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Médicaliser les meurtres de masse
Par Charles Krauthammer - Jewish World Review | Adaptation française de Sentinelle 5770
Article mis en ligne le 14 novembre 2009
dernière modification le 15 novembre 2009

Quelle surprise – qu’un individu qui hurle « Allahu Akbar » (le cri de bataille jihadiste : Allah est le plus grand) en tirant dans une pièce emplie de soldats américains, puisse avoir des motivations islamistes. Ca a sûrement été une surprise pour les principaux media, qui ont passé la fin de semaine après le massacre de Fort Hood à minimiser les croyances religieuses de Nidal Hassan.

« Cela m’embarrasse qu’il soit musulman… Je crois plutôt que c’est un cinglé » a dit Evan Thomas de ‘Newsweek’. Certains sont plus catégoriques. Joe Klein du ‘Time’s’ décrit « d’odieuses tentatives d’extrémistes juifs... de souligner que le massacre perpétré par Nidal Hassan était en quelque manière une conséquence directe de ses croyance islamiques ». Alors que personne ne pouvait trouver le motif particulier du cherchez-le-juif* chez Klein, le fil populaire de cette affaire était celui d’un psychiatre de l’armée poussé à bout par les terribles narrations qu’il avait entendues de soldats de retour d’Irak et d’Afghanistan.

Ils ont souffert. Il écoutait. Il a craqué.

Vraiment ? Qu’en est-il des médecins et des infirmières, des conseillers et des kinésithérapeutes au Centre médical de l’armée Walter Reed, qui écoutent et vivent chaque jour la douleur et la souffrance des soldats au retour ? Combien d’entre eux se sont alors emparé d’une arme pour tirer sur 51 innocents ?

Et qu’en est-il des psychiatres civils – pas le psychanalyste ‘d’Upper West Side’ traitant les névrosés à la Woody Allen, mais les milliers de médecins travaillant avec des psychotiques hospitalisés – qui entendent chaque jour non pas seulement des histoires, mais les cris de l’angoisse la plus insoutenable, du tourment le plus inimaginable ? Combien de ces médecins ont commis des meurtres de masse ?

J’ai pratiqué la psychiatrie il y plusieurs décennies. J’ai peut-être manqué l’épidémie.

Mais bien sûr, si le tireur se nomme Nidal Hassan, dont la radio publique nationale a rapporté qu’il a tenté de faire du prosélytisme auprès de médecins et de patients, alors il faut trouver quelque chose. Et presto ! Un syndrome de stress secondaire post-traumatique (PTSD), une invention pratique pour permettre d’ignorer l’évidence.

Et la finesse morale parfaite. Médicaliser les meurtres de masse ne fait pas qu’exonérer. Cela transforme le meurtrier en victime, sympathique en fait. Après tout, un PTSD, pour ceux qui y croient (et vous ne le trouverez pas dans le DSM IV-TR**, Manuel de psychiatrie diagnostique et statistique), est connu comme un « épuisement pas compassion ». Le pauvre homme – poussé à bout par un excès de sensibilité.

Avons-nous totalement perdu notre boussole morale ? Nidal Hassan aurait tué de sang-froid 13 innocents. Sa carte professionnelle portait son nom, sa profession, ses diplômes médicaux et son identité professionnelle dans l’armée des USA. Et pas « SoA » ‘Soldat d’Allah’. Dans de tels cas, le politiquement correct n’est pas seulement une abomination. C’est un danger, clair et actuel.

Songez au traitement par l’armée du comportement antérieur d’Hassan. Daniel Zwerdling de ‘NPR’ a eu un entretien avec un collègue d’Hassan à Walter Reed au sujet d’une grande présentation à faire dresser les cheveux sur la tête, que Hassan y avait apparemment donnée. Les grandes présentations sont l’évènement académique le plus sérieux dans un hôpital universitaire – des médecins titulaires, des chefs de clinique et des étudiants se réunissent pour une conférence sur un cas instructif aussi bien au plan anamnestique que thérapeutique.

J’ai assisté à des dizaines d’entre eux. En fait, j’en ai fait une moi-même sur une amnésie rétrograde post-traumatique – et comme vous pouvez le constater, ces conférences sont plutôt techniques. Pas celle de Hassan. La sienne a été une dissertation d’une heure sur ce qu’il a appelé la vision coranique du service militaire, le jihad et la guerre. Elle comprenait une réflexion décrite comme autoritaire sur les punitions décernées au incroyants – l’expédition en enfer, la décapitation, de l’huile bouillante enfournée dans la gorge. Cela « effraya réellement beaucoup de médecins » rapporta NPR.

Mais ce ne fut pas le seul incident. « Le collègue psychiatre, rapporta Zwerdling, déclara qu’il était le genre de gars dont le personnel se tenant dans l’entrée s’exclamait : pensez-vous que c’est un terroriste, ou qu’il est juste bizarre ? ».

A-t-on fait quelque chose quant à ce danger potentiel ? Bien sûr que non. Qui veut être accusé d’islamophobie et de préjugés contre la religion d’un collègue ?

On ne doit pas parler de telles choses. Pas même maintenant. Pas même alors que nous savons que Hassan était en communication avec un propagandiste notoire du jihad basé au Yémen. Jusqu’à mardi dernier, le ‘New York Times’ faisait courir une histoire sur la façon dont les soldats de retour à Fort Hood présentaient un niveau de violence élevé.

Qu’est-ce que cette violence a à voir avec Hassan ? Ce n’était pas un soldat de retour [d’opérations extérieures]. Et les soldats qui reviennent à la maison et tirent sur leur femme ou leur camarades ne crient pas « Allahu Akbar » en appuyant sur la gâchette.

La délicatesse sur la religion en question – condescendante, politiquement correcte et mortifère – n’est pas nouvelle. Une semaine après la première attaque contre le ‘World Trade Center’ (en 1993), le même ‘New York Times’ fit passer le même titre en page de couverture sur l’arrestation d’un Mohammed Salameh : « l’homme de Jersey City est accusé d’une attaque à la bombe du Centre Commercial ».

Ah oui, ces hommes de Jersey — si pleins de ressentiment à l’égard de New York, si enclins à la violence.


Notes du traducteur :

  • cherchez-le-juif : en français dans le texte.
  • * DSM IV : Manuel d’origine américaine, d’énumération des symptômes psychiatriques, qui abandonne totalement la classification française des maladies mentales par regroupement de signes et symptômes aboutissant à des diagnostics ‘nosographiques’. La classification DSM IV, fastidieuse et discutable sur le plan clinique, s’est imposée pour les comparaisons dans les études internationales.


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