« Nous, les survivants, ne sommes pas les vrais témoins. C’est là une notion qui dérange, dont je n’ai pris conscience que récemment. Grâce à l’habileté ou la chance, nous n’avons pas touché le fond. Ceux qui l’ont fait, qui ont vu la Gorgone, ne sont pas revenus pour raconter, mais ce sont eux, les engloutis, qui sont les témoins intégraux. Ils sont la règle, nous l’exception ».
Ce qu’écrivait Primo Levi dans son livre testament, les Naufragés et les Rescapés, paru en 1985, l’année même où Shoah sortait sur les écrans, c’était la conclusion à laquelle était arrivé Claude Lanzmann qui avait commencé son film douze ans auparavant. C’était aussi le titre du livre où il avait tout appris, la « Destruction des Juifs d’Europe », de Raul Hilberg. La vérité de l’histoire des Juifs pendant la guerre c’était l’histoire de la mort des plus nombreux et non celle de la survie de quelques-uns.
Hommage à Claude Lanzmann
Richard Prasquier Président d’Honneur du Crif Président du Keren Hayessod France
Article mis en ligne le 12 juillet 2018