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Caroline Glick , THE JERUSALEM POST | Adaptation française de Sentinelle 5768 ©
Article mis en ligne le 13 février 2008

Je suis un élitiste. Quatre-vingt pour cent des décisions essentielles affectant Israël sont prises par peut-être100 ou 200, 300 personnes. Ce sont mes clients. Ainsi parle le Pr. Yehezkel Dror, la pipelette pensionnaire de la Commission Winograd, que le Premier Ministre Ehud Olmert a nommée à la suite de la guerre de 2006 avec le Hezbollah. Dror a fait cette déclaration dans son entretien avec le ‘Jerusalem Post’ la semaine dernière.

Dans un autre éditorial de couverture du journal ‘Haaretz’, Dror s’est étendu sur ce thème. Il a expliqué que sur ces 300 décideurs qui prennent les décisions de vie et de mort en Israël, « moins de trente » sont des responsables élus. Aussi, selon l’avis de Dror, moins de 10 % des gens qui déterminent la direction du pays sur les questions les plus importantes du jour sont responsables devant le public. Et c’est parfait pour lui.

Dans son entretien avec le ‘Post’, Dror a expliqué que, même s’il ne voyait pas d’inconvénient à ce que toute la nation lise le rapport Winograd, c’est avec les 300, dans leur immense majorité des décideurs non élus, « que je veux le lire et le discuter. Les autres, je veux aussi qu’ils le lisent, mais je suis plus intéressé par ces quelques centaines. Parce que quelques uns peuvent faire la différence ».

Selon les préjugés déclarés de Dror, il est clair que quand il a dit au journal ‘Maariv’ qu’à son avis, faire avancer le processus diplomatique avec les Palestiniens est plus important que de chasser Olmert et ses collègues du pouvoir pour leur incompétence, il est clair qu’il ne s’adressait pas au grand public qui s’oppose à la politique du gouvernement Olmert-Livni-Barak envers les Palestiniens. Il s’adressait à ses collègues élitistes non élus qui dirigent le pays, et soutiennent leur politique.

Dror a déclaré : « Nous devons penser aux conséquences, si l’on chasse Olmert du pouvoir. Que préférez-vous ? Un gouvernement dirigé par Olmert et le ministre de la défense Ehud Barak, ou de nouvelles élections qui donneront un gouvernement dirigé par le chef de l’opposition et président du Likoud Benyamin Netanyahou ? »

Le “Nous” auquel il pense n’est le “Nous, le Peuple de l’Etat d’Israël ». C’était le « Nous, les gauchistes non élus qui dirigeons le pays ».

Le rapport Winograd a commis des contorsions rhétoriques et logiques pour défendre la conduite des dernières étapes de la guerre. Son affirmation centrale était cette déclaration douteuse, mal argumentée : elle jugeait la décision d’Olmert de lancer une offensive terrestre de 60 heures au Liban, non seulement raisonnable mais même inévitable, alors que le Conseil de Sécurité de l’ONU avait adopté à l’unanimité la résolution 1701 qui posait les termes du cessez-le-feu. Trente trois soldats sont morts dans cette offensive, à laquelle la commission ne reconnaît aucun objectif militaire. La conclusion du rapport a fait silence sur les réservistes et les familles endeuillées exigeant la démission du gouvernement et de nouvelles élections.

