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Les bougres !
Par Ilan Tsadik © Metula News Agency
Article mis en ligne le 6 janvier 2004
dernière modification le 7 janvier 2004

La gloire de mon père n’est pas uniquement le titre du roman principal de Marcel Pagnol, c’est aussi le titre qui sied le mieux à mon père à moi, pour avoir deviné, à l’avance, les embrouilles politico diplomatiques qui allaient entraver, dès ses débuts, l’enquête technique au sujet du crash du Boeing égyptien.

Or les termes employés par Michel Wachenheim, le directeur général de l’aviation civile française, lors d’un terrible coup de gueule, ne ressemblent pas à ceux employés par mon paternel dans son article de lundi Boeing de Flash Airlines : Gare aux conclusions précipitées ! puisqu’ils sont identiques. J’invite ceux qui auraient l’extrême toupet de douter de ce que j’écris, de procéder par eux-mêmes à cette constatation, en pressant [ici].

Wachenheim s’est en effet refusé, lundi soir, à exclure toute hypothèse, notamment criminelle ou terroriste, sur les causes de l’écrasement - Associated Press commettant l’impardonnable lapsus de remplacer écrasement par accident dans sa dépêche - du Boeing de Flash Airlines à Charm el-Cheikh en Egypte.

Lors de la conférence de presse qu’il a donnée au siège de la DGAC à Paris, le directeur de cet organisme a voulu couper court aux digressions des irresponsables politiques, en précisant qu’il n’avait « aucune information concernant les origines de cet accident. » Frappant très fort du poing sur la table, comme il convient pour le chef de l’aviation civile dans une semblable pagaille, il a jugé « irresponsable et prématuré de se prononcer en un sens quelconque, en l’absence des enregistreurs de vol. »

Wachenheim, interrogé à propos des réactions intempestives des ministres égyptiens quant à l’origine accidentelle du crash, n’a pas hésité à risquer un incident diplomatique en affirmant vouloir « laisser aux autorités égyptiennes la responsabilité de ce qu’elles disent ! » Ajoutant « qu’il est toujours prématuré d’avancer des causes sans avoir la moindre information sur ce qui s’est passé dans les quelques secondes, dizaines de secondes, avant l’accident. »

Faisant un compte-rendu professionnel de l’état de l’enquête, il a en outre déclaré : « Aujourd’hui, nos enquêteurs qui sont sur place, qui prêtent main forte aux Egyptiens, n’ont pas d’éléments particuliers qui permettent de conclure. Les informations dont nous disposons ne nous permettent pas d’affirmer quoi que ce soit, en tant que techniciens, sur le plan technique. »

Du même coup, et avec la même pierre, le directeur de l’aviation civile française remettait vertement à sa place son ministre de tutelle, Gilles de Robien, ministre des transports. Ce dernier avait eu la mauvaise idée d’emboîter le pas aux élucubrations égyptiennes, en affirmant que « la thèse de l’accident était largement privilégiée » et que « rien n’indique qu’il pourrait y avoir une autre cause au crash ».

Ilan de mettre amicalement en garde Michel Wachenheim contre le risque de devoir prochainement pointer à l’ANPE, en lui rappelant que sous le régime chiraquien, il était périlleux, pour les techniciens, de s’occuper des choses qui les regardent. Qu’il questionne plutôt les deux inspecteurs de police chargés d’enquêter sur les relations financières très, mais alors très spéciales de sa majesté Jacques Abracadabra, XIXème du nom avec le Premier ministre du protectorat libanais de la Syrie. Dès le lendemain de la décision électorale des Français de mettre un terme à la cohabitation, on les aurait aperçu, en uniforme, en train de régler la circulation sur les carrefours principaux de Saint Pierre et de Miquelon.

