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« Gmar ‘hatima tova »
Charles Etienne NEPHTALI
Article mis en ligne le 1er octobre 2007

Elle était pleine à craquer, mais très bruyante, notre belle Synagogue, en cette fin de journée de Kippour. Puis les hommes se couvrirent avec leur Talith et le son du Shofar retentit, dans le silence cette fois. Dans un certain brouhaha, nous nous sommes souhaités « Gmar ‘Hatima tova », avons embrassé nos parents, nos grands-parents, nos femmes, nos enfants, nos petits-enfants, nos ami(e)s. Behezrat Hachem, (1) à l’année prochaine. Et, quelque peu précipitamment, nous nous sommes séparés pour rentrer chez nous « rompre les 25 heures de jeûne » avec nos plats traditionnels, nos confitures, nos gâteaux.....

Mais qui aura souhaité « Gmar ‘Hatima tova » à Guilad, Ehud et Eldad, ces trois enfants d’Israël aux mains des terroristes arabes depuis plus d’un an maintenant ? C’est leur deuxième Kippour (et leur deuxième Rosh Hachana) loin des leurs. Qui les aura embrassés ? Quel Shofar auront-ils entendu ? Savent-ils au moins que c’était Kippour ? Ont-ils la notion du temps dans leurs lieux de captivité ? Quels repas auront-ils eus ? Et leur famille, et leurs amis, quelles auront été leur peine et leur détresse face à ce vide cruel, face à cette incertitude quant à leur sort ? Des chaises désespérément vides à table, à la Synagogue, dans la Souccah ! Des chaises qui, il y a deux ans encore, étaient occupées par des êtres chers à qui, dans la joie, pour Rosh Hachana, pour Kippour, pour Souccot, on avait souhaité Chana Tova ve Gmar ‘Hatima Tova.


Ces êtres chers sont toujours captifs bien qu’une résolution de l’ONU ait été votée il y a plus d’un an, résolution qui prévoit, entre autres, la liberté pour Ehud et Eldad.


Toutes ces questions, et bien d’autres encore, je me les suis posées tout au long de cette journée de Kippour. Je dois avouer, honteux et repentant, que je n’arrivais pas à me concentrer sur les prières, que je ne les suivais que par intermittence. D.ieu me pardonnera-t-il ?


Lors de la lecture du « ligotage/sacrifice » d’Isaac, je m’interrogeais :

« M. Olmert doit-il sacrifier nos trois otages pour ne pas compromettre ses discussions avec « le-devenu-respectable » M. Abbas-Mazen,

- ce Monsieur qui soutint une thèse niant la Shoah,

- ce Monsieur qui finança l’assassinat des athlètes israéliens aux J.O. de Munich,

- ce Monsieur qui dénonce régulièrement et avec véhémence les opérations de Tsahal dans la bande de Gaza,

- ce Monsieur qui exige le retour des « réfugiés » et la création d’un état palestinien avec pour frontières « celles de 1967 » et pour capitale Jérusalem-Est,

- ce Monsieur qui exige « un passage sécurisé entre la bande de Gaza et la Judée-Samarie,

- ce Monsieur qui considère comme « inacceptable » toutes autres propositions,

- ce Monsieur qui refuse 92% des « territoires occupés » comme proposé en 2000 à Camp David,

- ce Monsieur…….

- ce Monsieur……. » ?


« M. Olmert doit-il continuer à libérer des centaines de terroristes arabes et transférer des armes « pour renforcer » M. Abbas-Mazen alors que nous n’avons pas de nouvelle de nos otages et que ces armes risquent de se retourner contre des Israéliens ? »


Lors de la lecture de la solitude de Jonas « dans le ventre du gros poisson », je pensais à la solitude de nos otages dans les repaires des terroristes. Jonas, lui, en est sorti, pas eux…..alors que pendant ce temps-là, certains hommes politiques israéliens envisagent et demandent même la libération du chef terroriste arabe Barghouti condamné à la prison à vie pour la mort de plusieurs Israéliens.


Il en fut ainsi tout au long de cette journée de Kippour et j’enrageais au lieu de suivre le rituel de notre liturgie. Et de m’interroger encore : « D.ieu me pardonnera-t-il ? » bien qu’avec l’Assemblée j’aie reconnu qu’« en dehors de Lui, nous n’avons personne pour pardonner et absoudre », bien que j’aie reconnu avoir commis envers Lui « des fautes par ignorance, volontairement, par médisance, en secret, par erreur……. ».


