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Donnons un numéro de téléphone à la Diaspora
Pierre Besnainou , THE JERUSALEM POST | Adaptation française de Sentinelle 5768 ©
Article mis en ligne le 4 février 2008

Depuis la fondation de l’Etat d’Israël, un consensus tacite a existé entre la Diaspora et l’Etat juif concernant leurs prérogatives réciproques. D’un côté, le rôle de la Diaspora a été de soutenir la légitimité d’Israël de trois manières : au niveau humain par l’aliya, au niveau financier par des dons, et au niveau politique par un soutien inconditionnel contre les détracteurs d’Israël.

En même temps, les gouvernements israéliens ont toujours encouragé leurs frères de la Diaspora à revenir dans leur patrie historique. Cet équilibre entre la Diaspora et Israël a été efficace pendant 60 ans, permettant une cohésion d’ensemble de leurs devoirs mutuels.

Ces responsabilités ont été partagées selon l’idée fondamentale que la Diaspora ne pouvait pas prendre part aux décisions dont les conséquences pèseraient seulement sur le Peuple israélien. Cette règle est hautement significative en termes de sécurité : puisque les Juifs de Diaspora sont exemptés de participer aux guerres, ils ne peuvent pas décemment entraîner Israël dans des guerres qu’ils ne feraient qu’observer. Par conséquent, cette position a été non seulement constante politiquement, mais aussi éthiquement juste.

Cependant, 60 ans après la naissance de l’Etat d’Israël, nous devrions faire le bilan de ce qui a été réalisé. En ce qui concerne l’histoire du Peuple juif, le 20ème siècle a été un véritable tournant : aussi bien pour les traumas indicibles endurés que pour les énormes changements géopolitiques, tels la création d’Israël et la fin de la division entre Juifs ashkénazes et sephardim. Dorénavant, il semble réaliste de concevoir le judaïsme mondial en termes de judaïsme américain, européen et israélien.

Sortie des shtetls et des communautés très unies d’Afrique du Nord, le plus grand risque qui menace aujourd’hui la Diaspora, c’est l’assimilation. Les communautés nationales n’auront ni la force ni les moyens de contrer ce raz de marée par elles-mêmes. D’un autre côté, une action concertée entreprise par la Diaspora, ainsi que par Israël, aurait d’immenses résultats et offrirait une perspective d’espoir aux Juifs de Diaspora, et par conséquent au Peuple juif dans son ensemble.

Pour maîtriser ces problèmes, nous devons prendre des décisions rapidement et ensemble. Ces décisions pourraient être mises en avant selon un « Plan Marshall » de soutien à l’éducation juive. En effet, exactement comme des moyens considérables ont été mis en jeu à travers l’Agence Juive pour promouvoir l’aliya, des ressources identiques doivent être dégagées pour permettre aux Juifs de Diaspora de préserver leur judaïsme et de renforcer la centralité d’Israël, d’augmenter les liens entre Israël et la Diaspora, et de maintenir un dialogue permanent et intense entre les deux.

Finalement, nous pourrions songer à lier les Juifs de Diaspora aux questions clés qui se développent en Israël. L’idée ne devrait pas déclencher des réactions passionnées, mais devrait être analysée avec sérieux et sérénité.

La Diaspora n’aura jamais l’arrogance de parler au nom du Peuple israélien. C’est simplement que certaines questions - telles que « Qui est juif ? » - n’impliquent pas seulement l’avenir d’Israël, mais aussi celui du Peuple juif tout entier.

Par conséquent, il ne serait pas choquant de demander au minimum l’avis de la Diaspora avant de prendre des décisions importantes. Bien qu’ils soient parvenus à des conclusions opposées, je suis d’accord sur les questions auxquelles Natan Sharansky et Schlomo Avineri ont cherché à répondre dans leurs articles récents - tels que : « Qui parle pour la Diaspora ? » et « Avec quelles institutions Israël doit dialoguer ? ».

Nous pourrions vraiment appliquer à la Diaspora la remarque d’Henry Kissinger au sujet de l’Europe : « La Diaspora - mais à quel numéro de téléphone ? » C’est précisément notre responsabilité de donner un numéro de téléphone à la Diaspora pour créer une structure qui pourrait rassembler toutes les organisations représentatives existantes, aussi bien que des Juifs de talent (philosophes, intellectuels, décideurs), qui ne seraient affiliés à aucune organisation.

Cette structure devra être un organisme consultatif (et non pas décisionnaire), permettant à la Diaspora de donner son interprétation sur les questions clés concernant l’intérêt général du Peuple juif. L’avenir du Peuple juif dépend des réponses que nous proposerons pour résoudre ces questions essentielles.

L’éducation, le dialogue entre les différentes communautés juives, et la centralité d’Israël : ce sont les fondements sur lesquels nous devons bâtir le judaïsme de demain.

L’auteur est l’ancien président de congrès Juif Européen, et le président en exercice du FSJU (Fonds Social Juif Unifié)


Notes du Traducteur :

En documents joints :

1 - L’article de Natan Sharansky traduit en Français, paru le 19 janvier dans le J. Post en réponse à Schlomoh Avineri : « Israël ne doit pas décider seul ».

2 - L’Article de Schlomoh Avineri en Anglais, paru le 12 janvier dans le J. Post « A response to Ronald Lauder », nouveau président du Congrès Juif Mondial, qui a écrit récemment à Ehud Olmert, pour demander que la Diaspora puisse se prononcer sur la division d Jérusalem.

Cette question là - l’avenir de Sion - est bien essentielle à la survie du sionisme, et par là du Peuple juif.


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