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Deuxième jour du procès contre Eric Zemmour : où on voit qu’il soulève de vrais problèmes et que vouloir le faire condamner relève de motivations idéologiques
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 14 janvier 2011
dernière modification le 16 janvier 2011

Après une première journée aux allures de règlements de comptes avec Eric Zemmour et des témoignages peu convaincants pour les parties civiles, la diversité de témoignages en faveur du journaliste entendus lors de la seconde audience aura été d’un bien plus grand intérêt

Louis Schweitzer

Le quatrième et dernier témoin cité par les parties civiles, était Louis Schweitzer, ancien président de la Halde, une institution que critique Eric Zemmour, qui la qualifiait d’ailleurs au premier jour de son procès de « mauvaise réponse à une bonne question.  » Il fut facile à l’avocat d’Eric Zemmour de démonter la fragilité de son témoignage en rappelant qu’alors que la Halde avait condamné l’exclusion par une crèche de l’une de ses employées qui était venue travailler voilée, Jeannette Bougrab, qui l’a succédé à la présidence, ainsi que le Conseil des Prud’hommes, lui ont donné raison.

Pour Eric Naulleau, ce qu’a dit Eric Zemmour relève du débat d’idées

Le premier des témoins suivants, cités par la défense, a été Eric Naulleau, qui précisait être souvent en désaccord avec les idées d’Eric Zemmour aux côtés de qui il travaille depuis 4 ans, a décrit la manière dont se déroulent des émissions telles que celles au cours desquelles les paroles incriminées ont été prononcées, très différentes de l’émission « On n’est pas couché », bien plus longue. On n’a « pas le temps de nuancer, d’argumenter, il est pratiquement impossible de de préciser. » Pas de place pour « la subtilité, la nuance....S’il avait pu s’exprimer, ce qu’il a dit aurait été beaucoup plus clair... »

D’autre part, « ce genre de propos ne rend pas compte de ce qu’il pense... » Et « devant une caméra, on n’est pas dans un colloque ou une ambiance intellectuelle... » De surcroît à propos des discriminations à l’embauche, « il parle d’une situation dont on ne parle jamais et fait avancer la lutte contre la discrimination bien plus que des âmes nobles par leurs pétitions. »

Pour lui, faire ce procès à Eric Zemmour pour ce qu’il a dit est «  une défaite de la pensée » car cela relève en fait au domaine du « débat d’idées.... et cette manière de ne pas débattre est un aveu de faiblesse. » Quant au fait que « la tête d’Eric Zemmour ait été demandée.. : on renonce au débat d’idées et on demande la tête d’un homme.... » A propos du bandeau ajouté par Thierry Ardisson, « immigration, Zemmour dérape, » il estimait que cela « n’est pas très heureux et peut être ravageur. » Et il revient au producteur « si on tient des propos scandaleux de les couper... »

Robert Ménard : ce que pense Eric Zemmour « ne relève pas de la justice, » et il a « factuellement raison. »

Le cofondateur de Reporters Sans Frontières, qui s’est « battu pendant 25 ans pour la liberté des journalistes, » et n’est « pas d’accord avec Eric Zemmour sur un certain nombre de points, » évoquait, lui aussi, comme Eric Naulleau, « la mécanique » de certaines émissions de télévision, « le temps trop court, les phrases coupées...l’impossibilité de revenir sur ses propos...ou de visionner une émission enregistrée. » Il ajoutait que ce que pense Eric Zemmour « ne relève pas de la justice, « et qu’il a « factuellement raison. »

Pierre Manzini, préfet de l’Allier

Évoquant ses origines italiennes, le Préfet de l’Allier, notait que parler de « la Mafia, au sens historique du terme et dire que des Italiens étaient interrogés parce que la plupart des mafieux l’étaient, était un fait, » et cela ne signifiait pas que « tous les Italiens sont mafieux... » Et il citait, entre autres, les synthèses de la Police Nationale ou de la Gendarmerie lues lorsqu’il était au Cabinet du ministère de l’Intérieur ne laissant aucun doute quant à la sureprésentation des populations d’origine immigrée dans la délinquance.

