Depuis plusieurs semaines la classe politique israélienne, les représentants élus du peuple à la Knesset, juges, magistrats, publicistes – et il faut bien le dire tout un chacun s’entre-déchirent sur une question capitale. Peut-on déchoir un député de sa qualité de député ? Peut-on rejeter un membre de la Knesset dûment élu ?
La presse étrangère prend un vif intérêt à ce débat ; plus exactement elle prend position et s’élève contre ceux qui en Israël veulent porter atteinte aux fondements même de la démocratie. De quoi s’agit-il au juste ? Trois députés de la liste arabe unifiée se sont rendus dans les territoires de l’Autorité palestinienne pour rencontrer les parents de terroristes tués alors qu’ils venaient de commettre un attentat contre des civils ou des militaires israéliens. Ils ont ensuite, en compagnie de ces parents, observé une minute de silence à la mémoire de ces terroristes qu’ils ont, avec les parents, qualifiés de martyrs.
Le débat n’est toujours pas clos et quelle qu’en soit l’issue, tous conviennent que même si une loi venait à être présentée à la Knesset elle devrait obtenir les suffrages de 90 des 120 députés de cette illustre assemblée – soit les trois quarts - et qu’en tout état de cause elle ne saurait être rétroactive et s’appliquer aux députés concernés.
Pendant ce temps, en Egypte, les représentants élus du peuple ont été appelés à se pencher sur le même problème. A la question de savoir s’il était possible de déchoir un élu du mandat conféré par le peuple, ils ont répondu sans hésitation oui. Quel était donc le crime commis par ce député ? Tout simplement il s’était permis d’inviter à dîner chez lui l’ambassadeur d’Israël, un ambassadeur dûment accrédité auprès du gouvernement égyptien ; un ambassadeur ayant présenté ses lettres de créance au président de la république ; un ambassadeur régulièrement reçu par les plus hautes instances du pays. Un ambassadeur enfin qui représente un pays en paix avec l’Egypte depuis 37 ans. Où donc est le mal ? Pourtant il n’a pas été nécessaire de recueillir le vote de trois quarts des membres de l’assemblée : il a suffi de la majorité des deux tiers pour rejeter hors de son sein un de ses membres.
Curieusement, peu de voix se sont élevées en Israël ou dans le monde pour condamner cette atteinte aux grands principes de la démocratie. Bien au contraire, on reproche à l’ambassadeur de s’être prêté complaisamment à une « provocation » ; pire, ayant accepté l’invitation – faite, rappelons -le, en direct à la télévision, il en a fait état sur les réseaux sociaux !
On n’a surtout pas entendu les réactions des députés arabes, qui avaient pris fait et cause pour leurs trois collègues et avaient condamné avec véhémence toute tentative d’entraver la liberté d’expression.
Il ne s’agit pas ici de mettre sur le même plan deux ’incidents" qui n’ont rien de commun, mais qui mettent en lumière le double langage et l’hypocrisie qui caractérisent trop souvent tout ce qui touche au Moyen Orient…où la démocratie est à géographie variable.
Jérusalem Post Edition Française mardi 8 mars