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Chronique de Michaël Bar-Zvi |Tet Vav Kislev 5777 - 15 décembre 2016
Article mis en ligne le 15 décembre 2016

Boker tov amis auditeurs de Radio J. Alors que l’administration Trump se met progressivement en place, avec son lot de surprises et d’inconnus, la situation sur le théâtre de guerre syro-irakien se complique. Tandis que l’attention médiatique en Europe se concentre sur les combats dans la ville d’Alep, sur les autres fronts la bataille est loin d’être terminée. Contrairement à ce que l’on annonçait il y a quelques semaines, la ville de Mossoul est restée aux mains des djihadistes, qui, avec une force comprenant moins de 10.000 hommes, résistent à l’offensive de 70.000 soldats irakiens, soutenus par les Etats-Unis.

L’organisation Daesh a repris la ville de Palmyre et une base russe sur la route de Homs. Obama fait profil encore plus bas que d’habitude, tandis que la France a renvoyé son porte-avions Charles De Gaulle vers sa base de Toulon. Poutine, malgré son soutien au régime de Bachar el Assad, reste prudent et s’efforce de coordonner son action avec l’Iran et la Turquie. L’équilibre entre les puissances impliquées derrière les combattants sur le terrain est fragile et les intérêts contradictoires.

La guerre contre Daech ne peut pas être gagnée sans les forces kurdes, mais celles-ci représentent une menace pour le pouvoir d’Erdogan, en proie avec une vague terroriste sans précédent, dont l’origine est attribuée au PKK, le parti kurde turc.

En Syrie l’armée d’Assad est exsangue et elle s’est appuyée depuis plus de trois ans sur les forces terroristes du Hezbollah, mais cette relation n’est pas du tout du goût de Moscou qui considère cette organisation comme un des piliers de l’islam intégriste, au sein du monde chiite.

La nomination du nouveau Secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson est clairement un message envoyé au Kremlin et à Téhéran, car ses premières consultations avec le ministre de la Défense Michael Flynn ont été consacrées au dossier nucléaire iranien et à l’implication de Téhéran dans les conflits au Proche-Orient. Sa bonne connaissance de la Russie et de Poutine ne signifie pas qu’il va se plier aux volontés du Kremlin, mais qu’un dialogue politique et stratégique va prendre la place des allégations moralisatrices d’Obama.

On ne peut que s’en féliciter, car malheureusement la politique d’Obama n’était prise au sérieux par personne au Proche-Orient depuis plusieurs années. Il ne s’agit pas d’établir une alliance avec la Russie ou de donner à Poutine et à Assad des certificats de bonne conduite, mais de désigner l’ennemi commun qui est le djihadisme, représenté par Daech, ainsi qu’une grande partie des rebelles qui combattent le régime syrien actuel.

Ce conflit sera probablement réglé, dans un avenir plus ou moins proche, de manière progressive, par la division de la Syrie en Etat cantonal ou fédéral, de manière à limiter les conflits ethniques et communautaires à l’avenir. La diabolisation de Poutine et d’Assad ne mène à rien en l’état actuel, surtout après la révélation de la faiblesse endémique de l’Europe et la reculade pitoyable d’Obama il y a trois ans.

La solution à cette guerre passe par la recherche de partenaires fiables dans le monde musulman, aussi bien chiite, alaouite que sunnite et le dialogue entre Moscou et Washington peut permettre de réguler la situation, car si les deux puissances trouvent un accord raisonnable celui-ci empêchera la surenchère des Etats comme la Turquie ou l’Iran et des groupuscules de la région, comme le Hezbollah, qui essaient d’utiliser la guerre pour renforcer leur position sur l’échiquier géopolitique du Proche-Orient. Ne pas dialoguer avec la Russie est suicidaire, et risque de nous précipiter dans le ravin profond des bons sentiments.



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