Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

Du « statut des Juifs » au statut de de l’état d’Israël
Shmuel Trigano
Article mis en ligne le 3 juin 2016

Nous vivons une étrange époque sous la dominance d’une nouvelle idéologie que j’ai identifiée dans un de mes livres comme le « postmodernisme ». Son premier effet est de travestir la réalité objective. Le cas le plus spectaculaire et le plus récent est sans nul doute le récit qui accompagne ce que les médias appellent « la vague migratoire ». En d’autres temps, cet événement aurait été défini comme une invasion - ce qui est bien le cas quand des millions de gens que vous n’avez pas invités forcent vos frontières avec violence. Dans le récit postmoderniste, il n’y a pas là d’événement politique ni sécuritaire mais un drame « humanitaire » et ses acteurs sont des « victimes » (sous entendez que ceux qui n’acceptent pas cette version sont des « bourreaux »).

Nous avons expérimenté l’ampleur d’une semblable opération de falsification de la réalité, tout au long de ces 15 dernières années avec le discours palestiniste qui transforma très explicitement les victimes objectives en meurtriers putatifs, condamnés à la réprobation universelle (cf., en France, la politique de langage de l’AFP).

La conférence qui va se tenir à Paris sous l’égide de la France est une sorte de remake du Statut des juifs de Vichy, de sinistre mémoire. Il ne s’applique pas, cette fois-ci, à des individus ,citoyens parmi d’autres, mais à un peuple tout entier, celui-là même que la France vichyste et le nazisme ont d’abord mis au banc de la société, du droit, de l’humanité pour le vouer ensuite à la destruction.

Cette opération de mise au banc d’Israël se fait, là aussi, dans le langage postmoderniste sous le signe de « la paix », un acte moral, juridique, consensuel, pacifique, au bénéfice d’un « peuple (bien évidemment) martyr », les Palestiniens, fantômes européens des Juifs rescapés des camps de la mort , et contre un Israël (bien évidemment) « fasciste ». La « France des droits de l’homme » socialiste dans toute sa suffisance ! Hier, elle se précipitait à Téhéran pour des contrats juteux, accueillait le dictateur de Cuba et décorait son client d’armes, l’Arabie Saoudite...

Trente pays, les grandes puissances sont convoqués à ce tribunal inique. Les Palestiniens dictent en sous-main à la France les conditions d’un jugement déjà prononcé. Le principal intéressé, l’Etat juif, n’est pas invité. Les clauses de ce nouveau Canossa lui seront imposées. Ultérieurement, par le Conseil de sécurité, après le dernier coup bas d’Obama, avant son départ. Elles engagent Israël dans une impasse qui pourrait être l’antichambre de sa destruction.

Car les clauses de ce deal sont suicidaires pour Israël et profitent à des organisations palestiniennes irrédentistes, suprématistes et intégristes qui démontrent chaque jour qu’elles n’ont aucune volonté de paix ni de reconnaissance.

Que vise la France sinon mettre Israël au ban des Nations Unies et de la supposée « communauté internationale » ? Le soumettre à des sanctions, au boycott, l’étrangler pour le mener à résipiscence (en d’autres termes renoncer à sa souveraineté) s’il ne se soumet à ce directoire du mensonge. Après que l’Iran impérialiste et réprouvé ait été adoubé par ces mêmes puissances, Israël occupera-t-il la place de la réprobation ? C’était donc celà les termes de l’échange ?

Cet état de faits n’est pas sans retentir sur la condition des Juifs de France. Il y a en effet dans le nouvel antisémitisme, le bien nommé islamo-gauchisme, une imbrication du national et de l’international qui fait que l’enjeu intérieur français (l’électorat musulman et le statut de l’islam) se joue dans la politique internationale de la France et vice versa (la « politique arabe » de la France et la condition juive en France).

Un tel développement ne peut avoir pour effet que l’aggravation de la chute de prestige des Juifs français et l’affaiblissement de leur légitimité. La question se pose d’ailleurs pour eux mêmes : après Vichy ils ne sont revenus dans la citoyenneté française - dont ils avaient été dépouilllés en masse - que parce que désormais le destin collectif des Juifs que la France vichyste avait ciblé pouvait être assumé légitimement. Ce n’est plus le cas. Si ce n’est sous tutelle... Comme un ghetto.


  • Tribune sur Radio J, le 3 juin 2016.


Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH