Jeudi 19 juillet, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s’est rendu en Syrie pour y rencontrer, deux jours après le début de son second septennat, son homologue, Bachar al-Assad, ainsi que le chef du Hamas en exil Khaled Mechaal. Lors d’une rencontre avec une délégation du Djihad islamique palestinien et des chefs de divers mouvements palestiniens installés à Damas, M. Ahmadinejad a rappelé « l’importance de l’unité palestinienne pour contrer l’occupation » israélienne ainsi que « l’appui de l’Iran à la cause juste des Palestiniens ».
Il s’agissait de la seconde visite de Ahmadinejad à Damas depuis son élection en 2005.
Si les étroites relations qu’entretiennent Téhéran et Damas ne sont plus un secret pour personne, les révélations faites par le journal Asharq al-Awsat sur le contenu des discussions entre les leaders iranien et syrien ont provoqué de vives inquiétudes en Israël.
Dans ses colonnes, le journal, citant un responsable iranien anonyme, a fait en effet allusion à un accord passé entre Mahmoud Ahmadinejad et Bachar al-Assad portant sur le financement, à hauteur d’un milliard de dollars, d’armes russes et nord-coréennes à la Syrie.
Toujours selon Asharq al-Awsat, Téhéran se serait engagé à implanter des industries militaires sur le sol syrien et à accorder un important soutien politique concernant le dossier libanais.
En contrepartie, le président syrien aurait promis à son homologue iranien de cesser toute tentative de pourparlers de paix avec l’État hébreu.
Aussitôt rendues publiques ces révélations ont fait l’effet d’une bombe en Israël.
Le ministre des Affaires stratégiques, Avigdor Lieberman, a immédiatement exhorté Ehoud Olmert et le chef de l’opposition Binyamin Netanyahou à considérer sérieusement ces propos, afin de ’’préparer Israël politiquement et militairement’’ face aux nouvelles menaces de l’axe du Mal.
Le député national-religieux Arieh Eldad a, quand à lui, souligné l’analogie avec les alliances conclues à la veille de la guerre des Six jours et celle de Kippour.
Au Likoud, on a fait allusion à la duplicité du président syrien qui ’’parle de paix comme une colombe mais se prépare à mordre comme un serpent’’.
’’L’Iran menace non seulement Israël, mais la stabilité de toute la région, ainsi que les régimes arabes pragmatiques et l’hégémonie occidentale réaliste et modérée’’, a affirmé Tsahi Hanegbi.
’’L’alliance de la Syrie à l’Iran révèle la nature hâtive et aventureuse du président syrien Bachar al-Assad. Contrairement à son père Hafez, Bachar prend des risques exagérés qui mettent en danger son régime’’, a ajouté le président de la commission parlementaire des Affaires Etrangères et de la Défense.
Mais du côté, du cabinet du Premier ministre, on a adopté un profil plus prudent.
Dans l’entourage d’Ehoud Olmert, on affirme en effet qu’Israël possède d’autres moyens de vérifier l’authenticité de l’information avancée par les médias arabes, concernant une nouvelle alliance d’armes conclue entre Mahmoud Ahmadinejad et Bachar al-Assad.
Mettant en doute les informations publiées par Asharq al-Awsat, le gouvernement a tout de même déclaré que la rencontre entre les deux présidents à Damas révélait à elle seule le niveau d’implication de la Syrie dans l’axe du Mal.
Ce dimanche 22 juillet, l’Iran a finalement mis fin à la polémique suscitée par la rencontre Assad/Ahmadinejad.
Dans sa conférence de presse hebdomadaire, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Mohamed Ali Husseini a en effet affirmé que les informations publiées dans les médias arabes visaient à nuire aux bonnes relations entre Damas et Téhéran.
Qualifiant de jeu médiatique le supposé accord conclu entre les deux dirigeants, Husseini a refusé de confirmer les ’fuites’ tout en se demandant publiquement ’comment les médias pourraient être informés de discussions aussi confidentielles’.