A ce stade des disputes, et au vu de ces divergences d’interprétations, on doit déjà relativiser les conclusions à venir de l’enquête des experts français, au large du détroit de Tiran. Dans une ambiance aussi irrespirable, une boîte noire est si vite égarée… Non que nous mettions en doute, ne serait-ce qu’un seul instant, la dévotion à leur tâche des hommes de l’amiral Jacques Mazar (cette remarque n’a strictement rien de cynique). Iceux font une œuvre désagréable, à recueillir des morceaux épars de Français, tout en essayant de ne pas servir d’encas aux requins qui pullulent en Mer Rouge. C’est, au contraire, que nous craignons qu’ils soient trahis par leurs responsables politiques, les conditions de sérénité, indispensables à leur investigation, n’étant certes pas garanties au milieu de ces déclarations contradictoires.

Sur le rocher de Métula, battu aujourd’hui par le vent glacial, la pluie, la grêle et même quelques flocons de neige, nous nous réjouissons de l’arrivée à Charm el-Cheikh de l’équipe d’enquête du constructeur Boeing, que nos experts appelaient de leurs vœux. La multiplicité, la qualité et la diversité des groupes d’investigation représentant la meilleure garantie de connaître, en fin d’enquête, de la vérité.

Michel Wachenheim aurait du se parer de la prudence des médias français. Mais quel office remplissent-ils donc ? C’est que, la quasi-totalité des médias tricolores ont décidé de passer sous silence, purement et simplement, les commentaires de la DGAC à propos de la fiabilité des déclarations du gouvernement égyptien, ainsi que d’omettre de relever les contradictions patentes entre l’opinion de son directeur et celle de son ministre. Il semble que la presse - bien dressée selon le manuel de l’abracadabrantesquement correct - applique d’elle-même les consignes Arafat. Ces consignes qui impliquent l’interdiction de critiquer, dans le cours de l’actualité directe, n’importe quel dirigeant d’un Etat arabe, même si celui-ci commet les pires étourderies.

C’est dans cette optique que l’on peut comprendre, que l’organe de propagande élyséenne-élisez-moi, l’AFP, a recollé le niveau de fiabilité de l’organe officiel de presse de Yasser Arafat, Al Hayyat al Jeddida. Franz Press continuant, en dépit des mises au point de la DGAC, à affirmer, hier encore, que « les autorités françaises comme égyptiennes privilégiaient toujours lundi soir la thèse de l’accident plutôt que celle de l’attentat. » Trop bien dressés ? Au point d’évacuer les propos du chef technique de l’aviation civile française au profit des thèses des ministres égyptiens ? Affpi, baadet tikhki franssaoui ??

A l’Obs virtuel, on a fait encore plus fort. Difficile de bien observer lorsqu’on est borgne, me direz-vous, avec l’à propos qui caractérise les lecteurs de la Ména. C’est en tous cas l’une des conclusions possibles, lorsqu’au terme d’un article lénifiant, long, quoique très peu informatif, ces guignols de l’info trouvent l’outrecuidance de rapporter les propos du directeur de la DGAC, non sans les avoir préalablement purifiés de leurs commentaires concernant les autorités égyptiennes.

Comment voulez-vous, ma très chère Germaine, que dans cet environnement pestilentiel, les Français sachent qu’en Egypte on entôle les personnes comme Marc-Olivier Fogiel et Laurent Ruquier ? Et qu’en Arabie Saoudite, on leur coupe la tête ? A Paris, que vous soyez juifs, cathos, cathares ou hindouistes, vous devriez commencer à vous méfier. Dans un pays où on connaît les résultats d’une enquête avant même qu’elle n’ait commencé, et où cela n’inquiète pas les journalistes, tout peut effectivement vous arriver.

Vous ne voyez pas Ilan, mes biches (et qu’est-ce que vous manquez !), mais je vous assure qu’en déclinant ce pénultième paragraphe, il ne riait pas du tout.



Note ? « Afp, est-ce que vous parlez encore français ? » en arabe quotidien



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