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L’enquête nécessaire en responsabilité
Par Caroline B. Glick - Adaptation française de Simon Pilczer, volontaire de l’IHC
Article mis en ligne le 25 août 2006
dernière modification le 27 août 2006

Les directions politique et militaire actuelles d’Israël sont-elles capables de tirer les vraies leçons de la guerre ?

Aujourd’hui, deux groupes de contestataires sont rassemblés devant les bureaux du Premier Ministre. Le Mouvement pour la Qualité du Gouvernement exige la mise en place d’une commission d’enquête officielle, dirigée par un juge de la Cour Suprême, pour enquêter sur la conduite de la guerre au Liban. En bas de la rue, les réservistes de Tsahal exigent que le Premier Ministre Ehud Olmert, le ministre de la défense Amir Peretz et le chef d’Etat Major Général, le Lt Général Dan Halutz, démissionnent.

La question critique que soulèvent ces protestataires est de savoir si les directions politique et militaire actuelles du pays sont capables de tirer les leçons convenables de la guerre. Si les dirigeants nationaux et militaires d’Israël sont incapables d’en tirer les leçons appropriées, alors il y a un urgent besoin d’accéder à l’exigence des réservistes pour obtenir la démission à la fois des chefs politiques et militaires du pays.

Actuellement, le public israélien désigne la dernière guerre sous le nom de « Deuxième Guerre du Liban ». Pourtant c’est une appellation impropre. La dernière guerre a été menée sur deux fronts - le Liban et Gaza. Elle a été précipitée par l’agression palestinienne contre Israël depuis Gaza. En désignant la guerre comme la Guerre du Liban, la nature régionale de la guerre est ignorée. Le nom fait plus pour jeter la confusion que pour clarifier ce qui vient de nous advenir.

A de nombreux égards, la capacité du gouvernement d’Olmert et de Tsahal d’apprendre de leur expérience peut être appréciée sur la façon dont ils réagissent aux évènements à l’égard de l’autorité palestinienne, comme ils l’ont dévoilé sur la perception de la victoire par le Hezbollah au Liban. En particulier, leur refus de reconnaître le rôle que le Fatah et le président de l’AP Mahmoud Abbas jouent dans la situation actuelle est un motif d’alarme. Ce refus se manifeste lui-même dans la réaction d’Israël à la fois à l’enlèvement des journalistes de Fox News, Steve Centanni et Olaf Wiig, il y a dix jours à Gaza, et la poursuite de la captivité du caporal de Tsahal Gilad Shalit.

Centanni et Wiig ont été kidnappés par les forces de sécurité de l’AP associées au Fatah. Quand leur exigence pour que Abbas leur verse de l’argent en échange de leur libération a été refusée, les auteurs du rapt ont vendu leurs otages à une cellule terroriste du Fatah qui les détient actuellement. Cela veut dire que les forces de sécurité d’Abbas et son mouvement le Fatah plutôt que le Hamas, sont responsables du destin de ces deux hommes.

De plus des sources palestiniennes bien renseignées affirment avec certitude que Shalit est détenu à Khan Yunes depuis son enlèvement en juin par les terroristes du Fatah et du Hamas. Khan Yunes est contrôlé par les forces loyales à l’homme fort du Fatah, Mohammed Dahlan.

Si Abbas voulait vraiment que Shalit soit libéré, ses forces pourraient le libérer à tout moment. Mais Abbas ne souhaite pas libérer Shalit. Il préfère que le gouvernement du Hamas ordonne que Shalit soit transféré sous son contrôle de façon à lui permettre de marchander son échange contre des centaines de terroristes emprisonnés en Israël. La discussion entre Abbas et le Hamas porte sur celui qui aura la gloire de faire sortir des terroristes de prison. Le Hamas ne veut pas céder cette gloire, de même Abbas. De sorte que Shalit reste en captivité.

Le contrôle par Abbas des deux prises d’otages conduit à une conclusion : il fait partie du problème. Si le gouvernement voulait amener la libération de Shalit, il mettrait toute la responsabilité de sa capture et de sa captivité sur Abbas. Cela conduirait à isoler Abbas dans la tristement célèbre Muqata à Ramallah, exactement comme on y isola Yasser Arafat pendant l’opération Bouclier Défensif en 2002. Mais le gouvernement ne fait rien de cela.

