui assurera la création d’un État palestinien basé sur les frontières de 1967 avec Jérusalem Est comme capitale et les droits des réfugiés et une référence à une solution politique, voici les priorités ».
Quant au Hamas, sa réaction est claire. Ismaël Hanyeh, « Premier ministre » de Gaza, fustigeait le 31 mai, après les prières du vendredi : « les milliards qui coulent de l’Administration américaine en échange de concessions politiques, la normalisation avec l’ennemi, des échanges de territoires, le renoncement au droit au retour et les tentatives faites pour travestir la réalité du peuple et de la terre. Ils veulent que les Palestiniens vendent leur droits en échange de leur pain quotidien. Ils veulent qu’ils oublient le sacrifice des martyrs et des prisonniers pour ce qu’ils appellent une paix économique et de l’argent qui est de l’argent politiquement sale » .
Par ailleurs, des Palestiniens de la société civile ayant voix au chapitre, comme cet ancien directeur de la télévision de l’université Al-Qods, ancien professeur de journalisme à l’université américaine de Princeton, qui, feignant d’ignorer le taux de chômage palestinien si élevé et la crise budgétaire et la corruption endémiques au sein de l’Autorité palestinienne, estime que les Palestiniens n’ont pas besoin de cet argent mais de liberté de mouvement et ridiculise « cette approche typique qui est de tenter de résoudre les problèmes en leur jetant de l’argent ».
Par ailleurs, le 5 juin, devant la Knesset, Benyamin Netanyahou, s’exprimait sur une reprise des négociations en ces termes, s’adressant à Abou Mazen – nom de guerre de Mahmoud Abbas utilisé en signe de respect - : « Nous sommes à l’écoute de chaque initiative de paix notamment celle proposée par la Ligue Arabe. Nous sommes prêts à discuter de chaque initiative de paix dans la mesure où elle contient des recommandations, et non des diktats. Nous sommes favorables à la tenue de négociations sans conditions préalables et sans délais.
J’appelle le Président de l’Autorité Palestinienne, Abou Mazen à mettre de côté les conditions préalables qu’il réclame et à venir dialoguer. Vous savez, lui ne parlant pas l’hébreu et ma connaissance de l’arabe laissant à désirer, je m’adresse à lui dans une langue que nous connaissons bien tous les deux, et lui dit haut et fort : « GIVE PEACE A CHANCE « Donnez une chance à la Paix. Maintenant comment allez-vous donner cette chance ? Que vous reste-t-il à faire ? Ne laissez pas passer cette occasion, ne ratez pas le coche ».
Une série de conditions préalables palestiniennes : gel des constructions, « frontières de 1967 », Jérusalem capitale palestinienne, libération des prisonniers, retour, etc.
En effet, que ce soit Mahmoud Abbas ou le négociateur désigné Saëb Erekat, ou d’autres responsables palestiniens, les pré-conditions à toute reprise des négociations se multiplient, côté palestinien. Au gel total des constructions exigé au-delà de la Ligne verte et à Jérusalem – gel mis en place dans les faits actuellement-, s’ajoute l’exigence de voir un État palestinien s’établir « dans les frontières de 1967 » - qui en réalité ne sont que des lignes de cessez-le-feu ne garantissant en rien la sécurité d’Israël -, avec « Jérusalem pour capitale ». Entre autres exigences
Ainsi, le 5 juin l’agence WAFA rapportait que le quotidien Al-Quods citait un officiel palestinien selon qui Mahmoud Abbas aurait « accordé jusqu’au 20 juin à John Kerry pour présenter un plan de paix en échange de la libération des prisonniers par Israël » Ce qui est une absurdité, ces prisonniers ayant été jugés et condamnés pour actes de terrorisme. Le « droit au retour des réfugiés », revendication connue, est venu s’ajouter à la liste par la bouche d’un conseiller de Mahmoud Abbas. Autre exigence absurde.
« Jérusalem occupée en pleurs appelle à l’aide », citation à la une des quotidiens palestiniens
Par ailleurs, Mahmoud Abbas instrumentalise Jérusalem et la mosquée Al-Aksa – considéré comme troisième lieu saint de l’islam - à tout va. Ainsi ses déclarations faites à un journal saoudien étaient reprises par plusieurs quotidiens palestiniens :« tant que les excavations israéliennes sous la mosquée al-Aksa, l’un des lieux saints de l’Islam dans la Vielle Ville de Jérusalem, menacent les fondations de la mosquée et pourraient provoquer son effondrement il n’y aura pas de compromis sur Jérusalem qui restera la capitale du futur État de Palestine ».
Le 6 juin WAFA évoquait de nouvelles déclarations sur Jérusalem de Mahmoud Abbas « lors d’une conférence spéciale sur la ville occupée au cours de laquelle il lançait un appel aux Arabes et aux musulmans pour aider la ville endeuillée et ses résidents palestiniens ». Elles étaient reprises par trois quotidiens palestiniens en arabe, al-Hayat al-Jadida et al-Quds reprenant en titre cette déclaration : « Jérusalem en pleurs appelle à l’aide ; y a-t-il quelqu’un pour lui répondre » ?
Le quotidien Al-Ayyam citant ses déclarations selon lesquelles « les colonies et la paix ne vont pas ensemble », et dans un autre registre : « les élections sont la clef de la réconciliation ». Cette réconciliation avec le Hamas tant de fois annoncée mais restée lettre morte ayant bien peu de chance de voir le jour, le mouvement terroriste implanté à Gaza ayant qualifié « d’illégale » la nomination du nouveau Premier ministre palestinien, l’ancien doyen d’une université connue pour avoir des terroristes parmi ses étudiants,
La première page d’al-Ayyam et d’al-Hayat al-Jadida montrant Abbas s’exprimant lors de cette conférence. Autres photos choisies par ces deux quotidiens : « des Palestiniens manifestant à Jérusalem Est pour l’anniversaire de l’occupation israélienne de 1967 de leur ville ainsi que de la Cisjordanie et la Bande de Gaza ».
Par ailleurs, selon l’agence WAFA, « Al-Ayyam accuse Israël, et tout particulièrement Benyamin Netanyahou, de faire campagne contre Mahmoud Abbas » .
Dès lors, la reprise de négociations semble bien incertaine et leur réussite l’est encore plus.