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La bonne nouvelle de ces élections de mi-mandat : Bush n’a plus rien à perdre.
Marc Brzustowski
Article mis en ligne le 8 janvier 2007

Les médias croque-mitaine de Francophonie et d’ailleurs se faisaient les gorges chaudes, énivrés par le parfum de défaite électorale qui embrumait les couloirs du Sénat et du Congrès US, au détour des élections de mi-mandat (novembre 2006). L’ennemi juré GW Bush avait un genou à terre et devrait désormais reconnaître son « hérésie ».

Il composerait désormais avec l’équipe de projet du « 10 septembre 2001 » (L.Murawiec) remettant en selle plusieurs des responsables mêmes de l’affaiblissement du pouvoir de dissuasion américain dans le monde, depuis les années 78-80 : James Baker, le Mister « No » du travail à finir dès 91 en Iraq et négociateur tous azimuts avec Arafat et d’autres chefs terroristes ; Uncle Jimmy Carter, rédacteur à ses temps perdus de pamphlets antisionistes comparant Israël à l’Afrique du Sud, dont on se souvient qu’il se trouvait inadéquatement aux commandes de l’Etat, lors de pitoyables reculs du temps de la Révolution islamique iranienne (affaire des otages à Téhéran, puis de Beyrouth, etc.) ; sans compter les nouveaux venus, John Kerry, se rendant (aux deux sens du terme) sans plus attendre à Damas et Téhéran, etc.

En réalité, l’Administration US s’éloigne sans broncher des recommandations du fameux rapport en creux Hamilton-Baker sur l’Iraq. Condolezza Rice a renvoyé sine dié tout projet de négociation directe avec l’Iran et la Syrie. La communauté internationale a elle-même entamé un régime de sanctions, certes édulcorées, contre le programme nucléaire iranien.

Sans se résoudre non plus à l’annoncer ouvertement, pour ne pas froisser les nouveaux revenants aux cercles dirigeants, plutôt qu’un retrait dépité d’Iraq, Bush laisse présager un renforcement de la présence militaire sur le sol iraquien pour une mission circonstanciée.

Ce plan se profile déjà par un envoi sans précédent de forces navales de soutien dans le Golfe persique (sources : Debkafile). Une force maritime formée de l’USS Stennis, de l’USS Einsenhower, de l’USS Boxer, aujourd’hui rejointe par l’USS Ronald Reagan depuis la base de San Diego, a pris ses quartiers à proximité des côtes iraquiennes, iraniennes et à portée d’avions de la Syrie, du Liban ou de toute autre zone incontrôlable du Moyen-Orient. Ils sont accompagnés d’au moins deux sous-marins à haute capacité technologique (nucléaire ou autre, le choix des armes ne regardant qu’Ahmedinejad), de démineurs capables de frayer dans le détroit d’Ormuz, de dix escadrilles aériennes, d’hélicoptères d’approche au sol, ainsi que de matériels amphibies à même de débarquer sur les plages ou falaises ennemies. De 16 000 marines, personnels maritimes ou aviateurs accompagnés de leurs techniciens, on serait en train de passer à une task-force de 20 000 hommes stationnés en toute éventualité dans cette région fort explosive... Le message est clairement adressé à l’Iran et la Syrie, si chaudement recommandées par Mrs Hamilton-Baker, laissant entrevoir que le cycle de « négociations » en cours n’a, en tout cas, rien à voir avec les déplacements pompeux à Munich (38) ou les wagons de Montoire (juin 40)...

