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La première règle de la stratégie
Par Caroline B. Glick | Jerusalem Post - Adaptation française de Sentinelle 5770 ©
Article mis en ligne le 12 juin 2010

Les dirigeants d’Israël s’enlisent dans les détails pendant que l’Iran les mène en bateau. La première règle de la stratégie est de maintenir votre opposant occupé à surveiller votre agenda de façon à ne pas lui laisser le temps de faire avancer le sien. Malheureusement, les dirigeants d’Israël semblent méconnaître cette règle, alors que ceux de l’Iran sont passés maîtres dans son application.

Au cours des semaines écoulées, Israël s’est totalement consacré à des questions au mieux secondaires. Des questions comme combien d’assistance supplémentaire Israël devrait apporter à Gaza contrôlé par le Hamas, et comment écarter au mieux, ou bien céder aux manifestations de lynchage diplomatique international, ont dominé les agendas du Premier ministre Benyamin Netanyahou et de ses principaux ministres. Nos dirigeants politiques – comme nos commandants militaires et nos agences de renseignement – ont été si occupées à penser à ces questions qu’ils ont effectivement oublié la seule question qu’ils auraient dû considérer.

Le plus grand défi stratégique d’Israël, empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires, est sorti de leur esprit.

Dans l’ombre de notre distraction, l’Iran et ses alliés opèrent sans se troubler. De fait, comme nos dirigeants se sont totalement consacrés à contrôler le dommage causé par la flottille turque – le Hamas soutenue par l’Iran, l’Iran et ses alliés ont bénéficié de magnifiques semaines.

Il est vrai que mercredi, le Conseil de Sécurité de l’ONU a adopté une nouvelle résolution de sanctions contre l’Iran pour son refus de mettre fin à son programme d’enrichissement illicite de l’uranium. Mais cette résolution du Conseil de Sécurité elle-même est emblématique du triomphe de l’Iran.

La position de l’envoyé de Netanyahou devrait être l’image en miroir du rôle de l’envoyé d’Obama au Moyen Orient, George Mitchell. On devrait lui attribuer une suite de bureaux luxueux, plusieurs adjoints, assistants et porte-parole, et toute liberté de parler avec les Palestiniens et l’administration Obama jusqu’à la saint Glin-Glin.

Il a fallu une année au président des USA Barack Obama pour se décider à rechercher des sanctions supplémentaires contre l’Iran. Il lui a fallu six mois de plus pour convaincre les alliés de l’Iran, la Russie et la Chine, de soutenir les sanctions. Entre temps, les sanctions qu’Obama qualifie de « sanctions les plus larges auxquelles le gouvernement iranien a été confronté », n’auront aucun impact sur le programme nucléaire de l’Iran.

Elles ne renforceront pas le Peuple iranien pour renverser leur régime. Et elles ne conduiront pas le régime iranien à reconsidérer son programme d’armes nucléaires. Elles n’empêcheront même pas la Russie de fournir à l’Iran des missiles anti-aériens S-300 pour protéger ses installations nucléaires d’une attaque aérienne.

Ces sanctions longtemps attendues mais totalement sans valeur soulignent que la vie est formidable ces jours-ci pour les dirigeants de l’Iran et leurs alliés. Il y a un an, le régime iranien était suspendu à un fil. Après avoir volé les élections présidentielles le 12 juin dernier, Mahmoud Ahmadinejad et son chef, Ali Khamenei réclamèrent l’assistance de tous les cinglés du régime pour abattre la révolte populaire contre eux. En fait, ils durent importer des cinglés du Hezbollah du Liban pour se protéger ainsi que leur régime contre leur propre Peuple. Des dirigeants européens comme le Président français Sarkozy soutenaient ouvertement le Peuple iranien en annonçant leur intention de renverser le régime.

Mais alors Obama prit le parti du régime contre son opposition démocratique domestique. Voulant donner à sa politique de compromis un effet de lift, Obama mit plusieurs jours à exprime le plus léger soutien au Peuple iranien. En même temps, son porte-parole continuait de qualifier le régime de gouvernement « légitime » de l’Iran.

Le soutien d’Obama à Ahmadinejad obligea les dirigeants européens comme Sarkozy à tempérer leur soutien aux activistes opposés au régime. Pire, en mettant les protestataires démocratiques à niveau égal, Obama donna effectivement le feu vert à Ahmadinejad et Khamenei de recourir à la force brutale contre eux. C’est à dire, en ne parvenant pas à soutenir les protestataires démocratiques, Obama convainquit le régime qu’il pouvait s’en sortir en tuant nombre d’entre eux et en en torturant des milliers de plus.