Le gouvernement n’agit pas contre Abbas et le Fatah parce qu’il est idéologiquement incapable de définir Abbas ou le Fatah ou l’AP en tant qu’ennemi d’Israël. Olmert et ses collègues ont besoin de la fiction d’un Abbas, chef modéré, en contrepoids du Hamas, pour justifier leur programme politique de retrait de Judée et de Samarie, et leur politique actuelle de poursuite de la construction de la barrière de sécurité, et de retrait des communautés dispersées en avant-postes. Ces deux politiques impliquent la renonciation au contrôle sur l’extension territoriale en Judée et en Samarie.

La logique stratégique au cœur des politiques du gouvernement est qu’un territoire est un handicap, que des défenses statiques comme la barrière de sécurité, augmentées des forces aériennes et les unités de commando rendront Israël capable de défendre ses villes et ses cités contre des attaques.

Malheureusement, Tsahal partage cette logique stratégique. Ce fait a été posé clairement par le commandant de division, le Brigadier Général Guil Tzur dans ses remarques devant des officiers de réserve sur les résultats de la guerre au Liban. Selon les officiers ayant participé à cette réunion fermée, Tzur leur a dit que Tsahal était en meilleure position en n’ayant pas atteint son objectif stratégique de démantèlement du Hezbollah au Liban.

Nous avons gagné la guerre de 1967 et depuis lors nous avons payé le prix de cette victoire, dit-il. Nous avons gagné la guerre de 1982 et pendant 18 ans nous avons été obligés de rester dans le bourbier libanais, continua-t-il. C’est-à-dire, selon Tzur, qui répétait une déclaration du commandant du Quartier Général, le Major Général Yaïr Naveh, qu’il n’est pas dans l’intérêt d’Israël de conquérir et de contrôler un territoire utilisé par ses ennemis pour l’attaquer. La victoire, qui nous oblige à tenir un territoire, n’est pas, selon ce raisonnement, dans l’intérêt d’Israël.

C’était là la logique stratégique qui a guidé à la fois le gouvernement et Tsahal dans la guerre au Liban. C’était là la logique soutenue par l’Etat Major, Olmert et Peretz pour croire qu’il était possible de gagner la guerre avec la puissance aérienne et les forces spéciales seules. C’était la logique qui a motivé la décision de Tsahal de concentrer l’offensive terrestre retardée sur le territoire dense des villages le long de la frontière Nord, et de ne pas ordonner aux forces de s’emparer des étendues territoriales autour des villages en les contrôlant, tout en avançant rapidement vers la rivière Litani. C’était la logique qui a conduit Tsahal à se battre contre le Hezbollah comme si il se battait contre des cellules terroristes à Jénine.

Les réservistes de Tsahal, qui ont installé un camp devant les bureaux du Premier Ministre et exigent la démission des principaux dirigeants politiques et militaires, sont unis dans un profond sentiment de frustration. Ils partagent l’idée que les méthodes de combat au Liban étaient inadaptées à l’ennemi qu’ils affrontaient. Et ils ont raison.

La campagne de Tsahal n’a pas diminué de façon permanente les capacités du Hezbollah en tant que force combattante. Elle n’a pas arrêté les attaques de missiles sur le Nord d’Israël. Elle n’a pas ramené à la maison les otages de Tsahal Ehud Goldwasser et Eldad Regev. La campagne a échoué à obtenir ses objectifs déclarés parce qu’elle manquait d’une stratégie directrice concernant le contrôle du territoire. Olmert, Peretz et Halutz ont fondé l’effort de guerre sur l’idée que Israël ne doit pas contrôler le territoire. Ainsi, ils ont adopté la notion qu’il serait possible de détruire le Hezbollah par les airs. Quand ce concept s’est révélé faux, il a été remplacé par l’idée que les forces spéciales augmentées par de petits effectifs de forces de combat régulières pourraient nettoyer les villages le long de la frontière et ainsi donner un puissant coup au Hezbollah. Quand ce concept s’est révélé faux à Maroun Aras et Bint Jbeil, il a d’abord été remplacé par la paralysie et puis par une dépression intellectuelle.

