Dès avant 18h, heure officielle du Rapport Final, des rumeurs filtrant du Bureau du premier ministre indiquaient que la deuxième partie du rapport Winograd serait moins sévère envers le Premier ministre que le rapport intermédiaire. La question importante de l’offensive des 60 dernières heures constituait un élément important dans la teneur générale du Rapport. Sur ce point, il semble que les membres de la Commission mettent la responsabilité principale sur Tsahal et non sur l’échelon politique, et donc sur Ehoud Olmert.

Prenant la parole à l’heure prévue, le Juge Eliahou Winograd a commencé par indiquer que le travail de la commission a été « long, difficile et complexe, nécessitant une documentation et des témoignages imposants qui s’étendaient jusqu’aux années qui ont précédé la guerre, à savoir la sortie du Liban par Tsahal en l’an 2000 ».

Les buts de cette Commission ont été rappelés par le Juge : Répondre à la crise profonde dans la population suite à cette guerre non gagnée, et la nécessité de réparer les défaillances.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, Eliahou Winograd a tenu à préciser deux éléments importants : premièrement, « qu’il n’y aura pas de conclusions personnalisées, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de responsabilités personnelles », et deuxièmement, ce qui est très important, « que ce Rapport final inclut toutes les conclusions contenues dans le Rapport intermédiaire ».

Concernant le fond, la Commission Winograd conclut « que Tsahal n’a pas répondu aux besoins de défense du pays, par le fait que les missiles ont continué à pleuvoir sur Israël tout au long du conflit, ce qui a eu des conséquences graves, même sur les événements futurs »

Et dans le cadre de l’armée, c’est surtout les forces terrestres et leurs hauts gradés qui sont montrés du doigt. Par contre, l’armée de l’air est félicitée, même « si elle ne pouvait pas constituer la seule option pour battre le Hezbollah »

De manière générale, les membres de la commission Winograd ont rappelé à plusieurs reprises « le manque de préparation de l’échelon militaire, l’absence de vision stratégique de l’échelon politique, et surtout les défaillances dans les relations et la communication entre eux ». « Les buts trop ambitieux déclarés au début du conflit, et les hésitations dans les décisions, ont réduit les marges de manœuvres de l’armée et des responsables politiques. Les alternatives étaient réduites, et Israël a été entraîné dans la dernière offensive » a rappelé Eliahou Winograd.

Concernant la défense passive, la Commission a rappelé les conclusions du Rapport intermédiaire, et insisté sur le manque de préparation des autorités politiques comme militaires à une situation telle que celle que le pays et la population civile ont connue lors de cette guerre.

La commission a cependant relevé également les acquis de la guerre, notamment le cessez-le -feu, et l’éloignement du Hezbollah de la frontière libanaise. Elle a dressé des compliments aux réservistes et aux soldats pour leur engagement et leur dévouement.

Enfin, concernant le point important de l’offensive du 9 août, sur laquelle beaucoup de choses ont été dites, et notamment sur le Premier ministre, la Commission dit ainsi en substance : « Sur la décision elle-même, le Premier ministre a pris une décision juste et dénuée d’intérêts extérieurs. Par contre, cette offensive n’a pas obtenu les buts escomptés, ce qui est à mettre sur le compte de Tsahal ».

En conclusion, ce Rapport final est moins sévère que prévu envers Ehoud Olmert tout en rappelant régulièrement les « échecs graves dans les échelons politiques et militaires »

Ce Rapport laisse la classe politique dans l’expectative, car autant la coalition que l’opposition peuvent s’en servir pour leurs intérêts !!