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LA TRAHISON DE LA RÉPUBLIQUE - L’« agrément » de la France à la terreur palestinienne
Shmuel Trigano - Professeur des Universités
Article mis en ligne le 2 septembre 2019

L’événement de l’été le plus important pour les Juifs français, c’est la révélation du Parisien concernant le deal que le gouvernement socialiste a passé au lendemain de l’attentat de la Rue des Rosiers avec la faction terroriste palestinienne, Abou Nidal, en vertu duquel celle ci s’abstiendrait de commettre en France des actes terroristes, en échange de quoi les terroristes pourraient aller et venir en dans le pays sans être inquiétés et même visiter deux complices dans une prison française (ce qui requit l’aval du Ministère de la justice). Ces quelques lignes témoignent déjà de l’immense scandale de la chose.

Cette attitude peu glorieuse pour un Etat qui a une haute idée de lui même et qui assène de toutes parts les « droits de l’homme » constitue objectivement une forme de coordination inquiétante avec le terrorisme palestinien qui vise uniquement à ce que la France puisse retirer son épingle du jeu. Au lieu de combattre et réduire ce terrorisme qui attaque les Juifs sous tous les cieux, elle consent à ce que ses citoyens juifs soient les victimes collatérales de sa sécurité interne. Cette politique annonçait ce qui allait se passer au début

des années 2000 lorsque 500 agressions antisémites émanant de milieux islamistes restèrent non dénoncées, non nommées, non jugées, non combattues ni punies par le gouvernement Jospin à l’époque de la cohabitation avec Chirac. Le ministre de l’intérieur de l’époque, Vaillant révéla quelques années plus tard qu’il y avait là un choix du gouvernement afin de « de ne pas jeter de l’huile sur le feu » . En somme, la France assurait sa « paix publique » en sacrifiant ses citoyens juifs auxquels il fut demandé de mettre la pédale douce et de pratiquer le « dialogue » inter-religieux. Et comme « il ne se passait rien » en France, ce que confirmèrent les médias, on accusa naturellement Israël d’être à la cause des problèmes (un « conflit importé » ! ) avec « ce qu’il faisait aux Palestiniens » (se souvenir du mot d’Hubert Védrines, ministre des affaires étrangères alors) mais on accusa aussi de racisme (!), d’islamophobie les Juifs français qui appelaient « au secours » et tentaient par tous les moyens d’alerter l’opinion française et la classe politique . Sans succès.

Cet abandon des citoyens juifs français sur le plan national fait système, au plan international, avec le soutien à la « Cause palestinienne » de toutes les agences officielles françaises qui répercutent dans le discours médiatique français le narratif palestinien, du Hamas comme du Fatah, en ignorant consciemment leurs objectifs de guerre. On peut penser que la France pense ainsi se concilier les bonnes grâces du monde islamique au plan du monde arabe mais surtout de la société française. Cette attitude d’ailleurs va de pair avec le silence « politiquement correct » sur la provenance et la qualification des actes antisémites commis en France.

Or ce discours, qui reprend les mots de la guerre idéologique des Palestiniens sans aucune critique, est une incitation permanente à la violence contre les Juifs en France, motivée par des motifs religieux qui transcendant les frontières. Mohamed Merah vengeait ainsi, selon ses dires, « les enfants de Gaza »... La « politique » du Quai d’Orsay va plus loin. Ce fut effarant de voir tout cet été 2019 journalistes et commentateurs français se tenir « courageusement » aux côtés de l’Iran, théocratie dictatoriale dont le projet majeur et eschatologique est l’extermination des Juifs que l’arme atomique qu’il construit rendrait possible. Ce fut effarant de voir Macron tendre encore une perche à l’Iran en l’invitant par surprise au G7, sans lendemains, tandis que tous les commentateurs faisaient de Trump l’idiot du village. C’est accablant de voir la politique française envers le Hezbollah (150 000 missiles dirigés contre Israël) qui reçoit par l’intermédiaire de l’armée libanaise l’armement que la France lui vend, alors qu’elle avait été la garante du retrait israélien du Liban et de l’interposition d’une force de l’ONU qui, dès le départ, n’a jamais empéché, comme c’était sa tache et la responsabilité de la France, le réarmement du Hezbollah.

L’ensemble de cette politique qui fait système entre le national et l’international, ne fait que délivrer objectivement un permis de chasser les Juifs. Or l’histoire française récente a démontré que les machines infernales qui les visent spécifiquement, et uniquement parce qu’ils sont juifs, finissent par toucher tous les Français !

Il y a de quoi être stupéfait du silence des institutions juives peu promptes à défendre les droits de citoyen de ceux auxquels elles pensent donner voix dans l’opinion. C’est cela qui est en jeu.

On peut lire le titre de cette chronique dans son double sens : la trahison des citoyens juifs par la République tout autant que la trahison de la République comme esprit, souci de la sécurité de tous ses citoyens sans exception et de justice.

Références : Shmuel Trigano, La démission de la République. Juifs et musulmans en France, PUF. 2003, L’avenir des Juifs de France (Grasset. 2006), Qu’est-ce qu’un acte antisémite ? Pardès n°55, 2014 (dir), Quinze ans de solitude. Juifs de France 2000-2015, Berg international.


  • A partir d’une chronique sur Radio Koulam, lundi 1er septembre 2019


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