Le Premier ministre, Ehoud Olmert, n’a pas à craindre outre mesure l’après Winograd. Les conclusions du rapport de la commission chargée d’enquêter sur la conduite du gouvernement et de Tsahal lors de la deuxième guerre du Liban ne le mettent pas en cause ouvertement.

Même si le juge Winograd a affirmé : « Cette guerre a été un grand et grave ratage », sous ordre de la Cour suprême, il n’a pas mentionné de coupables spécifiques. Il s’est contenté de parler de façon générale des dirigeants et de l’armée : « Nous avons relevé des manquements graves au plus haut niveau de l’échelon politique et militaire », a affirmé le juge en retraite.

C’est d’ailleurs essentiellement l’armée qui a été critiquée : « Tsahal n’a pas riposté efficacement aux tirs de roquettes contre le nord du pays. » Ce qui n’est d’ailleurs pas tombé dans l’oreille d’un sourd. La première réaction du Premier ministre a été mercredi soir de publier un communiqué pour soutenir l’armée : il a affirmé avoir confiance en « Tsahal, ses commandants, ses soldats et ses capacités. » D’après Olmert, Tsahal continue et continuera à s’entraîner, à s’améliorer, à se renforcer et à être prêt à affronter n’importe quels défis et missions.

Olmert a ainsi éludé une réaction plus précise sur sa propre responsabilité dans les échecs du gouvernement à atteindre les objectifs fixés au début de la guerre. Il s’est contenté de remercier les membres de la commission pour leur travail et d’affirmer : « Le Premier ministre considère le rapport final de Winograd comme il a considéré le précédent : avec tout le sérieux nécessaire. Dans les jours à venir, une série de débats auront lieu au conseil des ministres et au sein de la commission ministérielle de suivi du processus d’application des recommandations du rapport final. »

Toutefois à droite comme à gauche, les critiques ne se sont pas faites attendre.

Le député Aryeh Eldad (Ihoud Léoumi-Mafdal) a commenté le rapport de la commission Winograd, en affirmant que le Premier ministre, Ehoud Olmert « occuperait la place du plus mauvais dirigeant d’Israël de l’histoire ». Et d’ajouter : « La sentence est rendue. Les citoyens israéliens exigeront des comptes des marionnettes du gouvernement, qui permettent à un dirigeant raté et sans jugement de continuer à diriger Israël. »

Le Likoud considère, pour sa part, que le rapport de la commission Winograd est très grave et qu’il rejette la responsabilité sur l’échelon politique, à la tête duquel se trouve le Premier ministre, Ehoud Olmert. « Olmert doit prendre ses responsabilités et démissionner. Barak, qui a promis de quitter le gouvernement après la publication du rapport final, doit tenir sa promesse. Si le ministre de la Défense cherchait dans le rapport un prétexte pour éviter de démissionner, il n’a pas pu en trouver », indique un communiqué du principal parti de l’opposition.

En ce qui concerne Barak, il n’a pas encore réagi et il se laisse le temps d’étudier le rapport... apparemment pour trouver une élégante façon d’enterrer sa promesse. Un de ses proches a déclaré que le rapport de Winograd était « d’une gravité de 5 sur une échelle de 1 à 10. » Il a qualifié le rapport de « ni noir ni blanc, mais gris », ce qui devrait permettre à Barak de rester au sein du gouvernement et de chercher un moment plus propice pour faire tomber le gouvernement à son avantage.

Le chef de la formation parlementaire travailliste, le député Eitan Cabel, a, pour sa part, affirmé : « Les propos du juge Winograd sont clairs : même s’il l’a dit en prenant des pincettes, l’échelon politique a échoué à toutes les étapes de la guerre. » Et d’ajouter : « Le juge a affirmé clairement que le rapport préliminaire était une partie intégrante du rapport final, ce qui signifie que le Premier ministre doit immédiatement démissionner de son poste. »

Les réservistes et les familles ayant perdu un fils dans la deuxième guerre du Liban exigent eux aussi de Barak qu’il démissionne afin que le gouvernement tombe et qu’Olmert soit remplacé.