Avec l’Assemblée, je Lui ai demandé de « nous exaucer », de « nous annoncer de bonnes nouvelles », de « détruire ceux qui se dressent contre nous pour le mal » (2), d’«opprimer ceux qui nous oppriment »……


Avec l’Assemblée, je Lui ai demandé, en lisant Avinou, Malkénou, notre Père, notre Roi, d’« éviter aux fils de Son alliance la peste,…..le malheur,…..la captivité….. ».


Oui, la captivité. Et à nouveau mes pensées allaient non seulement vers Guilad, Ehud et Eldad mais également vers les autres militaires israéliens dont nous n’avons plus de nouvelles depuis fort longtemps :

Zacharie Baumel (3), Zvi Feldman et Yehouda Katz (11 juin 1982),

Ron Arad (16 octobre 1986),

Guy Hever (17 août 1997).


Qui se souvient encore de leur nom, exception faite pour Ron Arad qui fut et reste un symbole ? Et pourtant, nous sommes tous « responsables de notre prochain » (4), Arévim zé la zé ! Et pourtant nous sommes « un seul peuple, un seul cœur », Am ehad, lev ehad !. Et la belle fête de Souccot qui vient de commencer célèbre d’ailleurs cette unité du Peuple juif. Il y est beaucoup question du mot UN 


Qui se souvient de nos captifs à part les participants à quelques petites initiatives privées très et même trop timides ? Que font nos Institutions officielles ? Les responsables du Centre Communautaire Juif de Paris, par exemple, pour vraisemblablement « faire comme les autres », c’est à dire comme Libération, Le Monde et autres, s’empressèrent d’accrocher sur la façade du bâtiment les portraits de Mme Florence Aubenas et de son guide-interprète, M. Hussein Hanoun, mais n’accrochèrent jamais celui de Ron Arad. « Il n’est pas Français », me rétorqua-t-on un jour. Et M. Hussein Hanoun l’est-il ? Et d’ailleurs, si être Français est un « critère de sélection » pour attirer l’attention du public sur des « otages français », pourquoi Guilad Shalit, possédant la nationalité française, n’a-t-il pas encore son portrait sur la façade du Centre Communautaire depuis le 25 juin 2005, date de son enlèvement ?


Pendant la prière, je me souvenais de ce que nous enseignent nos Sages, à savoir que les Juifs ont l'obligation impérative de racheter les captifs, obligation considérée comme une grande mitzva quoique ne figurant pas dans la Thora.


Pendant la prière, je pensais à ce qu’écrivait Maïmonide : « Il n'existe pas de commandement plus important que le rachat des prisonniers », pidyon chvouïm en hébreu. Ce pydion qui incombe à la Communauté toute entière et qu’Israël paie souvent très cher pour le respecter.


Pendant la prière, je pensais qu’il m’avait même été dit que ce commandement était si important que la Halacha permettait que l'argent collecté en vue de la construction d’une Synagogue serve au pidyon.


Pendant la prière, je pensais que le 30 juin 1997, lors d’une manifestation devant l’Ambassade d’Israël, manifestation placée sous le slogan « Sois responsable de ton prochain - Arévim zé la zé », le Grand Rabbin de France déclara « qu'on pouvait aller jusqu'à vendre une Synagogue » pour ne pas transgresser cette mitzva.


*

*      *


Nous venons de passer les premiers jours dans nos Souccot, ces frêles « habitations » en souvenir des 40 ans d’errance de nos ancêtres dans le désert. Nous avons « vu le ciel » à travers le toit de branchages. Mais nos otages ont-ils vu le ciel, eux qui doivent être enfermés, et dans quelles conditions, dans des prisons ou dans des souterrains ? L’ont-ils seulement même vu depuis leurs enlèvements ?


Prions avec ferveur pendant ces fêtes de Souccot, pendant la lecture des Hocha’anot dans lesquelles il est beaucoup question de délivrance. « Délivre ! Ô délivre ! ».