La conviction de Dror, c’est que comme lui et les autres membres de la commission Winograd font partie de l’élite gouvernant Israël, il est important de discuter la sagesse des opinions de ses membres et leur perception de la réalité, alors qu’ils sont informés selon leurs préjugés politiques de Gauche. Dror a affirmé que l’adhésion d’Olmert au soi-disant processus de paix « est une considération sérieuse » pour déterminer si Olmert doit être autorisé à rester au pouvoir malgré son échec évident dans la conduite du pays pendant la guerre de 2006. Il a prétendu ensuite que c’est sa riche expérience professionnelle, plutôt que ses préjugés idéologiques qui l’ont conduit à cette conclusion. Mais les faits confirment-ils sa position ? Et que nous disent les faits sur l’attractivité d’être dirigés par des « professionnels » plutôt que par des « politiciens » ? Aujourd’hui, Olmert et la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni conduisent des négociations « secrètes » avec les chefs du Fatah pour l’établissement d’un Etat palestinien. Dans le cadre de leurs négociations, ils discutent du transfert sous le contrôle du Fatah de la plus grande partie de la Judée et de la Samarie, et de quartiers à l’Est, au Nord, et du Sud de Jérusalem. Les chefs du Fatah, dont le président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas, sont adoubés par Olmert, Livni et leurs collègues comme des partenaires de paix qui ont pris la décision de travailler à vivre en paix avec Israël.

Et pourtant, le Fatah était parmi les groupes ayant pris à leur compte l’attentat suicide à la bombe de Dimona la semaine dernière. Les supports des media dirigés par le Fatah ont glorifié les islamikazes comme des martyrs. Les forces du Fatah à Gaza ont intégré en grands nombres les forces terroristes du Hamas. Les forces du Fatah sont responsables de nombreuses attaques à la roquette, au missile et au mortier contre le Negev occidental. La plupart des opérations de Tsahal en Judée et en Samarie ciblent des cellules terroristes du Fatah, dont beaucoup sont commandées par l’Iran via le Hezbollah. Même les USA, qui cherchent à rebâtir les forces du Fatah en une gendarmerie contre-terroriste, pensent que cette transformation coûtera de 4,2 à 7 milliards de dollars sur 5 ans.

Est-il raisonnable de soutenir un processus diplomatique avec le Fatah, qui transfèrerait un contrôle sur de larges bandes de Jérusalem, et la majorité de la Judée et de la Samarie à des terroristes ouvertement engagés dans des actes de guerre contre Israël, et ligués avec les ennemis jurés d’Israël ? Olmert démontre la même incompétence que celle affichée avec le Hezbollah en 2006, dans le règlement du bombardement du Sud d’Israël depuis Gaza aujourd’hui. Le fait qu’il soutienne ce processus diplomatique avec le Fatah le rend-il compétent pour diriger le pays ?
Et puis, il y a l’avis de l’élite israélienne sur la résolution 1701 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Comme représentante de cette élite, la commission Winograd a couvert d’éloges le gouvernement pour la résolution qui a posé les termes du cessez-le-feu. Pourtant, il est loin d’être sûr que la 1701 soit digne d’éloges.

Avec la 1701, le Hezbollah a réaffirmé son contrôle sur le Sud Liban. Au nez et à la barbe des forces de la FINUL censée renforcée par la 1701, le Hezbollah a déployé un arsenal massif de missiles antitanks dans le Sud pour s’opposer à toute future offensive terrestre de Tsahal. Il a aussi déployé des missiles et leurs lanceurs dans le Sud. Posant comme des journalistes, des agents du Hezbollah réalisent des missions de reconnaissance quotidiennes le long de la frontière, pour évaluer le niveau des troupes, des fortifications et des positions de Tsahal. Et avec la 1701, Il est interdit à Israël d’agir pour minimiser cette menace croissante. Tout ce qu’Israël peut faire, c’est se plaindre à la FINUL, qui elle-même ne fait rien.

Aussi, est-il raisonnable d’applaudir le gouvernement Olmert-Livni-Barak qui cherche maintenant à négocier un accord similaire pour le déploiement de forces étrangères à Gaza ? Est-il « professionnel » de soutenir le gouvernement dans sa quête de voir le Fatah réaffirmer son contrôle sur le frontière de Gaza avec l’Egypte ? Est-ce que cela a du sens « professionnel » de bloquer de nouvelles élections pour protéger un gouvernement qui cherche à renforcer la force des soldats égyptiens le long de la frontière, alors que l’armée égyptienne - comme l’armée libanaise déployée au Sud Liban près du Hezbollah - au mieux ne fait rien, et au pire collabore avec le Hamas et ses complices terroristes qui s’infiltrent dans Gaza avec des armes sophistiquées fournies par l’Iran.

