La farce du Printemps arabe

Hélène Keller-Lind

dimanche 12 juin 2011, par Desinfos

Nombreux ont été ceux qui se sont enflammés pour ce qui fut hâtivement qualifié de « printemps arabe  ». Un printemps porteur de promesses de liberté et de démocratie. Certes, il était tentant d’y croire...mais cela semblait être bien trop beau pour être vrai au vu des réalités. Et, de fait, aujourd’hui les analystes sérieux décrivent une situation qui n’a rien de réjouissant. Parmi eux, l’ancien diplomate israélien Zvi Mazel et le Professeur Barry Rubin, tous deux fins connaisseurs du monde arabo-musulman


Non, nous ne sommes pas dans un Fantasyland, pays imaginaire enchanté, àla Obama, écrit le 12 juin 2011 Barry Rubin a propos de la Syrie où le régime en place tue a tour de bras. Et de citer Taleb Ibrahim, qui passe pour un analyste crédible dans les médias internationaux alors que lorsqu’il se laisse aller et écrit en arabe, il explique que tuer les manifestants syriens est un devoir car ce sont des « agents israéliens...  » http://rubinreports.blogspot.com/

Quant àla Libye de Khadafi, elle nargue l’Occident qui a montrée son impuissance en ne parvenant pas àdéloger le dictateur sanguinaire. Un Occident vaincu au Liban par le Hezbollah, note Barry Rubin, étant donné que ce mouvement terroriste a pu se réinstaller au sud du Liban et y importer tout l’armement qu’il a voulu depuis la Syrie sans que quiconque ne condamne ces violations d’une résolution de l’ONU...

Il constate ensuite que l’Iran avance tranquillement vers le nucléaire militaire, que la terreur islamiste se répand en Égypte. Il conclue en se demandant combien il faudra de morts avant que l’on se rende compte que Barack Obama se trompe sur toute la ligne...et que la presse ne comprend rien a ce qui se passe...http://rubinreports.blogspot.com/

On pourrait ajouter que des dinosaures, notamment en France, pensent toujours que si « le confit israélo-palestinien  » était résolu, si Israë l acceptait un retrait – impossible – aux lignes de 1967, même modifiées, alors tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes....

Zvi Mazel, qui a été ambassadeur d’Israë l au Caire, entre autres ambassades, se livre aussi a un tour d’horizon ancré dans la réalité pour constater, non sans ironie, que c’est en Arabie Saoudite, régime particulièrement répressif, que règne aujourd’hui la stabilité...En effet, au Yémen et en Libye, dit-il, il y a des guerres civils sanglantes, en Syrie Bashar el-Assad tente en vain d’écraser les manifestations en tuant des citoyens syriens par centaines, le tourisme, si essentiel pour des pays comme la Tunisie et l’Égypte ne s’est jamais porté aussi mal et les conditions économiques n’ont jamais été aussi désastreuses. Quant a l’Iran, le régime en profite pour avancer ses pions et créer autant de problèmes qu’il peut en agitant les Chiites de Bahreïn ou du Koweït...

De plus, rien de nouveau sous le soleil, dit-il, sans leadership ni buts clairement définis, rien de plus facile pour le monde arabe que de se retourner contre Israë l...Il cite àcet égard Asmaa Mahfouz, l’un des fondateurs du mouvement égyptien du 6 avril qui déclarait récemment a la télévision que « rompre les liens avec Israë l est l’une des tâches les plus importantes àaccomplir  » Et tant pis si cela porte un coup supplémentaire àune économie égyptienne en déconfiture...

Concernant les Palestiniens, ceux-ci semblent croire qu’ils peuvent utiliser des manifestations de masse contre Israë l àleur tour, en faisant mine de lier leurs manifestations aux frontières d’Israë l àcelles du soi-disant « printemps arabe  » et susciter ainsi l’adhésion des capitales occidentales. L’accord poudre aux yeux Fatah Hamas faisant partie de cette campagne. D’autant que, dit-il, le Hamas n’a en rien renoncé àdétruire Israë l, se moquant éperdument des vÅ“ux pieux du Quartet – on pourrait y ajouter ceux d’Alain Juppé...- ...

Quelques jours après la parution de la tribune de Zvi Mazel on constate d’ailleurs de sérieuses frictions entre Hamas et Fatah, le Hamas ne voulant pas entendre parler de Salam Fayyad dans un gouvernement palestinien d’unité composé de « techniciens  », alors que le Fatah veut faire de lui son Premier ministre... Direction Égypte prévue pour tenter d’aplanir les différents....Rebelote donc entre les frères ennemis.

Quant àla Turquie, Barry Rubin prévoyait une réélection du gouvernement en place lors des élections du 12 juin et, dans la foulée, un durcissement sans précédent contre Israë l et les États-Unis...surtout si un régime présidentiel peut être instauré, avec Erdogan àla présidence... Une radicalisation qu’il envisage également pour une Égypte où les seuls partis organisés sont des partis de gauche, nationalistes et islamistes...lors d’élections prévues pour septembre de cette année...

Un « printemps arabe  » fortement marqué par un grand dérèglement climatique....


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