Quand Georges Brandstatter avait une dizaine d’années dans sa Belgique natale, il entendait les anciens combattants de son entourage raconter leurs faits de guerre. Personne ne faisait attention à lui. D’autant moins qu’ils pensaient que le gamin qu’il était ne comprenait rien à leurs récits car ils s’exprimaient en yiddish. « En réalité, je comprenais. À 10 ans, on apprend très vite une langue, mais eux ne s’en doutaient pas. » Sinon ils se seraient tus. « Les combattants juifs de la Seconde Guerre mondiale ne racontaient jamais leurs campagnes. Entre eux oui, mais jamais aux autres. Ils ne voulaient même pas que leurs enfants sachent. Quand la guerre s’est terminée et que tout le monde a appris la réalité des camps et l’ampleur de l’horreur, ils se sont tus.
Les soldats juifs ne voulaient pas raconter
Catherine Frey
Article mis en ligne le 9 mars 2016