Pendant une année, les opposants au régime ont bouillonné sous la surface, sans dirigeant ni aide en provenance su monde libre. Il leur faudra un miracle pour organiser une protestation pour l’anniversaire de la première année après les élections volées. Il est inimaginable qu’ils soient en mesure de renverser le régime qu’il soit en possession de l’arme nucléaire.

Il y a un an, Ahmadinejad avait peur de se montrer en public. Mais cette semaine, il a été accueilli en héros à Istanbul. Il a eu là une réunion bilatérale non seulement avec le Premier ministre turc Recep Tayip Erdogan, mais aussi avec le Premier ministre russe Vladimir Poutine.

Au cours de l’année passée, l’Iran a approfondi ses liens stratégiques avec la Chine et la Russie. Il a développé une alliance stratégique ouverte avec la Turquie. Il a étendu son réseau d’alliances stratégiques en Amérique du Sud. Désormais en plus du Venezuela, du Nicaragua, de l’Equateur et de la Bolivie, l’Iran compte le Brésil parmi ses alliés.

Puis il y a le Liban. Comme le régime de Téhéran, le vassal libanais de l’Iran, le Hezbollah a perdu les élections libanaises en juin dernier. Et comme le régime de Téhéran, le Hezbollah a été capable d’user de la force et la menace de la force pour non seulement imposer son retour au gouvernement libanais, mais pour s’assurer le contrôle sur le gouvernement libanais.

Désormais aux commandes, avec le soutien iranien et syrien, le Hezbollah détient un arsenal de 42.000 missiles avec des portées qui couvrent tout Israël.

Puis aussi, la situation diplomatique du Hezbollah n’a jamais été meilleure. Cette semaine, l’ancien ambassadeur américain en Irak, Ryan Crocker a appelé les USA à initier un politique d’assistance au groupe terroriste illégal contrôlé par l’Iran. Ryan est le second officiel américain de premier plan, après le conseiller en chef d’Obama pour le contre-terrorisme John Brennan, à appeler les USA à accepter le Hezbollah comme acteur légitime dans la région.

De même pour la Syrie, elle n’a fait que bénéficié de son alliance avec l’Iran. Le gouvernement Obama a renoncé à plusieurs sanctions commerciales contre Damas.

En bataillant au Sénat pour faire confirmer son choix de l’ambassadeur américain en Syrie, le gouvernement Obama est devenu le champion du régime.

En admettant que le Sénat abandonne son opposition, la Syrie recevra le premier ambassadeur américain à Damas en cinq ans alors qu’elle défie l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) et fait ouvertement proliférer la technologie nucléaire. Aujourd’hui, le Syrie est en même temps en train de reconstruire son réacteur nucléaire à Dar Alzour qu’Israël aurait détruit le 6 septembre 2007, et de construire des installations nucléaires supplémentaires.

Heureusement pour Bashar Assad, l’AIEA est trop occupée à tenter de contraindre Israël à donner son accord à des inspections internationales de ses installations nucléaires légales pour y prêter la moindre attention. Depuis juin 2008, l’AIEA n’a réalisé aucune inspection en Syrie.

Et voilà le cœur de l’affaire. La principale raison pour laquelle l’année passée a été si bonne pour l’Iran et ses alliés, c’est parce qu’ils sont parvenus à tant occuper Israël à écarter des attaques que Jérusalem n’a pas eu le temps de les affaiblir en aucune manière.

Il est vrai que la plus grande part de la faute ici est due au USA. Depuis son arrivée en fonction, Obama a démontré chaque jour que sa première priorité est d’obliger Israël à faire des concessions aux Palestiniens. De même pour l’Iran, les décisions d’Obama jusqu’à présent démontrent que son objectif n’est pas d’empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires. Plutôt, c’est d’éviter qu’on lui reproche l’acquisition par l’Iran d’armes nucléaires. De plus, Obama a utilisé le programme d’armes nucléaires de l’Iran – et de vagues promesses de faire quelque chose pour ça – comme moyens d’obliger Israël à faire des concessions sans réciprocité aux Palestiniens.

