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Deux poids et deux mesures
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international.
Article mis en ligne le 18 mars 2009

Une fois encore, à l’occasion du point de presse quotidien du porte-parole du Quai d’Orsay, tenu le 17 mars, un « journaliste » après avoir évoqué la question de la libération de Gilad Shalit, a interpellé le porte-parole sur le sort de Salah Hammouri. Nous avons, nous-même, ici, à deux reprises évoqué le cas de ce franco-palestinien, qui a été condamné, il y a un an, en Israël à 7 ans de prison pour avoir été impliqué dans un projet visant à assassiner Ovadia Yossef, chef spirituel du parti Shass.

Nous ne reviendrons pas sur l’indécence (Un peu de décence) qu’il y a à assimiler le cas de cet apprenti terroriste avec celui de Gilad Shalit, soldat kidnappé par des terroristes et maintenu au secret depuis près de 1 000 jours.

Plus récemment, nous étions revenu sur la question, à propos d’un précédent point de presse au Quai d’Orsay (Comparaison n’est pas raison).

L’intérêt d’évoquer, à nouveau, la situation différente de Gilad Shalit et de Salah Hammouri c’est de faire apparaître qu’il y a, effectivement, dans l’attitude de la France un comportement différent, mais pas à l’avantage de Gilad Shalit, comme semble le sous-entendre l’interlocuteur du porte-parole, mais, bien au contraire, à l’avantage de Salah Hammouri.

En effet – et nous citerons in extenso la réponse du diplomate français :

« Dès son incarcération, le 13 mars 2005, M. Salah Hammouri a fait l’objet d’un suivi constant par les autorités politiques, diplomatiques et consulaires françaises.

L’implication de la France dans cette affaire, a été constante, dans un premier temps pour permettre un jugement puisqu’il n’y avait pas de décision judiciaire et ensuite une fois le jugement prononcé. Le président de la République a évoqué le cas de M. Hammouri lors de sa visite en Israël.

Bernard Kouchner a demandé qu’il y ait un geste de clémence à l’égard de M. Hammouri, notamment lors des entretiens qu’il a eus avec M. Avi Dichter, ministre israélien de la Sécurité nationale, en octobre 2007, et avec M. Ehud Barak, ministre israélien de la Défense, le 23 janvier 2008.

L’ambassadeur pour les droits de l’Homme, M. François Zimeray a fait un point complet avec la famille de Salah Hammouri le 27 novembre dernier à Jérusalem.

Par ailleurs, le consulat a suivi l’ensemble de la procédure judiciaire, a assisté à toutes les audiences lors du procès. Les visites régulières des agents consulaires auprès de M. Hammouri se poursuivent. La dernière a eu lieu au mois de janvier et semble indiquer que M. Hammouri est en bonne santé…. ».

On aurait aimé que le sort de Gilad Shalit fasse l’objet d’autant de sollicitude de la part des autorités françaises, ne serait-ce que pour permettre la fin de l’isolement dans lequel il est maintenu, au mépris des règles du droit international humanitaire, soit au profit des autorités françaises, soit, à défaut par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge.

Il est quelque peu dérisoire de constater l’auto-satisfaction, voire l’auto-suffisance, dont fait preuve le diplomate français, lorsqu’il déclare « « Nous considérons que la situation de M. Hammouri et de M. Shalit ne sont pas les mêmes, mais cela ne veut pas dire que nous ne faisons pas d’efforts importants en faveur de l’un comme en faveur de l’autre ».

De fait, s’agissant de Gilad Shalit, la France reconnaît qu’elle ne s’est pas directement impliquée, puisqu’au cours du même point de presse, le diplomate français, interrogé sur le point de savoir si « un représentant du gouvernement français qui est en contact ou même physiquement avec les médiateurs égyptiens au sujet de la libération de Gilad Shalit  » a répondu « Il n’y a pas de participation d’un représentant français dans cette médiation, en revanche, il y a un contact étroit et très régulier avec les autorités égyptiennes sur ce sujet. Il n’y a pas de présence physique, en tout cas dans l’équipe de médiation. C’est une médiation égyptienne sur l’ensemble du dossier ».

Et à propos du fait que « les Israéliens et le Hamas se renvoient la responsabilité d’un durcissement des conditions de libération de M. Shalit contre un groupe de Palestiniens » (souligné par nous – bel euphémisme pour désigner des prisonniers palestiniens condamnés pour des crimes commis contre des Israéliens), le porte-parole répond, très courageusement : « La France n’étant pas acteur direct à cette médiation, elle n’a pas à dire quelles sont les responsabilités des parties, mais nous continuons à soutenir les efforts égyptiens en espérant qu’ils aboutiront ».

Pas question, donc, de regretter, déplorer (termes, pourtant, plus diplomatiques que condamner), le marchandage que l’on ne peut que qualifier d’odieux auquel se livre le Hamas, qui fait monter les enchères en exigeant non seulement plus d’un millier de personnes impliquées dans des activités terroristes, mais, de plus, en choisissant les bénéficiaires de cet échange contre un seul soldat israélien.

Il est vrai que le mouvement terroriste palestinien a été, en quelque sorte, « mis en appétit » par le résultat obtenu par le Hezbollah qui, à l’été dernier, a obtenu la libération de plusieurs criminels en échange de la dépouille mortelle de deux soldats israéliens, qui avaient été pris en otages, presqu’en même temps que Gilad Shalit.



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