Ce qui surprend encore, ce sont les changements intervenus à la direction des opérations en Iraq et dans ses alentours immédiats. Le commandement central des troupes en Afghanistan, Iraq de la guerre anti-terroriste a été délégué à l’Amiral Fallon, en remplacement du Général Abizaïd. Cet amiral est précisément le spécialiste du déploiement simultané de forces combinées : navales, terrestres (Marines) et aériennes. Le Général Georges Casey, tenu pour l’un des propagateurs d’un sentiment de défaite quasi-inéluctable, a été renvoyé aux States et remplacé manu militari par le Général Petraeus, chef de la 101 airborne (celle de Ste Mère l’Eglise et de Bastogne durant la seconde guerre mondiale) et des Screaming Eagles, lors de l’invasion de l’Iraq en 2003. Comme si les Américains, lors de l’offensive, avait manqué une maille qu’il fallait au plus vite rectifier. L’ambassadeur US en Iraq chargé des liens avec le gouvernement d’Al-Maliki est Ryan Crocker, en remplacement de Ramay Khalidzad : or, il n’a rien d’un novice, puisqu’il a été chargé de la traque des Taliban et d’Al Quaeda en Afghanistan. On peut, bien sûr, penser que les résultats ont ailleurs été mitigés. La conquête de Tora-Bora n’a pas ramené la tête de Ben Laden sur un plateau, mais beaucoup de ses sanctuaires sont tombés, obligeant Al Quaeda et les Taliban à se replier sous drapeau de complaisance pakistanais, pour lancer leurs tentatives régulières de contre-offensive. Cette nomination pourrait donc bien annoncer, sur le même modèle, une vaste opération de ratissage visant à faire place nette dans Bagdad et ses environs immédiats de façon à sécuriser l’actuel pouvoir iraquien, marqué par l’instabilité .

Voilà, en tout cas, une trilogie offensive qui tient plutôt du coup d’accélérateur que du coup de frein, toujours dans la perspective d’un retrait progressif, mais cette fois, avec le sentiment de la mission accomplie dans ses grandes largeurs. Robert Gates, qui a remplacé Ronald Rumsfeld, est considéré comme un pragmatique, capable d’assurer l’interface entre Démocrates de retour et Républicains encouragés par les néo-conservateurs. Il étudie sur place les conditions qui conforteraient un envoi de troupes supplémentaires, sans doute sur une période courte pour un travail de sécurisation intensive des institutions et des principales villes, puis un redéploiement axé sur la protection des sites énergétiques (ce qui rejoindrait les préconisations d’un autre observateur de l’Islam : Daniel Pipes).

Moins qu’une « victoire totale » sur un terrorisme multiforme, il s’agirait néanmoins d’enfouir la tête du serpent sous le sable pendant un temps suffisamment long pour permettre l’émergence de voies de négociation inter-iraquiennes, entre Sunnites et Shi’ites notamment. Des contacts discrets auraient lieu entre leaders spirituels des deux communautés, par l’intermédiaire de médiateurs raisonnables, tels que l’Ayatollah Sistani, qui s’est avéré un pivot de la modération, au moment de l’arrivée des troupes essentiellement britanniques en territoire shi’ite.

Plusieurs opérations successives plaident en faveur de cette thèse de la « pacification » : récemment, les Anglais n’ont pas hésité à prendre d’assaut un commissariat pourtant « légitime », mais tenu par des officiers de police à double-emploi, à la fois tortionnaires islamistes et représentants du nouvel ordre en Iraq. Leurs prisonniers, Sunnites victimes d’exactions, ont été renvoyés vers d’autres centres de détention et les policiers « islamistes », dont plusieurs ont été tués, mis momentanément hors d’état de nuire.

L’arrestation dans les quartiers shi’ites de Bagdad, de plusieurs iraniens par les forces coalisées, 2 militaires et deux « diplomates », travaillant en fait pour l’Armé d’Al Quds, fer de lance des Pasdaran dans le monde pour l’exportation de la Révolution iranienne, a constitué un nouvel avertissement pour les cercles compromis du nouveau pouvoir issu des élections « démocratiques » en Iraq.

