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Le Quai d’Orsay et l’oubli du devoir de réserve
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 12 décembre 2008

Il y a quelques jours, un ancien directeur du département Afrique du Nord-Moyen Orient au Quai d’Orsay (1999-2002) donnait une leçon aux Européens, sur près d’une demi-page du journal Le Monde, daté du 10 décembre 2008, en tentant d’expliquer « Pourquoi l’Europe doit parler au Hamas ».

Le sous-titre de cet article était particulièrement éclairant sur la pensée de cet ancien diplomate, qui se présente lui-même comme « chercheur » (de fait l’intéressé, comme l’indique le Who’s who in France est, depuis son départ à la retraite, en 2007, « chercheur associé à l’Institut d’études politiques de Paris ».

« Le mouvement islamiste, en pleine évolution idéologique, est durablement installé à Gaza et dans la région. Les Européens, comme les Américains, seraient bien avisés de comprendre qu’il sera un partenaire nécessaire à tout processus de paix ».

Nous laisserons à d’autres le soin de critiquer cette thèse. Et, à cet égard, on ne peut que renvoyer les internautes à la lecture du récent article, tout à fait convaincant – de notre point de vue – d’Albert Capino, sur ce même site

Pour notre part, ce qui nous a choqué c’est le fait que l’auteur de l’article a cru devoir accoler à sa qualité de chercheur, que nous n’avons aucune raison de contester, celle d’ « ancien directeur Afrique du Nord- Moyen-Orient au ministère des affaires étrangères ».

Cette qualité est, certes, également incontestable, mais son indication nous paraît contraire au devoir de réserve, qui s’impose à tout fonctionnaire d’un certain rang.

En effet, il ne faut pas perdre de vue que, même à la retraite, un haut fonctionnaire est tenu à un tel devoir, afin d’éviter de donner l’impression que l’Administration peut avoir des vues qui divergent nettement par rapport à la politique, suivie officiellement par le gouvernement.

On signalera d’ailleurs les précisions embarrassées données par le Quai d’Orsay lorsque la presse fit état, il y a quelques semaines, de la tournée dans la bande de Gaza de cet ancien diplomate (et l’indication de cette qualité nous eut paru suffisante pour « allécher » le lecteur). L’intéressé n’était (officiellement du moins) chargé d’aucune mission officielle.

Mais de fait, la thèse défendue par ce « chercheur » va à l’encontre des thèses du président de la République.

Du coup, on comprend mieux, alors,, le comportement, adopté, parfois, par certains diplomates à la lumière de l’exemple que nous donne cet ancien responsable d’un secteur aussi sensible que celui du Moyen-Orient.

L’intéressé considère, aujourd’hui, que les trois conditions posées par les Européens pour l’établissement de contacts avec le Hamas (renonciation à la violence, acceptation des accords passés par l’OLP et reconnaissance de l’Etat d’Israël) constituent « un dogme qui ferme toute perspective », alors « que les voies existent d’une démarche progressive ».

Et notre ancien responsable du Moyen-Orient de se référer à cet égard aux idées du politologue américain Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter…..

Or, le premier n’a jamais caché son empathie pour les thèses arabes et l’autre, dont on s’étonne, après coup, qu’il ait pu patronner le rapprochement égypto-israélien, s’est dévoilé, récemment, comme un farouche adversaire d’Israël.

S’il est vrai que Brzezinski est un « proche » d’Obama, ceux qui se sont réjouis des derniers résultats des élections présidentielles américaines, risque de déchanter…..

Il paraîtrait, pourtant qu’un ancien patron du Shin Beth serait du même avis.

Ce ne serait pas la première fois qu’en Israël, et également dans d’autres pays, des militaires, surtout appartenant (ou ayant appartenu aux services secrets) oublient qu’ils appartiennent à « la grande muette ».

Quant au sondage auquel l’article se réfère, selon lequel 63% des Israéliens disent accepter le principe d’une ouverture avec le Hamas, nous pensons que notre ancien diplomate oublie de préciser que cette « ouverture » viserait à obtenir le plus rapidement possible la libération de Gilad Shalit.

Dans tous les cas, le parti pris dans le conflit Israël/Hamas, dont témoigne l’ancien responsable d’Afrique-Moyen-Orient, nous rappelle, tristement, l’orientation traditionnellement anti-israélienne (autrefois, même antisémite) dont a fait preuve la diplomatie française, depuis des décennies et que nous évoquions, il y a quelques mois, en rendant compte de l’ouvrage de David Pryce-Jones sur « Un siècle de trahison – La diplomatie française et les Juifs, 1894-2007 »



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