Un militant gazaoui, Abu Yazan, connu pour ses prises de position anti-israéliennes, est également co-fondateur d’une organisation qui critique le Hamas et appelle à une unité nationale contre « l’occupation » israélienne. Il vient d’être arrêté au retour d’une tournée en France, dont on peut imaginer la tonalité, organisée par le Centre Culturel Français de Gaza

Il semblerait qu’il ait été relâché après que des médias se soient émus de son arrestation Son mouvement GYBO le confirme sur Facebook Mais il ne s’est pas exprimé jusqu’ici.

Les amis d’Abu Yazan – un pseudo - s’inquiètent. A juste titre. Et le disent haut et fort sur leur blogs, Twitter et facebook. Convoqué par deux fois par le Hamas quelque temps après son retour d’une tournée en France dans la Bande de Gaza, via l’Égypte d’où il aurait été expulsé, il semble avoir été arrêté et ni sa famille ni un avocat n’ont pu le voir

Ces convocations et arrestation ont un lien avec Ebaa Rezeq – pseudo - qui appartient au mouvement de huit membres co-fondé par Abu Yazan : Gaza Youth Break Out – GYBO, les Jeunes de Gaza s’Evadent - Celle-ci l’a accompagné dans cette tournée organisée par le Centre Culturel de France de Gaza puis a prolongé son séjour en Égypte et n’est donc retournée que fin juillet dans la Bande de Gaza. Et a été interrogée fin juillet puis le 7 août.

Des objets qu’elle transportait ont été confisqués  : deux appareils photo, un disque dur extérieur, des cartes mémoire, un ipod, un portable, des cartes SIM françaises et palestiniennes,...des revues et tracts politiques. » Cette jeune fille fréquente d’ailleurs assidument les cafés Internet de Gaza, etc. On est loin, on le voit, des conditions de vie qui seraient celles d’une « prison à ciel ouvert » comme on se plaît pourtant à dire sur France 3.... Il semble que ce sont ces interrogatoires et confiscations qui ont provoqué l’arrestation de son compagnon de voyage. Elle se borne à dire : « ils ont su qu’il était avec moi en France. » Selon L’Orient le Jour, il serait allé chercher son ordinateur et son portable gardés en quelque sorte « en otage » par le Hamas avant son départ pour cette tournée . Mais il y a eu ensuite une seconde convocation et arrestation.

D’après Ebaa Rezeq ce dont on les accuse est d’avoir pris part aux « Manifestations du 15 Mars » de Gaza au cours desquelles les manifestants réclamèrent une unité nationale « afin de se débarrasser de l’occupation. » Autres accusations qu’elle rapporte : ils seraient amants, - un crime pour des Islamistes - ce qu’ils nient. Ils sont laïques et libéraux... Quant à elle, elle a dû porter un voile au cours de l’interrogatoire et se cacher les jambes – elle portait un pantalon bouffant -

Il est à noter que Abu Yazan, bien que dénonçant vigoureusement « les crimes israéliens, » avait déclaré après ces Manifestations qu’il « n’était pas d’accord avec les missiles. » Par « crimes » il entend «  l’occupation  », alors qu’Israël s’est retiré de la Bande de Gaza, ou bombardements par des F 16 israéliens – il devrait pourtant voir le lien de cause à effet entre les missiles qu’il dénonce, et ces tirs contre des cibles militaires -. Il avait également estimé que la violence de la réaction du Hamas contre les manifestants constatée alors était « un signe de faiblesse. »

Pourtant, dans un récent clip, le groupe rap de GYBO encense les diverses «  flottilles  » et tire à boulets rouges sur le «  sionisme  ».

On ne trouve pas pour l’heure de détails sur cette tournée française organisée par le Centre Culturel Français de Gaza – qui dépend du ministère des Affaires étrangères via le consulat à Jérusalem -. Ces deux membres du GYBO devaient « parler de la situation à Gaza ». Dans le cadre de « médias sociaux » qui, selon Ebaa Rezeq semblent s’apparenter à des réseaux sociaux. Le consulat de France doit savoir ce dont il s’agit puisqu’il a organisé...Le séjour s’est prolongé par deux jours de vacances à Paris.

Une autre raison pour laquelle Abu Yazan et son mouvement sont connus est le Manifeste publié fin 2010, largement repris par des médias étrangers tels que Libération ou The Guardian et le New York Times Le Hamas et Israël, entre autres, y étaient abondamment et vertement critiqués...

Le désarroi de cette jeunesse gazaouie prise en otage par le Hamas est palpable et on le comprend. Mais en rejeter la faute sur Israël – qui s’est retiré de la Bande de Gaza dans la souffrance - comme ils le font n’est guère recevable. Ce sont ceux qui ont mis le Hamas, mouvement terroriste belliqueux qui veut annihiler Israël, au pouvoir qui sont responsables du bouclage de la Bande de Gaza et des attaques israéliennes en réponse aux tirs de missile venant de la Bande de Gaza. Comme cela vient de se produire avec quatre frappes israéliennes en réponse à des tirs de missile depuis la Bande de Gaza sur la ville israélienne de Beer Sheva

Autre point que soulevait Abu Yazan dans une interview publiée en janvier de cette année : «  si on appartient au Hamas, le Hamas vous protège. Si on appartient au Fatah, le Fatah vous protège. Si on suit le Fatah, la sécurité du Hamas vous surveille. Si on a une bourse pour étudier à l’étranger, Israël vous empêche de sortir de la Bande de Gaza assiégée. » Cette dernière affirmation n’étant pas exacte comme vient de le prouver cette tournée en France...

Ces publications extérieures leur avaient d’ailleurs valu d’être accusés de «  travailler pour l’ennemi  » en quelque sorte On ne peut donc qu’espérer que Abu Yazan ne subira pas le même sort que Vittorio Arrigoni, militant farouchement anti-israélien , mais qui avait critiqué les terribles conditions imposées aux gazaouis par le Hamas . Il avait été assassiné dans des conditions particulièrement barbares ... Il y avait eu alors mascarade
et on avait prétendu que ce personnage avait été kidnappé par des Salafistes. Ce qui peut donc protéger Abu Yazan est le fait qu’il est notoire qu’il a été arrêté par le Hamas...qui ne peut sans doute pas se permettre actuellement cette contre-publicité.