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Halte aux élucubrations
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 18 mars 2010

Décidément, le correspondant à Jérusalem du journal Le Monde est à l’affût de tous les ragots, qui traînent sur Internet et ailleurs. Dans le numéro daté du 18 mars, il évoque, à nouveau, la synagogue de la Hourva pour nous apprendre que « pour certaines organisations radicales, son inauguration après travaux signifie qu’il est temps de reconstruire le troisième Temple des Juifs, sur les lieux de la mosquée Al-Aqsa, ce qui sous-entend la destruction de celle-ci ».

Ayant, sans doute, vu le croquis paru dans Le Figaro, daté du 17 mars, situant cette synagogue au sein du Quartier juif, à distance du « Mur occidental » et du Mont du Temple/Esplanade des mosquées, il nous a, cependant, épargné l’ineptie, que l’on trouve, sur un site Internet consacré au « Collectif Cheikh Yassine » (du nom du chef spirituel du Hamas, éliminé par Israël, il y a quelques années).

Ce « Collectif », qui organise, périodiquement, des manifestations à Paris (la prochaine étant programmée pour samedi prochain) ou à Drancy (contre l’imam de la mosquée), souligne « l’arabité de Jérusalem » et prétend, en effet, que « les travaux de restauration de la Hourva ont mis en danger la mosquée Al Aqsa ».

Il est vrai que les animateurs de ce site, basés en France, ne s’intéressent pas à la géographie des lieux, étant avant tout animés par la haine des « sionistes ».

Certes, il y a sur Internet des vidéos de Youtube ou Dailymotion, qui évoquent cette hypothèse et même un rabbin, Haïm Richman, qui vit en Israël, où il anime l’ « Institut du Temple » et dispose, même, d’un réseau de télévision sur Internet.

Mais ce ne sont pas quelques centaines d’illuminés, qui peuvent parler au nom du peuple juif.

Notons d’ailleurs que pour certains Juifs, la création de l’Etat d’Israël a pu constituer une hérésie, car dans leur conception, une telle décision ne pouvait être prise que par D-ieu.

Sans doute, les Juifs évoquent, chaque Chabbat, la prophétie d’Isaïe selon laquelle D-ieu ramènera les dispersés de son peuple pour être rassemblés autour de la montagne sainte et bâtir en Son Nom le Temple messianique qu’on appellera « la maison de prière pour toutes les nations » ((56,7)).

Mais c’est un rêve, au même titre que la venue du Messie à la fin des temps….

En attendant, il est scandaleux que Laurent Zecchini se fasse le haut-parleur de ceux qui prétendent que la première étape a été atteinte avec la restauration de la Hourva et qu’il est temps de penser à la seconde, c’est à dire la reconstruction du Temple et la destruction de la mosquée Al-Aqsa.

Car, bien évidemment, et les événements récents le prouvent, ce genre d’élucubration est de nature à exciter les esprits et à pousser au pire.

Décidément, les correspondants du Monde en Israël passent, mais le même état d’esprit anti-israélien demeure.

Attendons nous à une page « Débats » consacrée à cette question et où les contributeurs seront choisis à bon escient, comme le fait, également, Le Figaro, qui, récemment, donnait « la plume » à Dominique Moïsi et Alain Dieckhoff pour tenir des propos iconoclastes.

Pour conclure cette réflexion, nous voudrions évoquer une « Lettre ouverte à M. Sarkozy, Président de la République » écrite par 10 « ambassadeurs de France » (c’est à dire titulaires à vie de cette dignité) et 7 anciens ambassadeurs, qui n’ont sans doute pas osé dévoiler leur correspondance dans le support papier du journal et qui l’ont confiée au site Internet du journal, le 1er mars dernier, comme vient de me le signaler un de mes correspondants.

Délaissant le parallélisme, ces diplomates à la retraite, donc libérés du devoir de réserve, ciblent les responsabilités de l’impasse, dans laquelle, effectivement, se trouve le conflit israélo-palestinien.

La formule est saisissante : d’un côté « jamais le gouvernement israélien, pressé par ses colons, n’a été aussi intransigeant », de l’autre « jamais la représentation palestinienne divisée n’a été aussi faible ».

Vous avez compris : d’un côté le méchant, qui est fort et de l’autre le faible, d’autant plus que l’on souligne la « modération du côté palestinien ».

Et ces « bonnes âmes » de nous ressortir l’ « offre arabe de reconnaissance pleine et entière d’Israël » si l’Etat palestinien est créé « selon une équité historique avec Israël et dans le cadre du droit international ».

A cette fin, ils écrivent la chanson et la chantent, : faisant fi de la lettre et de l’esprit de l’accord d’armistice de 1949, qui précisait que la ligne de démarcation des forces armées opposées ne constituait qu’une ligne de cessez-le feu et non une frontière, ils nous « ressortent » les « frontières de la ligne verte de 1967 » (alors que cette ligne date de 1949),

Ils oublient, du même coup, la résolution 242 du Conseil de sécurité qui, après la Guerre de Six Jours, avait posé comme base d’une paix juste et durable, des « frontières sûres et reconnues », sans pouvoir s’y référer, car, précisément, elles n’existaient pas encore, contrairement à ce que prétendent, aujourd’hui, ces « Excellences ».

Bien évidemment, elles nous proposent également un « partage de Jérusalem avec garantie d’accès aux lieux saints », en oubliant, que de 1948 à 1967, Jérusalem était divisée, sans que la société internationale se préoccupe de permettre aux Juifs d’aller prier au « Mur occidental » et dans les lieux de culte du quartier juif.

Or, aujourd’hui, sous réserve de la nécessité de certaines mesures de sécurité pour assurer le maintien de l’ordre et la protection des pèlerins, Israël garantit l’accès des lieux saints à tous ceux, qui sont animés d’un esprit pacifique.

Enfin, mais, là, on reste sur sa faim, cette « Lettre ouverte » évoque la « solution au problème des réfugiés palestiniens ».

Or, les Israéliens n’ont jamais éludé cette question, à condition que la solution ne conduise pas à la délégitimation de l’Etat d’Israël, en tant qu’Etat des 1uifs (pour ne pas reprendre la formule même de la résolution des Nations Unies, en 1947 : l’Etat juif).

Nous ne saurons, sans doute, jamais ce que le Chef de l’Etat a répondu à ces « serviteurs de l’Etat, qui ont terminé leur mission publique, mais qui ont gardé leur ambition pour la France » (c’est ainsi qu’ils se présentent).

Mais c’est la loi du genre….



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