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Là-bas où ils sont
par Meïr Waintrater - Billet diffusé sur RCJ le 2 mars 2011
Article mis en ligne le 4 mars 2011

J’écoutais l’autre jour l’émission de Daniel Mermet « Là-bas si j’y suis », sur France Inter. Deux invités, Alain Badiou et Eric Hazan, défendaient un livre qu’ils viennent de publier ensemble sous le titre « L’antisémitisme partout ».
Je ne parlerai pas du livre, car je ne l’ai pas lu. En revanche, je peux parler de l’émission. De quoi s’agit-il ? Le titre est évidemment ironique.

Quand on dit « L’antisémitisme partout », c’est pour dénoncer ceux qui voient de l’antisémitisme partout. Et qui sont ces gens-là ? Vous l’avez deviné : ce sont les propagandistes pro-israéliens, dont la seule motivation est de s’en prendre aux hommes coupables « d’oser critiquer la politique israélienne ».

J’écoute MM. Badiou et Hazan, interviewés complaisamment par M. Mermet, et je suis pris par le bruit de ces voix, par cette espèce de mouvement perpétuel où reviennent de temps à autre des expressions fétiches comme « terrorisme intellectuel » ou « délire accusatoire », les terroristes et les délirants étant les vilains propagandistes pro-israéliens accusés de « stigmatiser la jeunesse arabe ».

J’écoute, et j’ai un étrange sentiment de déjà vu, de déjà entendu. Ces voix chevrotantes débitant des banalités, ces échanges où l’approbation tient lieu de dialogue, ces rires gras saluant l’évocation d’un adversaire invisible, où ai-je déjà entendu cela, jusqu’à la nausée ?

Soudain, la lumière se fait. Mais c’est bien sûr ! Radio Courtoisie a piraté la fréquence de France Inter. Ils ont changé de vocabulaire, mais ce sont les mêmes. La gérontocratie de l’extrême droite et la gérontocratie de l’extrême gauche ont en commun des valeurs sûres : autosatisfaction, indifférence aux arguments d’autrui, et nécessité constante de diaboliser quiconque fait entendre une voix différente.

Attention : je ne traite pas MM. Mermet, Hazan et Badiou de fascistes. C’est leur méthode à eux pour refuser la critique, ce n’est pas la mienne. Mais comment ne pas être frappé par des analogies de forme qui, par-delà les systèmes de pensée, réunissent des hommes dont la haine semble être le principal ressort ?



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