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Israël entre la peste et le choléra
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 16 février 2012

On ne peut s’empêcher de remarquer la discrétion d’Israël à propos des mouvements de contestation populaire, qui ont agité plusieurs pays arabes, depuis la fin de l’année 2010 et surtout depuis le début de l’année 2011, d’où l’expression de « printemps arabe », utilisée pour les désigner.

Cette discrétion tranche, incontestablement, par rapport au soutien que de nombreux pays occidentaux ont manifesté à ces mouvements, visant à chasser du pouvoir les dictateurs, qui y « régnaient » depuis de très – pour ne pas dire trop – nombreuses années.

Cette discrétion, tant des responsables que des medias, s’est manifestée dès le départ et se comprenait d’ailleurs fort bien eu égard à l’incertitude quant au résultat auquel aboutiraient ces mouvements.

Le risque de voir les islamistes, opposants intransigeants à Israël, s’emparer du pouvoir était grand et, malheureusement, cette crainte devait se révéler fondée.

En effet, il est devenu banal de s’interroger sur la transformation du « printemps arabe » en « hiver islamiste ».

Les élections intervenues fin 2011 tant en Tunisie qu’en Egypte en ont été la confirmation, en consacrant la victoire des islamistes.

Comme le définit l’encyclopédie Wikipedia, l’islamisme est une « idéologie manipulant l’islam en vue d’un projet politique : transformer le système politique et social d’un État en faisant de la charia, dont l’interprétation univoque est imposée à l’ensemble de la société, l’unique source du droit ».

Et selon cette conception, il est évident que l’ennemi déclaré du monde musulman est le Juif (cette aversion englobant, bien évidemment, au premier plan Israël).

De telle sorte que s’il est vrai que l’on peut légitimement parler de « musulmans modérés », parler d’« islamistes modérés » est une incongruité.

Il suffit, à cet égard de prendre l’exemple de la « Tunisie nouvelle », voire de l’Egypte.

Certes, l’ancien dictateur Ben Ali n’était pas un soutien d’Israël, mais n’était pas non plus un adversaire acharné, tandis que le mouvement islamiste Ennahda, vainqueur des élections à l’Assemblée constituante, à l’automne 2011, et qui domine le nouveau gouvernement, a non seulement renforcé la réglementation sur les visas, qui vise, notamment, les titulaires de passeports israéliens, mais surtout laisse crier « mort aux Juifs » lors de manifestations sur la voie publique, où l’on voit également « fleurir » de nombreux drapeaux palestiniens.

En Egypte, victoire également du camp islamiste aux élections de fin 2011-début 2012 : les Frères musulmans sont en « embuscade », même, si pour l’instant l’armée « veille au grain ».

Mais, il ne faut pas oublier l’attaque de l’ambassade d’Israël en septembre dernier et l’évocation fréquente dans l’opinion publique de la remise en cause du traité de paix (plutôt froide d’ailleurs) avec Israël.

Heureusement qu’officiellement l’attitude du nouveau pouvoir à l’égard d’Israël ne s’est pas modifiée, par rapport à celle de Moubarak, dont nous avons pourtant, souvent, relevé l’attitude ambigue.

Israël, discret durant la période de contestation du régime du raïs, avant sa destitution, adopte la même attitude, à l’heure actuelle, vis à vis de la situation en Syrie.

Certes si Moubarak n’a jamais été, à notre avis, un ami d’Israël, sans être, pour autant, un opposant déclaré, Bachar el Assad est, lui, incontestablement un ennemi d’Israël.

Et, pourtant, officieusement du moins, le gouvernement israélien s’inquiète de la chute du dictateur voisin et de son remplacement.

A cet égard, les exemples précédents de la Tunisie et de l’Egypte donnent à réfléchir et l’anarchie ambiante en Libye n’est guère plus encourageante.

Déjà Al Qaida a, plus ou moins discrètement, apporté son soutien à l’opposition syrienne et, surtout, l’attitude de la Ligue arabe résolument hostile au dictateur syrien est de nature à inquiéter Israël.

Il ne faut, en effet, pas oublier que c’est le « triple non » du sommet de la Ligue arabe à Khartoum, en septembre 1967 (non à la paix, non à la reconnaissance, non aux négociations), qui est à l’origine de la persistance du conflit avec Israël.

Pour notre part, nous considérons que le véritable conflit oppose, d’ailleurs, Israël au monde arabo-musulman et pas seulement au « peuple palestinien ».

Car, sans un soutien actif des Etats arabes non seulement à la « cause palestinienne », mais aussi et surtout au terrorisme palestinien, celui-ci serait, depuis longtemps, privé de moyens de nuire.

Depuis la création de l’Etat d’Israël, c’est l’hostilité à ce nouvel Etat qui a servi de ciment au monde arabo-musulman et il n’y a aucune raison – malheureusement – de penser que cela ne serait plus le cas actuellement, même si, effectivement, un autre mobile explique l’hostilité à Bachar el Assad.

Celui-ci s’appuie, en effet, sur la branche alaouite du monde musulman, branche, très minoritaire, issue d’une scission du clan chiite, lui même scissionniste par rapport à la majorité sunnite.

De telle sorte que la Ligue arabe, qui regroupe les pays sunnites s’inquiètent, en réalité, de l’influence de l’Iran chiite, qui soutient Bachar el Assad.

Déjà la collusion entre les chiites iraniens et leurs coreligionnaires irakiens est combattue, par tous les moyens, y compris par le terrorisme, par les sunnites irakiens, sur lesquels s’appuyait le tyran Saddam Hussein.

Et, donc pour Israël, à l’axe maléfique Téhéran/Damas pourrait succéder un environnement tout aussi hostile, car prenant la forme d’un encerclement, par le monde sunnite pas moins hostile.

Choisir entre « la peste et le choléra » n’est pas une sinécure….

Mieux vaut donc rester à l’écart, mais vigilant……



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