Il dénonçait une «  omerta  » sur ces questions et un déni de la réalité humaine, contestant, par ailleurs, qu’il puisse y avoir de « contrôles au faciès,....les policiers faisant les contrôles qu’ils doivent pratiquer...et ceci est un faux débat...et serait contraire à l’efficacité de la police... » Le Préfet ajoutait que lors de sorties avec la BAC il avait été «  admiratif des policiers et des gendarmes pour leur calme et leur sang-froid en dépit de l’extrême mépris à leur égard.  » Et « s’il y a dérapage, il y a enquête... »

En réponse à une question d’un avocat des parties civiles le Préfet racontait que les syndicats de la Centrale de Moulins, très important centre pénitentiaire, sont préoccupés par l’islamisation de la prison au nom de la laïcité, les espaces publics de promenade ne pouvant être transformés en lieux de prières. Une réalité des choses, » ajoutait-il, soulignant « la tension entre le réel tel qu’il est vécu et tel qu’il est perçu dans les circulaires et cadrages des politiques publiques. »

Pierre Monzani se disait par ailleurs attaché à la liberté d’expression des journalistes...

Lucienne Bui-Trong : délinquance plus élevée dans les milieux issus de l’immigration

Témoignage aussi d’une retraitée de la police nationale, Lucienne Bui-Trong, ayant dirigé pendant 10 ans aux RG « l’observatoire sur la violence dans les quartier sensibles », qui expliquait que si l’origine ethnique des délinquants était étudiée c’était en raison de son impact sur l’intégration. Et ces études ont montré que les mêmes difficultés sociales n’engendraient pas le même taux de délinquance dans des milieux qui n’étaient pas issus de l’immigration. Des données utilisées dans un travail mené avec plusieurs ministères pour comprendre les racines de la violence et donc tenter de les combattre.

Elle ajoutait que ce qu’elle « avait prévu, s’était réalisé... ». Ses données, rapportées dans de nombreuses réunions et devant de nombreux auditeurs ont servi de source pour plusieurs articles sur la question.

Claude Goasguen : « on ne peut régler de problème si on n’en parle pas, c’est absurde... »

Ancien ministre, inspecteur de l’Éducation Nationale, Recteur d’Académie, avocat, professeur de Droit, Claude Goasguen a apporté un éclairage à la fois juridique et politique. Soulignant, par exemple, que la France est l’un des rares pays où il n’y a pas de statistiques ethniques, qui existent pourtant partout : dans des missions ou commissions parlementaires. Car « on ne peut régler de problème si on n’en parle pas, c’est absurde...il est clair qu’il y a un vrai problème dans les HLM et comment le régler si on n’en connait pas les origines, une immigration mal faite... »

Il s’étonnait d’ailleurs que « les images de la violence dans certains films ne soient pas dénoncées...Pourquoi Zemmour et pas les autres  ? » S’étonnant aussi qu’accuser la police de racisme n’ait pas été dénoncé non plus. D’autant qu’en ce qui le concerne, « la déclaration d’Eric Zemmour est factuelle et neutre. » Et « on ne peut commencer à encadrer les journalistes de manière coercitive... » De plus, « un journaliste a le droit de se tromper....ce n’est pas un délit de se tromper... » disait-il à propos d’une phrase reprochée à Eric Zemmour - qui expliquait par ailleurs que ce qu’il avait dit alors renvoyait à un épisode précédent du débat -.

Claude Goasguen ironisait sur « le robinet d’eau tiède de certains journalistes » politiquement corrects et dénonçait le silence d’autres ne mentionnant pas le nom de certains délinquants, « un silence qui devient presque discriminatoire... » « Ouvrir le débat en défendant la police est fondamental dans une démocratie, » rappelait-il, annonçant des débats à venir sur ces questions et ajoutant « tout ceci est dérisoire... »

Patrick Champion : cela relève « du débat démocratique et de la liberté d’expression, une priorité, un droit fondamental. »

Patrick Champion, ancien conseiller spécial de Rama Yade, ancienne Secrétariat d’État aux Droits de l’Homme, se disait «  consterné de la suspicion sur le langage en France aujourd’hui... et qu’on accuse facilement les gens de racisme.... » ajoutant : « à force de crier au loup, si le loup arrive on ne le voit pas »

A propos d’une pratique qui veut occulter des mots comme Noir ou Arabe – qui, selon l’un des témoins des parties civiles n’existent pas – il notait que « à cacher les mots, on provoque un refoulement qui débouche sur un déchaînement de violence et le catéchisme idéologique cause des dégâts... »

Ce qu’a dit Eric Zemmour relève « du débat démocratique et de la liberté d’expression, une priorité, un droit fondamental. »