Ce premier week-end de janvier est également marqué par la liquidation de 30 « insurgés » dans la région bagdadie et l’arrestation de 8 autres, dont un certain nombre d’étrangers, principalement Soudanais (ce qui a des incidences sur d’autres zones de conflits). Les coups de filet de cet ordre semblent se répéter, avec des coalisés qui ne se contentent plus de prendre des coups et de compter les victimes de la guerre civile, mais apprennent où et quand frapper selon des informations et un programme qui ne manque ni d’à-propos ni d’efficacité.

Ils n’empêchent, à cette heure, ni la mort de civils ni encore le nombre de marines morts au combat de continuer de s’élever dramatiquement dans le décompte morbide de l’opinion publique. C’est précisément le talon d’Achille de cette politique qui surseoit pour le moment à l’envoi de troupes supplémentaires sur la base d’une mission de sécurité précise. Ces nouvelles opérations d’envergure ne pourront avoir lieu et n’auraient de sens que si le niveau de qualité de renseignement sur le terrain s’améliore, avec l’aide de troupes et de police iraquienne plus aguerries, plus fiables, c’est-à-dire épurées des manipulations factieuses.

Plutôt que d’un « bourbier » qui s’alimente d’images sanglantes jour après jour, les Etats-Unis ont été entraînés dans une guerre tribale et souterraine au beau milieu de laquelle ils ne pouvaient pas grand chose. La seule alternative de moyen terme serait cette confédération de 3 entités autonomes et inter-dépendantes sur le plan stratégique et énergétique, sur la base d’une « pacification » ethno-religieuse : or on comprend entre les lignes que ceux qui ont le plus intérêt à la perpétuation du massacre sont ceux-là même qui ont érigé leurs idéaux politico-religieux en Djihad, à savoir Al Quaeda sunnite, d’un côté, les Mollahs iraniens de l’autre, grâce à leurs sattelites comme le Hezbollah et les Brigades du Mahdi de Moqtada Sadr (responsable de Sadr-City dans la périphérie de Bagdad), l’un des piliers boîteux de l’actuelle coalition au pouvoir, avec lequel, en tout cas, il faut pour le moment compter, en vue de le neutraliser, de façon conjointe et coordonnée en même temps que le clan d’en face. D’où on déduira encore que la guerre anti-terroriste reste le noyau de la stabilité au Proche et Moyen-Orient, avant un quelconque tour de table qui risquerait de renforcer les Etats déstabilisateurs ou voyous.

Les changements politiques intervenus, moins que de signifier l’échec de ce mandat, ont provoqué un nécessaire ré-examen des raisons et finalités de cette présence et un ensemble de réajustements sont être en cours. La condamnation à mort controversée de Saddam Hussein intervient comme un coup d’arrêt à l’insurrection sunnite, lui signifiant que la voie de la rébellion la mène à une impasse politique totale et que cet Iraq-là ne renaîtra jamais. On a vu qu’elle était un moment fort des règlements de comptes ethniques, alors que sur les images d’un portable, à l’ultime moment, un spectateur engagé dans l’évènement criait sa dévotion à « Moqtada » (Sadr), plutôt que clamer la « libération de l’Iraq » du spectre de la dictature, par exemple.

De son côté, Bush n’a rien à perdre : dans deux ans, si sa nouvelle stratégie ne donne pas les résultats escomptés, il en sera au même point historique qu’aujourd’hui, avec malheureusement, plus de tués à son actif : celui qui aura perdu la guerre d’Iraq et la lutte anti-terroriste. Ou celui qui, in extremis, aura su tirer parti de ses erreurs et réajuster le tir, affirmant la position des Etats-Unis sur le plan international pour de nombreuses années. Le petit Texan, malgré les détracteurs qu’il s’attire et les nombreux bâtons dans les roues qui l’attendent, a parfaitement le cran d’assumer sa tâche qu’il considère historique et laisser la postérité juger. C’est ce qui fonde sa détermination et son avantage stratégique sur ses adversaires politiciens démocrates qui usent fréquemment de démagogie à effets immédiats, sans un regard d’estime pour les conséquences à long terme d’une défaite contre le terrorisme... Les Etats-Unis ont la puissance et les ressources pour se livrer à des changements stratégiques majeurs au long cours, et plus d’ambition géopolitique que de s’empêtrer dans des considérations tactiques de mi-mandat.