Si la réponse intuitive à ces questions est non, alors cela nous dit quelque chose de profondément troublant sur la qualité des élites d’Israël, qui comme les membres de la commission Winograd, se sont ralliés à Olmert, parce qu’il s’est engagé à donner la Judée, la Samarie, et Jérusalem au Fatah, en échange d’une promesse de paix vide, dans laquelle personne ne croit vraiment.
Dror a justement remarqué que nombre des problèmes de gouvernance auxquels Israël est confronté aujourd’hui sont une conséquence du jeune âge du pays. Il faut plus de 60 ans à une nation pour mettre les choses en ordre.

Mais le fait est que l’abandon de l’autorité dirigeante d’Israël à des élitistes imprudents, et non élus, n’est pas unique. Aux USA, la publication de la NIE (Estimation Nationale du Renseignement) sur l’Iran en décembre dernier a été qualifié par le ‘Wall Street Journal’ et d’autres, d’attaque contre l’autorité présidentielle par de hauts fonctionnaires de carrière du Département d’Etat, non responsables devant les électeurs, prêtés à l’agence du directeur du renseignement national. Ces hauts fonctionnaires - Thomas Fingar, Vann Van Diepen et Kenneth Brill - sont réputés profondément partisans et hostiles aux objectifs de politique étrangère du Président George W. Bush, et sceptiques quant à la menace posée à la sécurité nationale des USA par le programme nucléaire de l’Iran.

La semaine passée, l’Amiral Michael McConnell, directeur du renseignement national, a essayé de minimiser le dommage que la NIE a causé aux efforts des USA pour empêcher l’Iran d’acquérir des armes nucléaires. La ligne d’ouverture de la NIE, manifestement motivée politiquement, qui affirmait que l’Iran a suspendu son programme d’armes nucléaires en 2003, a renforcé l’Iran, et fait couler en vrille, sans relève, les efforts des USA pour bâtir une coalition internationale contre l’Iran.

Alors que des rapports sortent au sujet de l’installation en Iran de centrifugeuses perfectionnées pour l’enrichissement de l’uranium dans son usine nationale, McConnell a déposé devant le comité du renseignement du Sénat, et déclaré que les Iraniens pourraient acquérir une bombe nucléaire dès 2009. Pourtant, sa déposition n’a pas été en accord avec la travail « professionnel » accompli par ses subordonnés non élus. Il n’a reçu qu’une fraction de la couverture des media comparée à celle de la NIE. Et il n’est pas sûr que sa déclaration affectera les chances de ratifier une nouvelle résolution sur des sanctions édulcorées contre l’Iran au Conseil de Sécurité.

Ce que l’expérience d’Israël avec la commission Winograd et ses élites non élues, et l’expérience des USA avec la NIE et ses élites non élues montrent très clairement, c’est que, contrairement aux affirmations de Dror et de ses collègues élitistes, ce n’est pas la présence ou l’absence de « professionnels » au niveau de la prise de décision qui détermine si oui ou non des stratégies politiques avisées sont adoptées. Ce qui détermine si oui ou non de bonnes politiques sont adoptées, c’est si les conceptions des dirigeants concordent, ou entrent en conflit avec la réalité, et si ce sont des hommes et des femmes qui manifestent une intégrité intellectuelle et personnelle.

Au-delà de cela, les expériences des deux pays montrent que souvent, le public abandonne des conceptions défaillantes bien plus vite que les élitistes qui dirigent en fuyant leur responsabilité au nom du professionnalisme.

Avec tout le respect dû à Dror et à ses collègues en Israël, et à leurs homologues en Amérique, nous avons besoin plutôt de moins de « professionnels », nous imposant leurs projets idéologiques au nom du « professionnalisme ». Nous devons nous assurer que ceux qui prennent les décisions qui affectent des affaires de vie et de mort, soient responsables devant nous, et pas des élitistes non élus, généralement imprudents.


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