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Tripoli-Téhéran et les retours de bâton
Albert Capino
Article mis en ligne le 5 janvier 2004
dernière modification le 12 avril 2004

Il est des situations où des coïncidences troublantes s’imbriquent comme dans un puzzle, pour former un ensemble cohérent qui ne doit plus rien au hasard.

Ainsi, nous voyons se renforcer depuis quelque temps, l’alliance objective entre l’Iran, la Libye, la Syrie et les zones sous leur influence au Liban, notamment celle contrôlée par le Hezbollah.

Tous concourent à afficher aux yeux du monde les meilleures intentions quant à la volonté de renoncer aux ADM pour les uns, de clamer haut et fort l’utilisation civile du nucléaire pour les autres.

Tous s’accordent aussi sur un fait : la pression que la Communauté internationale doit exercer sur Israël pour admettre l’existence de l’arme de dissuasion atomique et y renoncer.

Or, simultanément aux déclarations d’intention du Premier ministre libyen Choukri Ghanem, force est de constater que la Libye manie le chaud et le froid. Au mois d’octobre dernier, un chargement d’uranium enrichi en provenance d’Allemagne était intercepté sur un navire voguant à destination de la Libye. Selon des sources bien informées, des renseignements rendus publics faisaient état d’un arsenal libyen comptant des installations nucléaires, 80 lanceurs mobiles de missiles, 500 missiles Scud et 50 missiles balistiques nord-coréens d’une portée de 1.300 a 1.500 km. En ajoutant le premier élément aux autres, l’équation devient assez claire.

Le ton montant, Tripoli prend donc les devants en faisant ses déclarations fracassantes d’abandon de la production d’ADM. Toutefois, selon Ghanem, les États-Unis ne « réagissent pas assez vite » pour « remercier la Libye de sa décision de renoncer aux ADM ».

Le Ministre libyen ne tarde pas à agiter des menaces de rupture en ce qui concerne les négociations de dédommagements en faveur des familles de passagers des avions de la PAN AM et d’UTA, abattus par les bons soins des services libyens.

Presque dans le même temps, le défilé du 24è anniversaire de la Révolution iranienne présentait les missiles « Shahab III » d’une portée accrue, pouvant atteindre le cœur d’Israël, et arborant l’inscription : « Israël doit être rayé de la carte ».

De son côté, le Président syrien Bachar El Assad veut faire croire à qui veut bien l’entendre que les mesures anti-terroristes préconisées par les États-Unis et leurs alliés ne sont que des prétextes pour s’ingérer dans les affaires internes arabes et favoriser « l’expansionnisme sioniste ».

Enfin, le chef du Hezbollah, installé au Liban, protégé et armé par la Syrie et financé par l’Iran, éructe et menace non seulement les Israéliens mais aussi les Français, dont la décision coupable de légiférer sur le port du voile dans les établissements scolaires publics est, à ses yeux, insupportable. Parallèlement, les Frères musulmans dénoncent le soutien des modérés, tels que l’imam Al-Azhar, la plus haute autorité de l’Islam sunnite.

Tout change, mais rien ne change pour le Quai d’Orsay qui ne s’émeut absolument pas de l’accélération récente des événements et considère - à l’instar du Premier ministre égyptien et du Ministre des transports français - que « rien ne permet de privilégier la piste de l’attentat » en ce qui concerne la catastrophe aérienne survenue la semaine écoulée en Egypte, touchant un avion qui transportait une majorité de Français.

Même si cela relevait d’une volonté compréhensible de ne pas affoler l’opinion, il existe pourtant bel et bien une communauté d’intérêts qui a fondé l’Axe Iran-Syrie-Liban-Lybie-Palestiniens, financé essentiellement par l’Iran et la Libye.

Nous sommes virtuellement de retour à la case départ, à l’époque où Chirac livrait à l’Irak les moyens de construire une centrale nucléaire, où Giscard faisait les yeux doux à l’Iran où il expédiait Khomeyni en première classe sur Air France, ce après quoi Mitterrand renégociait les accords EURODIF qui ont permis à l’Iran de devenir aujourd’hui la première menace nucléaire mondiale, devant la Corée du Nord et le Pakistan.

Et quoi de plus naturel pour un Islam pur et dur conquérant, que de renforcer sa capacité nucléaire tout en désignant Israël comme la plus grande menace pour la paix dans le monde et vouloir le désarmer par tous les moyens, en exerçant toutes les pressions possibles : au sein de l’ONU, de la Communauté européenne, des instances internationales ?

Il arrive un moment où l’Europe - où un sondage calamiteux abondait dans ce sens - prend une posture pro-islamiste à force d’avoir voulu se démarquer des États-Unis pendant près d’un demi-siècle. Une bienveillance à l’égard de l’Axe Iran-Syrie-Liban-Lybie-Palestiniens qui n’a rien de neutre, tant elle va au devant de ses besoins et de ses appels.

Je n’irai pas jusqu’à dire que la Communauté européenne fabrique une nouvelle Shoah en jouant à l’apprenti sorcier. Mais je ne suis pas loin de penser qu’elle pourrait y contribuer si elle n’y prend garde. L’Europe n’a pas créé Hitler, pas plus qu’elle n’a appelé l’extermination des Juifs de ses vœux. Toutefois, c’est l’attitude de ses dirigeants, ajoutée aux mauvais choix et aux mésalliances qui a conduit à la seconde guerre mondiale et ses conséquences désastreuses.

Occulter sa conduite dans cette partie de l’histoire et ne pas en tirer les leçons pour les appliquer à la situation présente, serait une erreur dramatique pour l’Europe, en pleine construction. Elle ne s’en remettrait pas. La France, qui souhaite en particulier assumer le rôle de leader sur le plan diplomatique, joue avec le feu. Plutôt que de se rapprocher de l’allié naturel que sont les États-Unis elle préfère, par défiance, par orgueil, par intérêt à court terme, exprimer son soutien aux oligarchies du monde arabe et à la « Cause palestinienne ».

Notre pays se met à dos, par la même occasion, les extrémistes islamistes et se retrouve ainsi dans la situation paradoxale de figurer sur leur « liste noire », en même temps qu’il contribue indirectement à leur financement et à leur armement.

Une publicité annonçait : « faut être fort pour faire ça ! ». Et c’est bien là que le bât blesse. La France a beaucoup présumé de ses forces et sous-estimé le risque de perdre sur tous les tableaux à moyen ou à long terme.

Car ne nous y trompons pas : nos dirigeants - actuels ou passés - nous entraînent par le fond avec eux lorsqu’ils coulent. Il ne s’agit pas du schéma manichéen et simplificateur de la « guerre qui oppose les camps du bien et du mal », martelé de manière si réductrice par nos médias, mais d’un conflit beaucoup plus profond, à plus long terme et aux conséquences bien plus dévastatrices pour l’ensemble des populations. Bien au-delà des « communautés » que l’on nous met - très opportunément - en avant comme un écran de fumée.

Il est encore temps pour l’Europe, pour la France, de réagir et de se rapprocher du camp de la rationalité, pour défendre les valeurs qui sont les leurs.

Un homme à la mer ne signifie pas que tout le navire va sombrer. Mon vœu le plus cher est d’espérer que ceux qui se sont mis « dans le bouillon » sachent, en 2004, saisir la bouée qui leur est tendue.



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