Le caporal Shalit a été transféré pour de l’argent et des armes. Sa libération pourrait être négociée. Dans un entretien diffusé jeudi par la chaîne de télévision israélienne Canal 10, le porte-parole de l’Armée de l’islam, Abou Moutfana, a confirmé que son organisation a «transféré» à la branche armée du Hamas le caporal israélien Gilad Shalit, détenu dans ses geôles depuis le 25 juin 2006.
Abou Moutfana a expliqué que son organisation, qui a également détenu le journaliste britannique Alan Johnston durant cent quatorze jours, a décidé de se séparer du caporal israélien « parce qu’elle s’occupe d’autre chose pour le moment ». S’exprimant avec une cagoule sur la tête, le porte-parole a cependant refusé de donner des détails sur les conditions de ce « transfert ». « Le Hamas nous a proposé des armes et de l’argent », a-t-il cependant reconnu.
Gardé dans un bunker miné
Les sources proches des services de renseignement de l’Etat hébreu estiment, elles, que cette milice dirigée par Mountaz Dougmouch aurait encaissé 6 millions de dollars en plus d’une importante cargaison d’armes.
Lorsqu’il était détenu par les hommes de Mountaz Dougmouch, le caporal israélien était gardé dans un bunker du sud de la bande Gaza. Cette pièce est située à quinze mètres sous terre et l’on y accède par un étroit tunnel dont l’entrée est piégée.
Jusqu’à ces derniers jours, la surveillance du caporal était confiée à des hommes déterminés et prêts à mourir pour la cause. Isolés des autres « miliciens », ces volontaires ont d’ailleurs été privés de leur téléphone portable afin d’empêcher tout repérage par les services spécialisés de l’Etat hébreu. Mais en un an, ces derniers ont réussi à intercepter plusieurs conversations radio entre les gardiens et les personnes chargées de leur apporter des vivres une fois par semaine. Dans l’une d’entre elles, l’un des interlocuteurs évoque en clair « notre invité Gilad ».
Peu après l’enlèvement de Gilad Shalit, les services de sécurité de l’Autorité palestinienne (AP) ont interpellé une vieille femme qui fouillait les poubelles de l’hôpital de Rafah. Elle récupérait des bandages souillés. Durant son interrogatoire, la suspecte, qui passe pour une simple d’esprit, a reconnu avoir, pour effectuer cet étrange travail, été payée par un homme « parlant l’arabe avec un accent ». Selon toute probabilité, il s’agissait d’un agent israélien qui recherchait des éléments susceptibles de déterminer l’état de santé de l’otage.
Quoi qu’il en soit, le « rachat » du caporal par le Hamas pourrait, à terme, faciliter sa remise en liberté, puisque les conditions fixées par cette organisation ont toujours été claires (la relaxe de centaines de détenus palestiniens condamnés à de lourdes peines par la justice israélienne) alors que les exigences de l’Armée de l’islam ont souvent fluctué au gré des événements.
A ce propos, les éditorialistes de la presse israélienne et palestinienne constatent qu’à l’occasion de la libération mercredi du correspondant de la BBC Alan Johnston, le premier ministre limogé Ismaïl Haniyeh et les divers porte-parole du Hamas ont appelé à la reprise de pourparlers en vue de la relaxe de Gilad Shalit. Coïncidence ? L’émissaire égyptien chargé de négocier avec les ravisseurs pour le compte des autorités israéliennes a repris ses activités hier. Il s’est réinstallé à Gaza-City après une absence de plus de deux semaines.
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