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Les Palestiniens pleurent Saddam, Israël craint le pire
Par Dalia Nammari - Jerusalem Post édition française
Article mis en ligne le 1er janvier 2007

La générosité de Saddam Hussein envers les terroristes palestiniens a été estimée à 35 millions de dollars.
L’exécution de l’ancien dictateur irakien, Saddam Hussein, tôt samedi 30 décembre a plongé les Palestiniens dans un deuil profond. Les habitants de l’Autorité palestinienne cherchent à comprendre la mort de celui qui représentait sans aucun doute, un de leurs plus fidèles alliés.

Contrairement au reste du monde qui considérait Saddam comme un brutal dictateur qui avait opprimé son peuple et initié des guerres locales, les habitants de la bande de Gaza et de la Cisjordanie voient en lui un généreux bienfaiteur qui n’avait pas peur de se battre pour la cause palestinienne, et ce, jusqu’au bout. Les derniers mots de Saddam n’ont-ils pas été : « la Palestine est arabe » ?

« Nous avons suivi son calvaire et je jure devant Dieu que nous avons été véritablement choqués et bouleversés », a affirmé Khadejeh Ahmad, du camp de réfugiés Kadora, en Cisjordanie. « Personne n’a soutenu ou pris position en faveur des Palestiniens comme il l’a fait. »

Pendant la première guerre du Golfe, en 1991, les Palestiniens ont en effet salué les attaques de missiles irakiennes sur Israël, scandant : « Saddam, notre bien-aimé, frappe Tel-Aviv », alors que les Scud s’abattaient sur l’Etat juif.

Plus tard, Saddam n’a pas hésité à soutenir financièrement les Palestiniens et encourager leur lutte contre Israël en accordant 25 000 dollars à chaque famille de terroriste suicidaire et 10 000 dollars aux proches des Palestiniens « morts aux combats ». Sa générosité envers les terroristes a été estimée à 35 millions de dollars.

Le soutien de Saddam pour les Palestiniens - dont la cause est particulièrement populaire parmi les Arabes du Moyen-Orient - était en fait en partie destiné à récolter l’adhésion du monde arabe.

Sa chute - sa défaite contre les Américains, sa capture, son procès et son exécution - est considérée comme une grande tragédie par les Palestiniens qui louaient Saddam et son courage de tenir tête aux Etats-Unis et à Israël, quand d’autres leaders arabes faisaient profil bas.

« Saddam savait dire ’non’, même à un grand pays », note Hosni al-Ejel, 46 ans, du camp de réfugiés al-Amari près de Ramallah. « Il voulait que les Palestiniens aient un Etat, un gouvernement et soient unifiés. Aujourd’hui nous prions Dieu pour qu’il punisse ceux qui ont causé sa perte », affirme Ghanem Mezel, 72 ans, originaire de Saïr, au sud de la Cisjordanie.

Ratib el-Imlah, le leader du Front de libération arabe, une branche locale du parti Baas de Saddam Hussein, a qualifié ce samedi 30 décembre de « triste jour dans la vie des Palestiniens et pour notre nation arabe ». D’autres se sont avoués heureux d’entendre les derniers mots de Saddam Hussein et de découvrir que son soutien était resté intact jusqu’au bout.

A Bethléem, des Palestiniens ont ouvert une « maison de condoléances », où des dizaines d’entre eux se retrouvent pour s’asseoir sur des sièges blancs, boire du café noir et pleurer Saddam. L’association a étendu des drapeaux irakiens, exposé des photos de l’ancien dictateur et diffuse des chansons révolutionnaires irakiennes. Quelques véhicules arborent une bande de tissu noir accrochée à leur antenne.

Mohammed Barghouti, le ministre du Travail dans le gouvernement palestinien du Hamas, a déclaré que même si son mouvement était souvent en opposition avec le laïque Saddam, il considérait son exécution comme une erreur. « Les Palestiniens se sont rapprochés de leurs frères irakiens », a-t-il ajouté.

En Israël, où Saddam était considéré comme un ennemi amer, la tristesse était peu présente. L’Etat hébreu n’a pas officiellement réagi à l’exécution de Saddam Hussein. Même si le « boucher de Bagdad » a toujours représenté une menace stratégique pendant plus de deux décennies et ses ambitions nucléaires - dont ses missiles Scud - ont causé bon nombre de traumatismes et de souffrances à Israël. Pour l’heure, aucun communiqué officiel n’a suivi sa pendaison, ni des bureaux du Premier ministre, ni du ministère des Affaires étrangères.

Le vice-ministre de la Défense, Ephraïm Sneh, a quant à lui fait part de son inquiétude concernant la voie que va emprunter l’Irak maintenant que le pays s’engage dans une ère post-Saddam. Sneh a fait savoir à la radio israélienne qu’Israël redoutait un renforcement de l’influence iranienne dans les secteurs chiites du sud du pays et au sein du gouvernement. Par ailleurs, l’Irak est devenue une « puissante station » terroriste qui pourrait étendre le chaos à travers l’ensemble du Moyen-Orient, a ajouté Sneh. « Nous devons être prudents sur ce qui peut arriver maintenant », a-t-il ajouté.

Shimon Peres a également signifié, par un communiqué de presse, que « Saddam Hussein est responsable de sa mort. Il était cruel et diabolique envers son propre peuple et représentait une menace pour ses voisins ». De son côté, le ministre des Infrastructures nationales Binyamin Ben-Eliezer, a qualifié Saddam « d’ennemi de son propre peuple », tout en précisant que si sa mort était « un tournant historique pour l’Irak », elle risquait d’intensifier les violences chiites sunnites irakiennes.

Quant au député arabe Ahmed Tibi, du parti Taal, il est le seul parlementaire israélien à avoir dénoncé l’exécution de l’ancien président irakien. Il a qualifié sa pendaison « d’acte sadique » et a comparé l’occupation américaine en Irak à la marque de Caïn. « Même les dictateurs méritent un traitement humain », a-t-il déclaré.



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