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BAKER .... LE RETOUR
par Yoram Etinger
Article mis en ligne le 14 décembre 2006

Attention, le virtuose des affaires est de retour
La réputation diplomatique de James Baker (celle d’un échec), qui avait soumis ses suggestions concernant la guerre en Irak aux dirigeants de l’administration de Bush, est l’inverse de sa prodigieuse réputation en affaires et en politique à Washington. L’adoption de ses conseils servira les intérêts des éléments terroristes anti-Américains et portera atteinte aux éléments modérés pro-Américains

Les auteurs du rapport appellent tous les pays de la région (y compris la Syrie, l’Iran, l’Arabie Saoudite et l’Egypte) à s’unir pour résoudre la question de l’Irak

Une nouvelle étude du parcours de Baker démontre qu’en 1990, à la suite de l’incursion irakienne au Koweït, notre « virtuose » du Texas décida de convaincre Asad de se joindre à la coalition contre l’Irak. C’est ce qui explique qu’il ne tint pas compte de l’activité terroriste du dictateur syrien, qu’il le fit bénéficier de la légitimité internationale, qu’il lui laissa entendre qu’il disposerait de l’aide américaine et qu’il lui accorda la liberté d’action au Liban. En réaction au pragmatisme de Baker, Asad ne leva pas le petit doigt contre l’Irak, mais par contre, il acheva l’occupation du Liban, tua des milliers de Libanais, écrasa son gouvernement chrétien et anti-Syrien et fit monter au pouvoir un gouvernement de marionnettes pro-syriennes à Beyrouth. Baker a une grande part de responsabilité dans l’écroulement du Liban

Des années 80 à l’invasion du Koweït par Saddam, Baker considéra ce dernier comme un « dirigeant constructif » digne du soutien des Etats-Unis et en parlant de lui, il s’exprima ainsi : « l’ennemi de mon ennemi (l’Iran) est mon allié » C’est pourquoi Baker ignora la brutalité du « boucher de Bagdad » envers l’Iran (l’invasion de 1980) et envers les Chiites en Irak, c’est ce qui explique le fait qu’il lui accorda des garanties de prêt s’évaluant à cinq milliards de dollars et un crédit de la Banque import-export, qu’il donna son accord pour transférer à Bagdad des technologies sensibles et des renseignements secrets et en avril 1990, il indiqua clairement à Saddam que « l’invasion du Koweït serait une affaire « entre Arabes » En réponse au feu vert de Baker, Saddam envahit le Koweït en août 1990 et menaça de s’emparer de l’Arabie Saoudite, de la Jordanie et des états du Golfe. Sous l’égide du « réalisme de Baker », Saddam empêcha brutalement un soulèvement chiite et rétablit son potentiel de guerre, qui avait été détruit en 1991. Baker n’avait pas compris que « l’ennemi de mon ennemi » risque de devenir « mon ennemi » Les fruits amers dus à cette incompréhension sont le pain quotidien de la région jusqu’à ce jour

A la fin des années 80 et jusqu’à l’invasion du Koweït, Baker se concentra sur le conflit Israelo Palestinien et considéra Arafat comme un partenaire primordial du processus de paix. De ce fait, il ignora totalement le côté déloyal et terroriste d’Arafat et de l’OLP, resserra ses liens avec eux et essaya de casser le Premier ministre de l’époque Itshak Shamir, en le privant de garanties pour des prêts d’un montant de 10 milliards de dollars, qui devaient servir à l’intégration des Juifs d’Union soviétique

De même, il persuada le Président Bush de menacer tout projet de loi pro-israélien d’un veto, fit pression pour le gel des « implantations » et pour le retrait d’Israël aux lignes de 1949, et accusa Israël d’être responsable de l’impossibilité d’une conclusion de paix avec ses voisins

En réponse aux gestes de Baker, l’OLP fournit à Saddam des informations essentielles pour l’invasion du Koweït et l’organisation resta fidèle à Saddam, à Ben Laden et à d’autres organisations anti-américaines qui sont actives jusqu’à ce jour

En 2006, Baker considère les deux états terroristes que sont la Syrie et en particulier l’Iran, comme des états pouvant calmer la situation en Irak. Afin de les encourager en ce sens, il est disposé à améliorer l’espace de leur manœuvre stratégique. L’adoption de ses conseils fera progresser les efforts nucléaires iraniens, fera de l’Arabie Saoudite et des états du Golfe les otages de Téhéran, libèrera Asad des pressions internationales qui se resserrent autour de lui, mettra les régimes d’Egypte, de Jordanie, et du Liban en danger, et forcera Israël à agir unilatéralement afin de faire disparaître la menace mortelle de l’Iran

Les échecs de Baker proviennent, entre autres, des suppositions non fondées suivantes : - les chefs terroristes préfèrent eux aussi une « affaire » (un arrangement) à leur idéologie

- la question palestinienne est à l’origine des violences au Moyen Orient et du terrorisme anti-américain

- il est possible de parvenir à une coexistence pacifique avec un terrorisme farouche

- le conflit israélien tourne autour de la taille et non de l’existence d’Israël

- les concessions israéliennes sont une bonne monnaie d’échange pouvant améliorer les relations entre les Etats-Unis et le monde musulman et arabe. Mais comme nous le démontrent les antécédents de Baker, des suppositions erronées mènent à des conclusions erronées, qui versent de l’huile sur le feu du terrorisme, tout en portant gravement atteinte aux intérêts américains et à la sécurité nationale des pays de la région

La détermination de Baker à conclure à tout prix une « affaire », mène au sacrifice d’intérêts à long terme sur l’autel des illusions à court terme

Pourtant, James Baker reste déterminé à tirer leçon de l’histoire en répétant des erreurs stratégiques et non en se gardant de les répéter

Les dirigeants des Etats-Unis et d’Israël adopteront-ils le « pragmatisme » et le « réalisme » de Baker ou seront-ils assez sages pour tirer leçon de ses échecs ?


Yoram Etinger est un expert des questions qui touchent au Moyen Orient et aux Etats-Unis. Il fut délégué à l’Ambassade d’Israël aux Etats-Unis et Consul général à Houston, au Texas.



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