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Nakba et Shoah : une comparaison indécente
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 18 mai 2011

Cette année, à nouveau, les Palestiniens ont tenu à commémorer le jour de l’anniversaire (civil) de la création de l’Etat d’Israël, c’est à dire le 15 mai, ce qu’ils appellent la Nakba (catastrophe), qui aurait frappé le peuple palestinien, de la même façon que les Juifs dans le monde entier, et également, bien évidemment, en Israël commémorent la Shoah, quelques jours avant l’anniversaire de l’indépendance de l’Etat d’Israël.

De façon paradoxale – pour ne pas dire scandaleuse – les médias n’ont évidemment pas évoqué le caractère indécent du rapprochement ainsi fait entre l’exil de quelques centaines de milliers de Palestiniens (entre 500 et 700 000), au moment de la création de l’Etat d’Israël et le massacre de 6 millions de Juifs durant la seconde guerre mondiale.

Nous ne contestons nullement le choc qu’ont dû ressentir ces hommes, femmes et enfants qui ont quitté leur foyer en 1948 répondant à l’appel lancé par leurs frères arabes ou par peur d’être victimes des combats que les Israéliens ont dû mener pour édifier leur Etat que leur avait reconnu l’Organisation des Nations Unies.

Mais pourquoi ne pas évoquer le fait qu’alors que les Juifs acceptaient la création d’un Etat juif, pourtant aux dimensions réduites par rapport à ce qu’ils pouvaient légitimement espérer par rapport à la superficie du territoire sous mandant britannique, qui s’étendait des deux côtés du Jourdain, les « Palestiniens » (encore qu’on ne parlait pas de « Palestiniens » à l’époque) refusèrent, au même moment, la création d’un Etat arabe ?

Non seulement la création de l’Etat d’Israël ne peut pas être considérée comme ayant constitué une « catastrophe » pour les Arabes, dès lors que cette création n’était que la contrepartie légitime de la création d’un Etat arabe, mais du même coup on oublie l’exil forcé de près d’un million de Juifs obligés de fuir les Etats arabes à la suite de la création de l’Etat d’Israël, faisant ainsi largement pendant aux quelques centaines de milliers de réfugiés « palestiniens ».

Après tout, pourquoi n’a t-on pas condamné l’exil forcé de millions d’hindous dans un sens et de musulmans dans l’autre sens, au lendemain de la partition de l’Inde en 1947 pour donner naissance à l’Inde et au Pakistan, sur les ruines de l’Empire britannique des Indes ?

De quel droit refuserait-on aux Juifs le bénéfice du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » et le réserverait-on aux seuls Arabes ?

Vainement ferait-on remarquer que bon nombre de Juifs habitant dans l’ancien territoire sous mandat britannique n’y étaient que depuis peu, alors qu’il est établi que la population arabe du territoire s’est également considérablement accrue depuis le début du XXème siècle.

Car, de 1870 à 1948, la population arabo-musulmane a elle-même augmenté de 270%, augmentation qui ne peut s’expliquer par le seul taux de natalité, certes important dans les populations musulmanes, mais contrarié par un taux de mortalité infantile non moins important. Cette augmentation était, en fait, due à l’arrivée de travailleurs immigrés, venus des pays voisins et attirés par l’essor économique du territoire, provoqué tant par les initiatives des colons juifs que par la puissance administrante.

De telle sorte que l’on ne comprend vraiment pas comment un journaliste qui se veut, certainement, sérieux, comme Laurent Zecchini, correspondant en Israël, du journal Le Monde peut écrire, dans le numéro daté du 18 mai (p.18) « l’inflexibilité israélienne est enracinée dans un déni de la Nakba ».

On ne peut quand même pas obliger les Israéliens à adhérer à un mythe.

Certes, on avait l’habitude de voir des manifestations à l’occasion de la commémoration de la « nakba », mais ce qui a surpris plus d’un, cette année, c’est la caractère violent de certaines de ces manifestations.

Ainsi, aux frontières du Liban et sur le plateau du Golan on a compté une quinzaine de morts et une centaine de blessés (ce qui pour l’Association France Palestine Solidarité constitue un « carnage »). D’ailleurs, il n’est même pas sûr que, sur la frontière libanaise les morts soient tous dus à des tirs israéliens….

.En tout état de cause, il est évident qu’Israël est en droit de défendre ses frontières, comme l’a rappelé, à cette occasion, le Premier ministre Netanyahou.

Mais, ce qu’il y a de nouveau c’est que pour certains, derrière ces manifestations violentes il y aurait la « main » de l’Iran par Hezbollah interposé (au Liban) et par la Syrie.

Celle-ci en profiterait d’ailleurs – sans grand succès – pour essayer de faire oublier les « soucis » que peut se faire Bachar el Asad pour son avenir.

Pour d’autres, comme, par exemple, un éditorialiste du Figaro, Pierre Rousselin, dans le numéro du 17 mai, ce serait une manifestation de « la révolution arabe aux portes d’Israël ».

Les deux explications peuvent d’ailleurs se cumuler, ce qui serait particulièrement regrettable pour l’avenir des pays concernés, dans lesquels, jusqu’à présent, les opposants n’ont guère fait état du conflit israélo-palestinien.

Il est évident que l’on ne pourra pas regretter les dictateurs déjà renversés et ceux qui vont les suivre, mais il serait fâcheux pour l’équilibre de la région et l’avenir d’Israël que le conflit israélo-palestinien devienne un « abcès de fixation » commun à tous les pays musulmans.

Le souci légitime de faire triompher la démocratie et les libertés fondamentales ne peut en rien justifier le souci de mener un combat commun contre Israël au motif qu’Israël serait coupable d’une « catastrophe »….. imaginaire.

On ne rappellera jamais assez que la création de l’Etat d’Israël – comme celle d’un Etat arabe de Palestine – repose sur le droit des peuples à disposer d’eux mêmes, droit reconnu par la Charte des Nations Unies et qui a animé le mouvement de décolonisation, entrepris de par le monde depuis les années 60.

La shoah n’a été qu’un tragique événement qui a rendu urgente la mise en oeuvre de ce droit au profit du peuple juif, au même titre que ce droit justifie la création d’un Etat palestinien.

Les Palestiniens ont en quelque sorte fait leur propre malheur en refusant la création d’un Etat arabe en 1947, car l’ « Etat arabe » avait vocation à accueillir, dès cette époque, les « réfugiés palestiniens », au même titre que l’Indiens et le Pakistanais ont accueilli leurs coreligionnaires respectifs au moment du partage de l’Inde.

Pourquoi « deux poids, deux mesures » ?



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