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Relever la souveraineté davidique
Shmuel Trigano
Article mis en ligne le 30 décembre 2016

Nous vivons un moment d’une grande intensité de sens, je dirais même un moment « prophétique ».
Après le vote en standing ovation du Conseil de sécurité, vient le tour de la conférence que la France réunit à Paris, le 15 janvier. Du concert de toutes les nations ( ce que représente le Conseil de sécurité) aux 70 Etats réunis à Paris, le message est clair : d’un côté les nations, de l’autre Israël. C’est un événement à la fois politique et symbolique majeur et je ne sache pas qu’il ait un précédent, une telle réunion globale où l’on décide du sort des Juifs, si ce n’est la Conférence de Wansee où se décida la solution finale et son rachat : le vote de l’ONU en 1948.

La perversion du langage et le mensonge institué de toutes parts dont nous sommes les témoins à notre époque rappellent d’ailleurs clairement les époques nazies et staliniennes. Et quel chiffre symbolique que ces 70 Etats, dans sa résonnance judaïque, car, au regard de la tradition juive, l’humanité est composée de 70 nations, plus une, hors décompte, Israël...

Quel crime abominable Israël aurait-il commis ? Quelle urgence aurait-elle motivé cette démarche de la part de ceux qui viennent de montrer leur passivité devant le massacre syrien et qui, eux mêmes, enfreignent chaque matin les conventions qu’ils prétendent honorer ? Le bouc émissaire de leur impéritie n’est pas loin. L’accusation qu’ils portent contre Israël est mensongère, du début à la fin. La Judée-Samarie n’a jamais été juridiquement un territoire « palestinien ». Ni humainement car Il n’a jamais existé dans l’histoire d’entité palestinienne. Les lignes de 1967 n’ont jamais été des frontières (du fait des Arabes eux mêmes). Les traités internationaux infirment toutes les allégations dans ce sens. L’Autorité palestinienne est une entité malfaisante et corrompue, qui n’a existé que par le bon vouloir d’Israël, au sortir d’une guerre dans laquelle il était promis à l’extermination et au terme des catastrophiques accords d’Oslo. Elle n’a jamais caché son projet de détruire l’Etat juif, même si elle devenait un Etat.

Les Palestiniens ne sont en fait au centre de l’intérêt des nations conjurées que parce qu’ils jouent le rôle de substitut imaginé du peuple d’Israël, destinés à occuper sa place en vertu d’une mystique héritée de 20 siècles d’antijudaïsme. C’est le coup paulinien du « nouvel Israël » qui est rejoué ici. C’est le début d’une guerre de religion contre Israël.

Quelque chose de très sombre et d’archaïque sur le plan psychique se joue ici qui donne à voir que les nations assemblées, si elles sont prêtes à tolérer un Israël victimaire, rescapé de la Shoah, sur le cadavre duquel elles pourront exercer leur repentance narcissique, elles refusent qu’un Israël souverain et installé dans son identité historique de 30 siècles de continuité s’y lève. La résurgence du peuple juif éternel, am olam, dans son cadre biblique ébranle les identités de l’Orient et de l’Occident. C’est ce qu’à dévoilé clairement le précédent vote honteux de l’UNESCO : Israël ne « doit » pas s’habiller des habits de l’Israël historique : il n’est chez lui nulle part sur la terre, en Eretz Israël, si ce n’est dans le camp de réfugiés que l’Occident est prêt à lui reconnaître, dans la condition du dhimmi. C’est ce qu’avait très clairement annoncé De Gaulle dans son discours de 1967. Je crois avoir expliqué celà dans mon livre Les Frontières d’Auschwitz.

Ce n’est donc pas seulement l’historicité et la souveraineté que les nations assemblées dénient à Israël. C’est jusqu’à son existence d’Etat souverain sans mention de judéïté car imposer un troisième Etat (dans la Palestine mandataire qui comprenait la Jordanie), dans un territoire aussi exigu, un Etat de surcroît ennemi et irrédentiste, maniant la guerre de religions chaque matin, et alors même que l’Etat arabe s’est effondré de toutes parts, ouvrant la voie à une guerre de religion atroce, c’est condamner l’Etat d’Israël à une adversité permanente que peut-être la maganimité de l’Occident viendra sauver une minute avant la mort, comme l’avait promis De Gaulle. Compassion perverse !

Dans un tel paysage, c’est la souveraineté davidique qui doit se relever dans le peuple juif, pas la lamentation ni la justification. C’est ce que demande la configuration typiquement biblique dans laquelle nous nous retrouvons.

Pour les Juifs français c’est un terrible coup que l’Etat leur assène. L’identité juive qui était née au lendemain de Vichy, qui s’était relevée au lendemain de l’abandon de l’Algérie, cette identité qui avait retrouvé sa place en France, en assumant les conséquences de l’exclusion à laquelle Vichy l’avait vouée et qui l’avait compensée dans une identification symbolique et idéologique à la résurgence de l’Etat juif, cette identité est bien close.

Vous savez où est son avenir !


  • Chronique sur Radio J du vendredi 30 décembre 2016.


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