Le problème est que, en dépit de la preuve surabondante qu’Obama n’est pas fondamentalement sérieux pour empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires, les dirigeants d’Israël ont continué de joué le jeu avec lui. Et ce faisant ils ont perdu le contrôle de leur temps et de leur plan d’actions.

Quand Obama est arrivé en fonction au début, il s’était engagé à trois choses : se concilier l’Iran, attaquer Israël pour la construction de foyers pour les juifs de Judée et de Samarie, et condamner Israël pour son refus de la création d’un Etat palestinien.

Obama n’a été qu’en partie dissuadé de se concilier l’Iran quand Ahmadinejad rejeta son offre d’enrichir l’uranium pour les mollahs en décembre dernier. Comme pour ses autres objectifs, il obligea Netanyahou à accepter de soutenir un Etat palestinien en juin dernier, et l’obligea à mettre fin à la construction de foyers juifs en Judée et en Samarie en septembre dernier.

Le rejet par Ahmadinejad de la main tendue a forcé Obama à lancer son initiative molle de sanctions sans valeurs à l’ONU. Mais il usa de cette tentative pour obliger Israël à faire davantage de concessions sans réciprocité. Après avoir empoché l’interdiction de la construction juive en Judée et en Samarie, Obama s’est tourné vers Jérusalem.

De là, il s’est ingénié à obliger Israël à accepter des négociations indirectes avec les Palestiniens via son envoyé hostile, George Mitchell. Et après avoir empoché cette concession, il a commencé à faire pression sur Israël pour céder sur son supposé arsenal nucléaire.

Après cela, il a poursuivi vers sa position actuelle de pression sur Israël d’accepter une enquête internationale sur l’application par la Marine d’Israël du blocus légal sur la côte de Gaza. Il cherche aussi à affaiblir le blocus sur Gaza en obligeant Israël à accepter une perfusion massive d’assistance des USA à Gaza contrôlé par le Hamas.

Ce dernier plan d’action d’Obama a été rendu explicite mercredi quand le président des USA a annoncé que son gouvernement allait donner 400 millions de $ d’assistance à Gaza, bien que faire cela implique d’apporter de l’aide matérielle à une organisation terroriste illégale contrôlée par l’Iran.

Les actes d’Obama sont clairement troublants, mais aussi troublants soient-ils, ils ne sont pas le principal problème d’Israël. Le programme nucléaire de l’Iran est le principal problème d’Israël. Et Netanyahou, les principaux ministres de son cabinet et le haut commandement de Tsahal ne doivent pas consacrer leur temps précieux à traiter avec Obama et ses exigences toujours ascendantes.

Pour se libérer ainsi que les autres responsables clés d’Israël pour faire face à l’Iran, Netanyahou déléguer la prise en charge de la question palestinienne, le gouvernement Obama et toutes les questions qui proviennent de ces deux sources. Il doit sélectionner quelqu’un extérieur à la vie politique active pour lui servir d’envoyé spécial dans cet objectif.

La position de l’envoyé spécial de Netanyahou doit être l’image en miroir du rôle de l’envoyé d’Obama au Moyen- Orient, George Mitchell. Il doit se voir confier une suite de bureaux luxueux, plusieurs assistants, adjoints et porte parole, et la liberté de parler avec les Palestiniens et l’administration Obama jusqu’à la saint Glin-Glin.

Dans le même temps, Netanyahou et les ministres importants de son cabinet et ses conseillers doivent se consacrer à mener la bataille contre l’Iran. Ils ne doivent pas seulement se préparer à attaquer les installations nucléaires de l’Iran.

Ils doivent préparer le pays à essuyer la contre-attaque iranienne qui suivra sûrement.

Ces préparatifs impliquent non seulement de fortifier le front intérieur d’Israël. Netanyahou et son cabinet doivent préparer une offensive diplomatique et juridique contre l’Iran et ses alliés dans la précession, et la suite, d’une frappe israélienne contre l’Iran.

La personne la plus évidemment qualifiée pour remplir ce rôle vital est l’ancien ministre de la défense Moshe Arens. Il possède l’expérience, la sagesse et l’envergure pour occuper la fonction. Dépourvu de toute ambition politique, Arens ne pourrait en aucune façon constituer une menace pour le pouvoir de Netanyahou.

Quel que soit le choix de Netanyahou, il doit choisir vite. Son échec à garder présent à l’esprit la première règle de la stratégie met Israël en péril de plus en plus grand avec chaque jour qui passe.


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