Le Yediot Aharonot consacre un article au ministre de la Défense, Ehud Barak, qui, depuis son retour aux affaires, fait entendre des opinions sécuritaires qui s’écartent de la ligne traditionnelle du parti travailliste. Sur l’échiquier politique, écrit le journal, Ehud Barak semble même se positionner à droite du Premier ministre Ehud Olmert.

« Les Israéliens ont de bonnes intuitions », aurait affirmé Ehud Barak en privé, « on ne peut plus leur faire miroiter le fantasme d’un accord proche avec les Palestiniens. Nous ne sommes ni en Europe occidentale ni en Amérique du nord. On ne peut pas envisager l’idée d’une séparation d’avec les Palestiniens avant de trouver le moyen de protéger les citoyens israéliens de tous les ‘objets volants’ qui leur passent au-dessus de la tête, des roquettes Qassam aux missiles Shahab ». La mise en place d’un système de défense contre les roquettes et les missiles devrait prendre entre trois et cinq ans pendant lesquels, pour Ehud Barak, on ne peut envisager aucun retrait de Cisjordanie.

Le ministre de la Défense voit les tentatives que fait le Premier ministre pour renouveler le processus face aux Palestiniens avec une bonne part de scepticisme, pour ne pas dire de dédain, poursuit le journal. « Tout cela n’est que de l’emballage, de l’air ou, si vous préférez, une atmosphère, c’est tout. Ce qui compte à la fin c’est la réalité : est-ce que Mahmud Abbas et Salam Fayyad sont capables d’appliquer quelque chose en Cisjordanie ou non ». La réponse d’Ehud Barak à cette question rhétorique est non. Il ne croit pas, en effet, qu’il soit possible de parvenir avec les dirigeants palestiniens actuels à un accord sur les questions qui sont au cÅ“ur du conflit.

Dans les faits, Ehud Barak admet qu’il n’a pas l’intention de lever des barrages en Cisjordanie malgré les demandes répétées d’Ehud Olmert. Il l’a notamment fait savoir au Premier ministre palestinien et à la secrétaire d’Etat américaine. « Ma première responsabilité, c’est d’assurer la sécurité des citoyens israéliens », explique Ehud Barak. « De toute façon, le premier attentat qui sera commis au cÅ“ur d’une ville israélienne mettra fin à tous les gestes en faveur des Palestiniens et sera la fin de la tentative actuelle de modifier l’atmosphère ». Ehud Barak estime que tant que les Palestiniens seront incapables d’empêcher que des attentats soient commis en Israël, il est dans l’intérêt de leurs dirigeants que les barrages restent en place.

En outre, il a mis en garde la secrétaire d’Etat américaine qu’une intensification de la collaboration entre Israël et Mahmud Abbas risque de faire passer ce dernier pour un collaborateur aux yeux des Palestiniens. « Il faut aider Mahmud Abbas de manière modérée, uniquement pour créer un nouveau climat », aurait affirmé Ehud Barak.