Denis Tillinac : « on fait de lui un bouc émissaire pour escamoter le réel alors qu’il introduit le réel dans le débat public »


Constat de Denis Tillinac, écrivain et éditeur, dénonçant « l’air du temps sur la Rive Gauche de la Seine, » : « on fait de lui un bouc émissaire pour escamoter le réel alors qu’il introduit le réel dans le débat public. Il y a une volonté d’empêcher différents mots, une réalité qu’il ne faut pas dire...quelque chose de sournois, une espèce de censure qui me fait peur... »

Rapportant un reportage auquel il avait collaboré, réalisé à Fleury Mérogis, il notait que les journalistes « avaient été marqués par le fait qu’il y avait une majorité conséquente de détenus d’origine maghrébine ou africaine. » Et il y a « un problème de l’immigration en France...des élus de droite et de gauche le disent avec une crudité qui fait de ce qu’Eric Zemmour dit un euphémisme.. » Et, « ce n’est pas en le traquant comme un gibier malfaisant que des associations au substrat idéologique connu rendront la France plus fraternelle... »

Xavier Raufer : des gens disent la même chose et ne sont pas poursuivis.


Précisant que si les criminologues s’intéressent à ce que font les délinquants et pas à ce qu’ils sont, Xavier Raufer, enseignant en criminologie à Paris II, notait qu’il « se peut que l’origine , ou la profession, aient une influence sur les infractions et que les connaître puisse donner la capacité de les prévenir. » Précisant que « ce ne sont pas des populations en tant que telles qui sont criminelles, mais une minorité... il n’y a pas de gène criminel. Il faut savoir pour corriger. »

Ce procès déterminera « qui a le droit de dire quoi dans ce pays.... » Il ajoutait, en donnant des exemples précis, : « des gens disent la même chose et ne sont pas poursuivis... Qui décide que l’on est trainé devant les tribunaux ou pas selon que l’on est M. Bouti [ qui a constaté à Fleury Mérogis la proportion disproportionnée des minorités visibles par rapport à la société française ] ou M.Zemmour ? »

Toujours avec des exemples précis de statistiques ethniques dans des pays voisins, comme la Belgique et les Pays-Bas, il montrait que ce sont des façons de savoir, de nuancer et donc de « lutter contre les discriminations et la criminalité »

A propos d’une étude commandée par M.Sorros, citée par une partie civile, il indiquait qu’elle n’était pas crédible et l’avocat de la défense, Olivier Pardo, déplorait à nouveau que ses confrères fassent état de pièces qui n’avaient pas été produites. Par ailleurs, Xavier Raufer estimait que ce ne sont pas des contrôles d’identité qui criminalisent : « on ne devient pas Mesrine parce qu’on a été contrôlé à la sortie du métro... »

Les témoignages de Jean-Pierre Chevènement, Gaëtan Gorce, Christophe Girard

Le Président du Tribunal donnait lecture des témoignages de témoins n’ayant pu être présents. L’ancien ministre et Sénateur Jean-Pierre Chevènement écrivant à propos des phrases reprochées à Eric Zemmour : « la formulation est sans doute excessivement brutale mais il ne dit pas une chose inexacte....plus de la moitié des infractions sont imputables à des jeunes dont le patronyme est de consonance africaine ou maghrébine, comme celui de M.Zemmour lui-même. » Il poursuivait : «  il ne faut pas incriminer un journaliste qui dit une réalité dérangeante. » Et cette « prise de conscience » permettra de « traiter le fond. »

Affirmant « ne partager en rien les idées » d’Eric Zemmour, le député socialiste de la Nièvre, Gaëtan Gorce, estimait néanmoins qu’il a « la liberté d’exprimer ses idées. »Eric Zemmour est poursuivi, dit-il, « pas pour ses propos » malheureux mais exceptionnels mais « pour sa liberté de ton et d’esprit. » Et ce procès, selon lui, « n’apportera rien à l’antiracisme. »

Quant à Christophe Girard, l’adjoint du maire de Paris pour la culture, qui rappelle qu’Eric Zemmour a dressé de lui quand il a été élu « un portrait peu aimable, caricatural, » il affirme cependant être « attaché à la liberté d’expression » d’un journaliste qui ne représente que lui-même, y opposant le contexte du débat...de plus en plus médiocre et vulgaire.


Lire la suite : Procès Éric Zemmour, troisième jour : le procès qui lui a été intenté est le procès d’une certaine conception de la France



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