La dépression a conduit à la décision retardée d’envoyer trois divisions. C’était la bonne décision mais plutôt que de laisser les troupes avancer comme une force massive et ainsi déborder les positions du Hezbollah et prendre le contrôle des hauteurs environnant les villages avant d’être envoyées pour nettoyer les bunkers, les forces massées ont été déployées comme si c’étaient une petite force.

Les hommes étaient concentrés dans des zones denses des villages et non pas déployés le long des hauteurs environnantes. Leur forte concentration en fit des cibles faciles pour les missiles anti-tanks du Hezbollah. La manière dont les troupes furent déployées convenait parfaitement aux avantages comparatifs du Hezbollah tout en n’apportant à Tsahal ni son avantage d’effet de masse, ni son avantage de puissance de feu.

Comme cela devint clair après les premiers jours d’engagement, le Hezbollah ne menait ni une guerre offensive, ni une guerre défensive. Il n’attaquait pas les formations de Tsahal et il ne défendait pas ses postes de bataille. Sa doctrine est simple : répandre le sang des civils israéliens et des forces de Tsahal pour briser la volonté d’Israël et l’humilier.

Son succès dans l’atteinte de son objectif s’est manifesté par la décision du gouvernement de solliciter un cessez-le-feu. La résolution 1701 du Conseil de Sécurité de l’ONU n’a pas seulement annulé tout avantage tactique que Tsahal avait emporté, mais il a ouvert la voie au réarmement du Hezbollah, et au déploiement de la FINUL, force qui agira non pas pour démanteler le Hezbollah, mais pour empêcher Israël d’entreprendre toute nouvelle mesure pour gagner cette guerre de façon décisive. Pourtant, toujours cramponnés à l’idée que le territoire est mauvais, ni l’Etat Major, qui insiste pour proclamer la victoire d’Israël, ni le gouvernement, qui supplie des gouvernements anti-israéliens en Europe d’envoyer leurs forces au Liban, ne sont capables de comprendre ce qui vient de se passer.

Cela nous ramène à l’exigence de la formation d’une commission d’enquête judiciaire. Il n’y a pas de doute sur la nécessité de conduire un sérieux examen de la guerre au Liban et à Gaza. Mais en aucune manière un tel examen ne peut être accompli par un juge de la Cour Suprême. Il y a deux raisons principales à cela. D’abord, une commission officielle est un organisme légal est ses procédures sont des procédures légales. Mais la question de savoir pourquoi Israël a échoué à atteindre tous ses objectifs de guerre n’est pas une question légale. C’est une question politique et d’opérations militaires. Les juges ne sont pas plus qualifiés que le citoyen moyen pour enquêter sur ces questions.

Ensuite, et de façon plus importante, depuis quinze ans, la Cour Suprême a conduit l’offensive contre la notion que Israël devrait soit identifier ses ennemis, soit les vaincre. Depuis 15 ans, la Cour Suprême a restreint la liberté tactique de Tsahal au Liban, en Judée, en Samarie et à Gaza. Elle s’est insérée dans la programmation militaire et les initiatives politiques d’une manière qui a amoindri la capacité de Tsahal de protéger convenablement les citoyens israéliens et le territoire contre l’agression, en mettant hors la loi des tactiques qui contredisent les sensibilités libérales multiculturelles et post-nationalistes des juges. En effet, ce sont justement ces sensibilités, et la peur de l’intervention de la Cour Suprême qui ont lié les mains de gouvernements successifs, et des Etats-Majors dans leurs tentatives de faire face aux menaces non conventionnelles croissantes à l’encontre d’Israël, émanant du Hezbollah et de groupes terroristes palestiniens.

De tout cela il ressort à l’évidence qu’aussi bien l’exigence de la démission d’Olmert, de Peretz et Halutz d’une part, et l’exigence d’une enquête en responsabilité soit faite sur les fautes qui ont conduit Israël à sa défaite stratégique au Liban, sont nécessaires. Il est aussi clair que la seule manière pour que les leçons adéquates soient tirées est que les directions politique et militaire actuelles soient remplacées par d’autres dirigeants capables de comprendre la nature des menaces qui nous entourent. Pour atteindre ces deux objectifs, la seule commission d’enquête qui doive être mise en place est l’interrogation des citoyens de l’Etat qui se produit dans des élections générales.

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