Sur le plan des alliances en vue d’une contre-offensive, même s’il n’y a de liens qu’indirects, un ensemble de réactions musclées de l’Otan se déroulent en Afghanistan. La récente mise hors la Loi et le pouvoir de nuire des Tribunaux Islamistes, par les troupes régulières somaliennes massivement soutenues par l’Ethiopie et l’ONU, est un autre signe patent que l’heure n’est pas à baisser les bras devant la menace islamiste, sous quelque forme et théâtre que ce soit. Les Américains sont sur des charbons ardents dans la traque des responsables somaliens de plusieurs attentats au Kenya, Tanzanie (Daar Al Salam, Nairobi, etc.), entre 98 et 2003. Les Israéliens ont aussi des comptes à régler avec ces terroristes, depuis les attentats de Mombassa. On sent bien que la victoire sans coups férir de l’Ethiopie « arrive » (pour le moins) « à point nommé », au moment même où Saddam et ses principaux adjoints se font passer la corde au cou...

La question du Darfour au Soudan est une autre épine dans le pied de la Communauté internationale. On voit jusque dans la périphérie de Bagdad que cette question concerne les troupes coalisées stationnées ailleurs... Elle semble être traitée actuellement de façon similaire au sort des Juifs en Europe, durant le second conflit mondial : les Grands de ce monde, ont « pour le moment d’autres chats à fouetter »... ce qui ne change rien à la nature criminelle de cette passivité complice...

Mais l’avertissement éthiopien en Somalie dit assez aux Islamistes qu’ils n’auront pas toujours la main pour se livrer à toutes les exactions dont leur imagination est fertile...

Il manque un acteur de poids dans ce tableau, Israël au service dépannage depuis le dernier été au Liban. On sent à quel point la crise politique qui en a résulté pèse sur le cours de la guerre anti-terroriste. Il faudra sans doute attendre les conclusions de différents rapports (Winograd, etc.) pour que la situation embrouillée s’éclaircisse.

Aux rangs intermédiaires, Mahmoud Abbas, après avoir déclaré illégale la force armée du Hamas, est maintenant directement menacé par au moins six groupes alliés du Hamas comme comptable des tueries inter-palestiniennes. Peut-on voir en lui autre chose qu’un allié tactique de pure circonstance sans s’exposer à de graves déboires ? Les Américains ont choisi, depuis l ’élection du Hamas, d’entraîner ses troupes en Jordanie et plaide auprès d’Israël pour l’ouverture des frontières aux Brigades Badr .

Mais on sait aussi que Mohamed Dahlan détourne armes et moyens financiers mis à sa disposition par les USA, Israël, l’Egypte et la Jordanie pour s’aliéner les bonnes grâces de l’Armée Islamique, filiale d’Al Quaeda impliquée avec le Hamas dans l’enlèvement du Caporal Shalit... Retournements d’alliances qui peuvent ensuite s’avérer purement tactiques et potentiellement criminogènes.

Les Occidentaux sont capables de faire en Territoires palestiniens, les mêmes erreurs que celles qui ont conduit au bain de sang ethnique en Iraq, en armant des gens peu fiables dont on ne sait pas précisément à quel moment les armes fournies se retourneront contre leurs fournisseurs... Ce type d’erreurs peuvent sans doute être minimisées par un meilleur contrôle des faits et gestes des décideurs locaux. Mal évaluées, elles peuvent être lourdes de conséquences et mettre en place les conditions de nouveaux conflits répétitifs et interminables. En attendant, les opérations ponctuelles de ratissage menées parallèlement par Tsahal effectuent un « arbitrage » dans cette guerre des gangs dont on perçoit mal l’issue.



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