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Allocution de M. Le Président de la République | Remise des insignes de chevalier de la Légion d’honneur à M. Avner SHALEV Président du comité directeur de Yad Vashem
Palais de l’Elysée
Article mis en ligne le 4 novembre 2007

En vous accueillant aujourd’hui au Palais de l’Elysée pour vous remettre les insignes de chevalier de la Légion d’honneur, ce n’est pas seulement vous, Avner Shalev, que je reçois, c’est également le musée Yad Vashem de Jérusalem, tant il est vrai que la renommée et l’importance de ce musée sont pour une grande part le fruit de votre action déterminée, inspirée, passionnée.

Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Chère Simone Veil,
Cher Avner Shalev,

Vous avez été pendant de longues années au service de l’armée de votre pays. Vous avez été blessé sur le front égyptien. En 1980, vous avez rejoint le ministère de l’Education et de la culture et ce sont toutes ces années au service constant de votre nation, qui vous ont progressivement donné la force, l’élan pour faire du Comité directeur de Yad Vashem ce lieu d’impulsion et de réflexion pour relever le défi de la transmission de la Shoah au 21ème siècle.

Il existe au moins trois histoires de la Shoah. L’histoire de la Shoah elle-même ; l’histoire de la manière dont on écrit l’histoire de la Shoah et dont on la transmet aux générations qui n’en ont été ni les témoins, ni même, les témoins des témoins ; et puis l’histoire des suites de la Shoah, ses conséquences sur l’Europe, sur Israël, sur le judaïsme et sur l’essence de la foi juive, ses conséquences sur l’humanité toute entière, sur le regard que l’homme porte sur lui-même, sur les leçons qu’il en tire.

Sur chacune de ces histoires, Yad Vashem, et vous-même à la tête de Yad Vashem, vous avez joué un rôle absolument considérable.

Yad Vashem est d’abord devenu le lieu de référence de l’histoire de la Shoah. Le mémorial des héros et des martyrs.

Tout cela ne s’est pas fait par hasard. C’est ici que la première histoire rejoint la seconde, vous êtes allés chercher ces témoignages un à un. Vous avez été dénicher les preuves, les documents, les objets, qui garantissent aujourd’hui au monde entier, que cette histoire est écrite, qu’elle est à jamais inscrite dans le long déroulé de l’histoire de l’humanité.

Dispersion, séparation, nuit, cendre, brouillard, silence, anonymat, oubli, tels sont les mots utilisés par ceux qui ont traversé ce drame absolu. Contre ces mots là, vous avez opposé la recherche méthodique des noms, l’identification des photographies, l’accumulation des témoignages, la restitution des histoires individuelles, le récit implacable des faits.

Avec le nouveau musée d’histoire de la Shoah, inauguré en mars 2005, vous avez voulu écrire l’histoire de la Shoah selon la perspective des victimes.

Ce nouveau musée d’histoire de la Shoah, dont la Salle des Noms fait à dessein partie intégrante, vous l’avez conçu ainsi pour que l’on comprenne les victimes. Votre conviction c’est que « la prise de conscience suscitée par le nouveau musée procure au visiteur une expérience plus chargée de sens et intensifie son engagement dans des valeurs plus morales.

Et puis, il y a l’après Shoah, ses conséquences sur l’avenir du monde, de l’humanité, et de l’âme humaine.

Oui, Avner Shalev, je l’ai dit lors de mon discours d’investiture du 14 janvier dernier devant ma famille politique au moment où je faisais le choix d’être candidat à la présidence de la République, j’ai dit « la visite deYad Washem m’a changé. » En entendant ces milliers de noms d’enfants prononcés à voix basse, « ce murmure des âmes innocentes », j’ai été profondément saisi par l’émotion. J’aurais voulu que se réalise la prophétie d’Ezéchiel : « Viens des quatre vents ! Souffle sur tous ces morts et qu’ils vivent ». Et j’ai pris conscience que la plus importante mission d’un homme d’Etat est de « faire barrage à la folie des hommes en refusant de se laisser emporter par elle »..

Monsieur le Président, Yad Vashem, c’est une vocation qui prend une dimension particulière.

Je sais que le mot hébreu Yad Vashem est issu du livre d’Isaïe, qu’il désigne « ce monument et ce nom » que Yahvé promet de donner « dans sa maison et dans ses remparts » à ceux qui ont pratiqué sa justice, « un nom qui ne sera jamais effacé ».

Dans cette ville, Jérusalem, si chargée d’histoire, d’art et d’architecture, de religion, de drames, mais aussi d’espérance, si emblématique de l’histoire juive, vous avez relevé cet immense défi : vous avez donné un refuge aux âmes abandonnées, vous avez rendu la parole aux suppliciés de l’Holocauste, vous avez sorti les morts de la brume, vous avez éclairé la nuit vous avez rendu à des millions d’hommes, de femmes, d’enfants torturés ce qu’on avait voulu précisément leur retirer, leur humanité.

Les mots me manquent ce matin pour vous dire l’émotion et l’honneur qui sont les miens en tant que Président de la République Française, de vous remettre cette haute distinction.



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