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Après l’accalmie, le lynchage reprend
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 21 juillet 2006

Si jusqu’à présent, un certain équilibre entre les deux parties au conflit était respecté dans les médias français et aux Nations Unies, il ne semble plus en être de même, à l’heure actuelle.

La preuve en est la présentation des événements dans Le Figaro et Le Monde , datés du 21 juillet.

Dans le quotidien du matin, deux pamphlets dus à des universitaires plus enclins à la polémique qu’à la rigueur scientifique écrasent, par leur parti pris, le Bloc-notes, équilibré comme à l’accoutumée, d’Ivan Rioufol.

Nous ne nous en tiendrons qu’aux titres « ravageurs » : « L’éclatement du Liban, une stratégie délibérée » et « Au-delà de Gaza, au-delà de Beyrouth, les vrais objectifs d’Israël ».

Quant au quotidien du soir, le titre de la Une « L’offensive d’Israël ravage le Liban » ne reflète nullement les reportages entendus, ce matin, sur les ondes de RTL.

Certes, le nombre des victimes augmente de part et d’autre, mais il s’avère que malgré sa puissance de frappe, Israël s’efforce de limiter les dégâts collatéraux et qu’heureusement le Liban n’est pas tout entier à feu et à sang, Tsahal délimitant les secteurs où elle fait porter ses attaques.

D’ailleurs, l’envoyé spécial du Figaro relève sous le titre « Beyrouth, ses quartiers en guerre et ses quartiers en paix », que si « la banlieue chiite d’Hareit Hreik, fief du Hezbollah, a été détruite ailleurs, au centre-ville notamment, la circulation a repris et les commerces rouvrent ».

Nous avons, à ce sujet, entendu, à la radio, un reporter évoquer la « précision chirurgicale » de l’aviation israélienne, qui, par exemple, a détruit a lampe du phare du port de Beyrouth, en laissant intacte son infrastructure.....

Mais, Le Monde, pour asa part, pourfend toujours le grand Satan : « Un règlement diplomatique entravé par le soutien américain à Israël ». et il a trouvé un député de la majorité pour déplorer que la France soit « à la remorque » des Etats-Unis.

Ne voulant pas être en reste avec son concurrent du matin, le quotidien du soir donne, à nouveau, la parole, à un ancien conseiller du Président Clinton, Robert Malley, qui, bien évidemment, donne tort à la diplomatie actuelle de son pays, prônant « un changement de politique des Etats-Unis notamment vis-à-vis du Hezbollah et du Hamas ».

Quelle meilleure stratégie que de négocier avec des assassins !

Et, encore, les deux grands quotidiens français n’avaient pas eu le temps de faire place à la déclaration, faite, jeudi soir, par la Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies, Louise Arbour, qui n’hésitait pas à rappeler « la responsabilité pénale des personnes impliquées dans le conflit ».

A priori, on aurait pu penser que cette formule visait les preneurs d’otages et lanceurs de roquettes et autres missiles du Hamas et du Hezbollah, comme les chefs de bandes ougandais et somaliens, actuellement visés par des enquêtes du procureur général de la Cour pénale internationale.

Mais, il n’en est rien, à en juger, par le contenu de cette déclaration que nous nous permettons de citer, dans sa quasi-intégralité, en reprenant une information diffusée par les Nations Unies.

Face à l’offensive israélienne au Liban et à Gaza et aux tirs de roquettes contre Israël, la Haut Commissaire aux droits de l’homme, a, « rappelé aujourd’hui que le nombre de morts parmi la population civile et leur caractère prévisible pourrait engager la responsabilité pénale des personnes impliquées, en particulier de celles aux postes de commande.

« Les parties à un conflit ont l’obligation de faire preuve de précaution et de respecter le principe de proportionnalité dans toutes les opérations militaires ».

« Les pilonnages indiscriminés visant des villes représentent de façon prévisible et inacceptable la prise pour cible de civils  », a affirmé Louise Arbour. De même, a-t-elle ajouté, « le bombardement de sites présumés militaires mais causant invariablement des morts parmi la population civile est injustifiable ».

« Le droit international est clair quant à l’obligation suprême de protéger les civils au cours des hostilités  », a rappelé la Haut-Commissaire. « Cette obligation est aussi exprimée dans le droit pénal international qui définit les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité  », a-t-elle précisé.

Rappelant le principe de responsabilité, Louise Arbour a indiqué que « le nombre de morts dans la région et leur caractère prévisible pourrait engager la responsabilité pénale personnelle des personnes impliquées, en particulier de celles aux postes de commande et de contrôle ».

On se demande pourquoi Louise Arbour a évoqué, au début de sa déclaration, les « tirs de roquettes contre Israël », alors que ses accusations et ses menaces de poursuites pénales sont pratiquement dirigées contre les seuls responsables civils et militaires israéliens, puisque sa réaction est justifiée par le nombre de morts « prévisible » (sic).

Même Kofi Annan semble se départir de sa position initiale, relativement mesurée, puisqu’en présentant, le même jour, un « plan pour sortir de la crise au Moyen-Orient » (que nous commenterons au vu du sort que lui réservera le Conseil de sécurité), il n’évoque même pas l’enlèvement du soldat israélien par le Hamas.

En revanche, évoquant la « situation à Gaza où plus de 100 Palestiniens ont été tués le mois dernier, dont de nombreux civils et d’où des roquettes continuent d’être tirés vers Israël » (autrement dit le Secrétaire général comptabilise, indistinctement, civils innocents, victimes collatérales et sans doute des « activistes » ou des « militants armés, il relève « heureusement sans faire de victimes le mois dernier ».

C’est tout juste si Kofi Annan ne félicite pas les tireurs islamistes de la précision de leur tir, alors que précisément c’est l’imprécision voulue des tirs palestiniens, qui ont, par le passé, causé des morts israéliens.

Car c’est là toute la différence entre la stratégie des terroristes du Hezbollah et du Hamas et celle de Tsahal.

Les uns cherchent à tuer, mais n’y arrivent, heureusement, pas toujours, alors qu’au contraire, Tsahal s’efforce, elle, de viser seulement les responsables et n’y arrive pas toujours, du fait précisément de sa puissance feu.



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