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Israël-Syrie : La meilleure façon d’avancer (2ème partie)
Par Stéphane Juffa © Metula News Agency
Article mis en ligne le 13 janvier 2004

Voilà, grossièrement dépeintes, les préoccupations majeures qui motivent les parties dans leur différend au sujet du plateau du Golan. Au demeurant, mais au demeurant seulement, elles peuvent sembler profondes et inextricables.

Il ne s’agit pourtant que d’une déformation optique et pas d’un cul de sac stratégique. Pour s’en persuader, on constatera qu’aucun des sujets qui intéressent la Syrie n’intéresse Israël et vice-versa. Reste la terre, à qui il peut paraître difficile d’expliquer ce genre de subtilités et dont l’envie de propriété a toujours eu tendance à ramener les hommes à leurs instincts grégaires et guerriers.

Essayons pourtant de démêler l’écheveau et si possible, d’imaginer une solution locale pour le différend du Golan, qui aiderait les parties à progresser également dans la solution de leurs problèmes globaux. Défaisons l’embrouille ensemble, si vous le voulez bien. Différencions, sur un territoire litigieux, les éléments de :

a. Propriété nationale du sol
b. Situation démographique et appartenance nationale des habitants
c. Régime douanier et loi applicable
d. Maintien de l’ordre et force de surveillance des accords
e. Projets communs
f. Garanties internationales

a. Au sujet de la propriété du sol et de l’acte de propriété du sol, remettons-les entièrement aux Syriens, dans le choix hypothétique que je propose, selon les lignes de démarcation du 4 juin 67. Retirons toutes les forces armées israéliennes de ce territoire, comme il convient à un territoire syrien, démontons toutes les installations militaires mais gardons-nous de remplacer les soldats de Tsahal par l’armée syrienne. La propriété nationale n’implique pas le déploiement automatique d’une armée, que je sache, surtout que des dispositions très strictes de démilitarisation existent déjà sur le plateau du Golan - et dans ses abords ! - depuis les accords de désengagement de 1973. Dès cette époque, sur des portions conséquentes de leurs territoires nationaux, les Israéliens et les Syriens ont volontairement renoncé à déployer leurs armadas.

b. Au lieu de détruire les réalisations existantes et de déplacer les habitants, décidons de les laisser en place. Décidons aussi, pour la réussite de ce plan, de ne pas permettre à des populations qui ne vivraient pas aujourd’hui sur le Golan, de venir s’y installer. Décidons encore, et pour la même raison, que des gens de l’extérieur pourront venir travailler dans le Golan mais que ceux-ci n’auront pas le droit d’y habiter et que toute modification de ces dispositions, comme de chacune des autres d’ailleurs, dans le cadre de ce plan, nécessiterait l’accord des deux parties.

Les habitants pourront choisir leur appartenance nationale, non au niveau individuel mais au niveau de l’agglomération dans laquelle ils vivent. De cette manière, les citoyens israéliens pourront se prononcer sur toutes les questions d’intérêt national israélien ; pour le surplus, ils bénéficieront des services sociaux et médicaux de leur pays. Idem pour les ressortissants syriens en Syrie.

c. Le plateau du Golan sera déclaré zone franche. Il disposera d’une législation particulière, comme c’est déjà le cas de dizaines de zones franches de par le monde. Les postes de contrôle douaniers israéliens seront construits sur les lignes du 4 juin 67. Les syriens, sur la ligne de démarcation actuelle entre la Syrie et le Golan sous contrôle israélien. Tous les habitants de la zone franche seront soumis à des barèmes similaires d’impôts et de taxes. Tous les citoyens israéliens, syriens et des nations choisies par les parties disposeront du libre accès à la zone franche.

d. Les forces de sécurité des parties ne seront pas admises dans la zone franche, ni dans une distancepériphérique à définir entre elles. Il sera fait appel à une force de police internationale - dont l’assemblage, la dotation, le commandement et le mandat seront soumis à l’accord des parties - afin de faire respecter la législation de la zone franche, de la zone de démilitarisation ainsi que l’ordre public.

e. La zone franche du plateau du Golan abritera de nombreuses activités commerciales et touristiques, ainsi qu’un aéroport international. L’implantation de ces activités, de par la centralité géographique du Golan et la législation très ouverte de sa zone franche, jouira d’un attrait certain pour les investisseurs. Une partie de la zone franche sera réservée à l’implantation de pôles d’achat de produits détaxés, au service des clients de toutes les nations avoisinantes. Une autre accueillera un World Trade Center, voué à des projets de développement dans tout le Moyen-Orient. D’autres parties de la zone, encore, abriteront des stations hôtelières. Certaines seront destinées à héberger les clients des activités économiques et d’autres, des touristes, venus goûter à la qualité absolument préservée de la nature dans le Golan, ainsi qu’aux sports d’hiver, dans la région du Hermon..

f. Le Quartet se portera garant, envers les deux parties, du respect des provisions de l’accord et de la législation de la zone franche.

Un conseil de trois membres (Syrie, Israël, Quartet) ainsi que des commissions tripartites auront la charge de la gestion de la zone. En cas de litige durable, chacun des composants du conseil sera libre de porter la dispute devant le représentant des Etats-Unis, dont la décision sera finale et sans appel.

Angélique ou naïve, cette base de propositions ? Certes non. Au contraire d’autres initiatives, appelées à régler un problème autrement plus compliqué il est vrai, ce modèle tient compte, à la fois des sujets de préoccupation essentiels de la Syrie et d’Israël, de plus épouse-t-il les conditions stratégiques d’une solution durable à leur différend. Une solution que, après quelques grincements de dents liés à la nouveauté des idées, les leaders de ces deux Etats pourraient, sans problème, présenter à leurs concitoyens et défendre point par point.

Du point de vue syrien, au lieu de se voir restituer un territoire « mort », sans activité et sans utilisateurs, Damas, tout en recouvrant sa souveraineté théorique sur le Golan, serait perçue par la communauté internationale comme un partenaire aux principes ouverts. Partenaire ayant, qui plus est, définitivement tourné le dos à son vieux rêve d’éradication de l’Etat hébreu, au profit des réalités économiques comprises par l’ensemble des pays développés et leurs institutions financières. Pour peu, en plus, que la Syrie obtienne que la moitié des employés de la zone franche soient syriens et que tous les commerces qui s’y trouvent s’engagent à acheter 10% des produits qu’ils vendent en Syrie (la même disposition s’appliquant à Israël), cette dernière pourrait bien renouveler son industrie, l’horizon de ses hommes d’affaires et son artisanat grâce à la paix.

Israël, selon cette base de propositions, obtiendrait le maintien de ses citoyens, dans leurs occupations actuelles, sur le Golan. Elle obtiendrait surtout la sécurité, et ce presque grâce sur un coup de baguette magique, si ce n’est pour l’éternité, du moins pour la moitié d’icelle. Et comme si cela n’était pas suffisant, le WTC du Golan donnerait à ses businessmen la plateforme de rencontre, permanente et parfaite, à quinze minutes de vol de Tel Aviv(1) avec leurs homologues arabes. Ensemble, il pourraient alors, et de manière crédible cette fois, se mettre à construire un avenir différent pour leur progéniture.



Note1 10 minutes de Damas, 20 minutes de Beyrouth et d’Aman, 45 minutes de Bagdad et de Larnaca, 1h 40 de Riad, d’Istanbul et du Caire etc.



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