Prions pour le retour de tous ces prisonniers en cette année 5768, année du 60ème anniversaire de l’Etat d’Israël, afin qu’à Kippour prochain, Behezrat Hachem (1), nous puissions leur souhaiter « Gmar ‘Hatima tova ». AMEN !


Moadin lesim’ha à toutes et tous.



Charles Etienne NEPHTALI


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et non Inch Allah, comme scandaleusement prononcé, dans la Synagogue de surcroît, par certaines personnes, pas âgées du tout.

Donc tous nos ennemis que nous assimilons au Léviathan, ce légendaire monstre marin incarnant le mal qui sera immolé à la fin des temps et dont la peau servira à la construction de la Soucca des temps futurs, ce monstre dont il est dit que sa mort mettra fin au mal dans le monde.

(3) Le 20 août 1997, j’adressais à Madame Myriam Baumel, la Mère de Zacharie Baumel enlevé 15 ans auparavant, une lettre en réponse à son émouvante déclaration selon laquelle elle « avait l’impression que peu à peu tout le monde se [désintéressait] de son drame », lettre dont je reproduis ci-dessous quelques extraits.

Un Rabbin, illustrant ce commandement, nous contait cette histoire quelque peu naïve : des habitants d’un Shtetl voulant passer sur l’autre rive d’une rivière, payèrent leur place sur une petite embarcation. Au milieu du cours d’eau, l’un d’entre eux sorti un vilebrequin (nous dirions aujourd’hui une perceuse sans fil) et commença à percer un trou sur le fond de la barque, entre ses pieds. Les autres passagers l’invectivèrent, lui demandant ce qu’il était en train de faire. « Un trou car cette place, je l’ai payée et elle m’appartient » leur répondit-il. L’embarcation coula, tous se noyèrent.



Chère Madame Myriam Baumel,


……..malheureusement, chère Madame Baumel, j’en arrive à avoir la même impression que vous.


……..n’étant pas Israélien, je ne me permettrais pas de porter un jugement sur l’attitude des Israéliens comme le firent récemment certains journalistes et historiens. Mes critiques vont vers les Juifs en général et les Juifs de France en particulier.


Personnellement, Madame, même très difficilement, j’imagine votre angoisse en pensant au mauvais sang que nous nous faisons ne serait-ce que lorsqu'un proche a du retard pour rentrer à la maison ou en pensant à la contrariété que nous éprouvons lorsqu'un proche n'est pas là pour un Chabbat ou une fête.


Personnellement, Madame, même très difficilement, j’imagine ce que vous devez éprouver vous-même ainsi que les Pères, Mères, sœurs, frères ou fille (dans le cas de Ron Arad et de sa fille Youval).


Vous avez raison, Madame, de préciser que « le temps ne travaille pas pour les captifs ». Vous avez également raison lorsque vous affirmez que, « tant à gauche qu’à droite, les responsables politiques ainsi que l’Armée évoquent parfois divers motifs pour laisser de côté ce douloureux problème des soldats disparus ».


Vous avez raison, Madame, de dire « qu’il est lamentable de porter crédit à ce que peut dire un Arafat dans le domaine des disparus et dans beaucoup d’autres, d’ailleurs ».


Vous avez raison, Madame, de dire « que rien ne doit être concédé à l’OLP tant que de véritables informations sur nos soldats disparus n’auront pas été obtenues ».


Oui, chère Madame, chaque Juif à travers le monde se doit de se sentir concerné par votre drame et celui des familles de Zvi Feldman, de Yehouda Katz et de Ron Arad, la libération des captifs étant une très grande mitzva que nos Sages ont considérée comme prioritaire, mitzva passant même avant celle qui consistait à construire une Synagogue.


……….. il ne faut pas que votre famille ainsi que les familles Feldman, Katz et Arad « ne pleurent pas dans la solitude, afin que Zacharie, Zvi, Yehouda et Ron ne soient pas abandonnés, livrés à leurs pleurs et à leur solitude en des lieux inconnus mais sûrement hostiles ».


……….. non, Myriam (permettez-moi de vous appeler par votre prénom, qui est celui d’une femme courageuse et célèbre de notre Histoire), vous et toutes les autres Mères, ne soyez plus seules à pleurer. Je pleure avec vous……………….


……………………

Charles Etienne NEPHTALI

Le 20 août 1997



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