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Chronique de Michaël Bar-Zvi | Alef Adar 5778 -15 février 2018
Article mis en ligne le 15 février 2018

Boker tov amis auditeurs de Radio J. L’annonce des recommandations de la police sur les plaintes visant le Premier ministre Netanyahou représente sans aucun doute le début d’une période de crise politique en Israël, et peu importe le résultat définitif de cette affaire sur le plan juridique. Contrairement au système juridique français où les enquêtes sont menées sous la conduite d’un juge d’instruction, en Israël la police accomplit ses recherches de manière indépendante, puis dépose ses conclusions, et souvent les révèle publiquement avant de les confier au Procureur qui décide de la mise en examen.

Ce système a ses qualités et ses défauts, notamment lorsqu’il s’agit de personnalités ou d’hommes politiques, car il engendre une exposition médiatique maximale des dossiers, ce qui ne favorise pas la sérénité nécessaire à la justice.

Les accusations contre Netanyahou sont graves par leur nature, si elles sont avérées. Plusieurs scenarii sont possibles, le premier, le moins probable, serait que le Procureur décide de ne pas suivre les recommandations de la police et ne donne pas suite aux deux affaires. Si Netanyahou est mis en examen sur un ou deux dossiers, la loi ne l’oblige pas à démissionner mais jusqu’à présent quasiment tous les ministres ou responsables politiques élus se sont retiré de leurs fonctions dès leur mise en examen, estimant que la préparation d’un procès ne permettait pas d’exercer totalement des responsabilités nécessitant une concentration et une disponibilité optimales.

Si Netanyahou décidait de ne pas démissionner il s’exposerait à une série de référés à la Cour Suprême de la part d’organisations civiles et politiques, et serait bien entendu encore plus fragilisé auprès de l’opinion publique. En cas de démission de Netanyahou, le gouvernement devient un gouvernement de transition et la coalition a le choix entre deux options : constituer un nouveau gouvernement avec à sa tête un autre député, désigné par le premier parti de la coalition, le Likoud avec l’accord des autres partenaires de la coalition ; ou bien proposer une dissolution de la Knesset et l’organisation d’élections générales d’ici trois à six mois.

Dans tous les cas de figure, Israël entre dans une phase de crise politique, alors que la situation dans le nord est explosive, que les tensions en Judée-Samarie, à Jérusalem, et dans la bande de Gaza sont encore très vives, et que les fractures sociales et religieuses s’approfondissent. La démocratie israélienne repose sur des fondements solides mais son fonctionnement laisse apparaître de nombreuses failles, et une situation de chaos, même provisoire, ou de vacuité peut avoir des conséquences dramatiques pour Israël.

La génération politique précédente avait su, à certains moments de crise, trouver des accords entre des hommes qui se détestaient copieusement mais comprenaient ce que l’on peut appeler l’intérêt supérieur de la nation. Peres et Shamir, que tout opposait, avaient constitué un gouvernement d’union nationale, mais on ne voit pas aujourd’hui quels hommes politiques auraient l’autorité morale pour imposer ou réunir les forces vives et sionistes d’Israël autour d’un projet de reconstruction et surtout de reconquête de la confiance perdue de la population, qui porte un regard de dégoût sur le milieu politique actuel. L’immense majorité de la classe politique est ignorée du public, hormis ceux qui font l’objet de caricatures féroces dans les médias satiriques, et sont connus pour de mauvaises raisons. Espérons que l’affaire Netanyahou réveille les consciences endormies.



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