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Rapport Goldstone : la France aux abonnés absents
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 18 octobre 2009

En évoquant, hier, ici même, le vote, vendredi, du Conseil des droits de l’homme sur le rapport Goldstone, nous ignorions, de façon précise, l’attitude adoptée par la France. Le bulletin du Service d’information des Nations Unies, qui donnait, certes, les noms des 6 pays ayant voté contre, ne disait rien sur ceux qui n’avaient pas participé au vote.

C’est en lisant Le Monde , daté des 18-19 octobre, que nous avons appris que parmi les 5 Etats, qui n’ont pas pris part au vote, figuraient la Grande-Bretagne et la France (en revanche, le quotidien parisien du soir passait sous silence le courage de la Hongrie, de la Slovaquie et de l’Ukraine, dont nous avions relevé le vote hostile).

Mais – ce que nous n’osions envisager – c’est le fait que, sur le fond, Paris n’est pas hostile au rapport Goldstone.

Pour expliquer la position, finalement, adoptée par la France, Le Monde se réfère à un communiqué diffusé, vendredi, par le Quai d’Orsay, dans lequel notre pays estimait « la mise aux voix de ce projet prématurée » et qu’il « mêlait de manière inopportune le rapport de la mission d’établissement des faits et des questions sans lien direct avec le mandat du Conseil des droits de l’homme ».

Autrement dit, la France aurait voté la condamnation d’Israël, si le Conseil des droits de l’homme, manipulé par sa majorité quasi-automatique anti-israélienne n’avait pas profité de l’occasion pour condamner, également, « fermement toutes les politiques et les mesures prises par Israël dans les territoires palestiniens occupés sur la base de la nationalité, de la religion, du sexe, de l’âge ou de toute autre raison discriminatoire, dont la restriction de l’accès des Palestiniens à leurs propriétés et à leurs lieux saints, en particulier à Jérusalem-Est ». Le projet de résolution prenait, aussi position, contre « les récentes violations israéliennes des droits de l’homme à Jérusalem-Est, en particulier la confiscation de terres et de propriétés, la démolition de maisons, la construction et l’expansion des colonies, la poursuite de la construction du mur de séparation, le changement du caractère démographique et géographique de Jérusalem-Est, les restrictions de la liberté de mouvement des citoyens palestiniens de Jérusalem-Est, ainsi que la poursuite des travaux d’excavation dans et autour de la mosquée Al-Aqsa ».

Bref, la France a reproché au Conseil des droits de l’homme de détourner son action « de l’objectif qu’il s’était initialement assigné ».

Mais, sur ce point, encore, pas de condamnation de la France de la prise en compte des chimères relatives aux « travaux d’excavation dans et autour de la Mosquée Al-Aqsa ».

Et Paris aurait sans doute préféré, également, que la police israélienne permette à des hordes de provoquer de graves incidents à partir de l’esplanade des Mosquées, pour pouvoir accuser, par la suite, Jérusalem de manquer à son obligation de maintenir l’ordre dans la ville.

Comment s’explique cette position, qui cadre mal avec les déclarations d’amitié du président Sarkozy à l’égard d’Israël ?

Pour notre part, nous pensons qu’elle est liée au souci du président français de sortir de l’ornière, dans lequel il s’est enlisé, son grand projet d’Union pour la Méditerranée (UPM).

Ce projet qui, certes, aurait permis de servir de lieu de rencontre entre Israël et les pays arabes du bassin méditerranéen s’est heurté, dès l’abord, aux réticences de ces derniers et ceux-ci n’ont pas manqué l’occasion de se saisir du prétexte des événements de Gaza pour demander la « suspension institutionnelle » de l’Union.

Finalement, alors que les travaux avaient repris et qu’une réunion ministérielle devait se tenir, début novembre à Istanbul, l’Egypte avait annoncé son intention de la boycotter pour protester contre la participation du ministre israélien des affaires étrangères.

Si pour Henri IV « Paris (valait) bien une messe », l’UPM vaut bien, pratiquement, pour le président Sarkozy une condamnation d’Israël.



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